Le guide « Marie à Paris » est un pèlerinage parisien où le visiteur, amateur de culture, se voit proposer des visites d’églises, des méditations et des prières. Le mystère de Marie c’est « l’éternel féminin » doté d’une grâce unique. « Marie à Paris » est la suite logique de « l’Evangile selon saint Métro » paru chez le même éditeur, Via Romana. Il s’agit d’une sorte de jeu de l’oie culturel et religieux qui nous fait passer de l’admiration d’une statue à la contemplation d’une peinture ou à la méditation de la biographie d’un saint.
Mais si « l’Evangile selon saint Métro » racontait les plus de trois cents saints parisiens, « Marie à Paris » est consacrée à la plus grande d’entre eux : la Sainte Vierge. Marie est épouse parfaite, mère parfaite et reine parfaite. Mère parfaite, nul n’en doute et c’est sous cet aspect qu’on lui rend habituellement un culte. Notre mère du ciel veille sur ses enfants et les réunit dans son giron. Mater dolorosa dont le cœur a été transpercé de glaives, comme le visiteur s’en persuade en admirant la statue de Germain Pilon à l’église Saint-Paul-du-Marais. Mais Marie est aussi une femme belle et séduisante. Etoile du matin, Vigne fleurie, Vase d’élection, disaient les Juifs qui ont cherché en vain à épuiser tous les superlatifs pour témoigner de leur admiration éperdue. Cette beauté physique, qu’ont attestée les tourtereaux de Fatima ou Bernadette Soubirou, est loin d’être anecdotique. Elle est la signature de son Créateur en même temps que la preuve de son Immaculée Conception. La Vierge, sans péché originel, ne peut ni vieillir ni mourir. Enfin Marie est une reine. Singulière reine qui accouche dans les étables et se pare de sa pauvreté mais reine quand même et pas seulement au ciel. N’est-elle pas de la lignée de David ? L’apparition à Juan Diego de Guadalupe montre une jeune femme enceinte qui effectue sa demande avec une délicatesse affectueuse mais aussi avec la fermeté d’une souveraine qui donne des ordres. La magnifique peinture de Van Dyck, qui figure sur la couverture de l’ouvrage, illustre parfaitement ces deux derniers aspects. Le bienheureux Hermann agenouillé comme un paladin devant sa dame – Notre Dame- semble mendier un regard, tandis que l’ange le maintient avec autorité dans une attitude de respect. Le visage de Marie est splendide, doux, tendre et beau en même temps. Son voile glisse doucement sur ses épaules en dénudant sa chevelure.
Le pied qui écrasera la tête du serpent dépasse de sa robe et sa main aux doigts fuselés dépose dans la main de son admirateur une grâce ou un anneau. Nous nous « damnerions pour elle » mais il ne s’agit pas de se damner ; au contraire, les mains de Marie sont pleines de grâces et son seul regret est de ne pouvoir en disperser davantage sur nos têtes.
Marie à Paris, Philippe Bornet, Via Romana, 168 pages, 17 euros.