Dimanche 20 janvier, c’est la Marche pour la Vie. Pour l’édition 2019, la Marche a choisi de mettre en avant la défense de la clause de conscience, durement attaquée ces derniers mois, depuis les déclarations du docteur Rochambeau affirmant que l’avortement était un homicide et qu’un médecin n’était pas tenu d’y participer. Adélaïde Pouchol, porte-parole de la Marche pour la vie, est interrogée par Anne Isabeth dans Présent. Extrait :
Pourquoi avoir choisi la clause de conscience plutôt que la PMA ou la GPA par exemple ?
Le combat contre l’avortement et le respect de toute vie reste évidemment le cœur de la marche pour la vie, mais cela englobe de nombreuses problématiques. Nous avons décidé de prendre ce thème cette année pour une raison simple, qui est celle de l’actualité. Une proposition de loi a été déposée à la suite des déclarations faites par le docteur Rochambeau pour limiter, voire supprimer cette clause de conscience. D’après ce qu’en disait Agnès Buzyn, la clause de conscience laisserait entendre aux femmes que leur corps appartient au corps médical. Ce qui est faux. Inversement, la suppression de la clause de conscience sous-entendrait donc que la conscience des médecins est soumise à la volonté des femmes ? C’est pourquoi il est très important que la liberté de conscience du personnel médical soit respectée. Si la clause de conscience est supprimée, qui seront les prochains à être considérés comme des sous-hommes, car c’est bien de cela qu’il s’agit ?
Est-il prévu qu’il y ait des témoignages de soignants, justement, pendant cette marche ?
Le Collectif « Nos mains ne tueront pas » sera présent. Il témoigne de ce que vivent les soignants dans leur travail. Nous recueillons également le témoignage de membres du personnel médical afin de leur donner la parole : des médecins, mais aussi des infirmières, des sages-femmes ou encore des aides-soignantes qui accompagnent les médecins pendant la réalisation des avortements. Pendant des années, certains ont eu pour travail de ramasser les « déchets » des avortements. Il faut leur donner la parole. Il n’y a rien de pire pour quelqu’un qui souffre que de s’entendre dire que sa souffrance n’existe pas. Cela fait des années que les femmes souffrant d’avoir avorté sont réduites au silence, il en va de même pour la souffrance des professionnels de santé qui n’est pas reconnue aujourd’hui.
Témoignent-ils facilement ? Il y a souvent une réticence à parler, par peur des représailles de la part de la direction et des collègues. Il n’est pas bien vu de se dire opposé à l’avortement aujourd’hui ?
J’ai le sentiment que la parole se libère peu à peu. Il faut dire qu’il y a un effet boule de neige : plus les personnes parlent, plus d’autres osent parler. A titre personnel, comme professionnel ou en tant que porte-parole, j’ai pu recueillir des témoignages de membres de personnel médical bouleversants mais qui n’osent pas encore témoigner en leur nom. Même avec la clause de conscience telle qu’elle existe aujourd’hui, les soignants ne sont pas suffisamment protégés. Tant qu’il n’y aura pas un vrai respect de la clause de conscience, ils ne pourront pas dire à visage ouvert – ou difficilement – ce qu’ils vivent. […]
DUPORT
Quelle horreur cela doit être d’aller ramasser des petits corps comme si c’était des déchets.
J’imagine que cela doit vous hanter.