Comme dans l'affaire de l’empoisonnement de l'ex-agent double russe, personne ne doute donc des versions officielles ni se demande à qui profite le crime ? A la veille de probables frappes contre la Syrie, voici des extraits de la tribune de Caroline Galactéros pour le Figaro :
La messe semble dite et une atmosphère de veillée d'armes plane sur Paris, tandis que le jeune prince d'Arabie Saoudite quitte la capitale et que notre président est en étroit dialogue avec son homologue américain. La France pourrait, en coordination avec Washington, frapper de manière imminente les forces du régime syrien en représailles d'une nouvelle attaque chimique imputée de manière «très probable» mais en amont de toute enquête, aux forces de l'abominable tyran Assad soutenu par les non moins affreux régimes russe et iranien (…) Pendant ce temps, la guerre silencieuse du Yémen continue. Ces civils-là n'existent pas, ne comptent pas (…)
Mais agir contre qui ? Qui faut-il punir ? Le régime de «l'animal Assad», comme l'a appelé Trump? L'Iran? La Russie? Vraiment? Et si ce trio noir que l'on désigne exclusivement depuis des mois à la vindicte populaire internationale n'était qu'un leurre, proposé à notre indignation sélective pour ne pas réfléchir à nos propres incohérences?
Personne ne se demande pourquoi cette nouvelle attaque chimique arrive maintenant, au moment même où la Ghouta orientale repasse sous contrôle gouvernemental syrien et parachève sa reconquête territoriale, face à des groupuscules rebelles rivaux globalement en déroute et plus que jamais prêts à se vendre au plus offrant pour survivre et espérer compter ? Personne ne s'autorise à douter un instant, quand le ministre russe des affaires étrangères rapporte que les observateurs du Croissant rouge syrien envoyés sur place n'ont rien vu ressemblant à une attaque ? Serguei Lavrov ment-il carrément au Conseil de Sécurité des Nations unies ou bien faut-il penser que Moscou ne contrôle pas tout ce qui se fait au plan militaire sur le théâtre ? Ou que des éléments de l'armée syrienne elle-même agiraient en électrons libres ou auraient été «retournés»? À qui profite le crime? C'est cette vieille question, mais toujours pertinente, qui paraît désormais indécente.
Quel serait pourtant l'intérêt de la Russie de laisser perpétrer une telle attaque, alors que, ne nous en déplaise, bien davantage que notre «Coalition internationale», elle cherche la paix, l'organise pragmatiquement, et est la seule depuis sept ans à engranger quelques résultats qui évidemment contreviennent à nos intérêts et à ceux de nos alliés régionaux?
On semble aussi avoir totalement oublié une donnée fondamentale du conflit: les malheureux civils de la Ghouta, comme ceux des ultimes portions du territoire syrien encore aux mains des «rebelles» djihadistes ou de Daech, sont des boucliers humains, peut-être même, en l'espèce, sacrifiés par ces mêmes apprentis démocrates suppôts d'al-Qaïda et consorts pour entraîner l'Occident dans une guerre ouverte avec Moscou et Téhéran (…)
La ficelle est si grosse et la pelote si bien déroulée depuis des mois qu'on ne la voit plus en effet. On punit la Russie. On la punit d'être la Russie, déjà, et d'avoir réussi son retour sur la scène mondiale. On la punit de vouloir la paix en Syrie et de chercher à la mettre en musique politiquement à Astana ou à Sotchi. On la punit d'avoir sauvé Damas et son régime diabolisé du dépècement qu'on leur promettait et qui s'est fracassé sur la résilience populaire et gouvernementale syrienne et a déjoué partiellement au moins la confessionnalisation des affrontements politiques et sociaux que l'Occident encourage, sans en comprendre le danger insigne pour ses propres sociétés, et notamment en Europe.
La guerre en Syrie a été gagnée militairement par l'armée gouvernementale. Militairement, mais pas politiquement. Cette victoire sur le terrain au prix d'une guerre brutale (comme toutes les guerres, même celles menées depuis les airs et qui n'ont de chirurgicales que le nom), nous est proprement insupportable car cela nous force à faire la paix, ce que nul ne veut mis à part… Moscou. Ah, Moscou! L'impudent Vladimir Poutine trop bien réélu qui nous nargue avec sa coupe du monde, où des millions de gens vont découvrir un visage de la Russie qui ne les terrifiera pas (…)
Bref, nous sommes en train de tomber dans un vaste piège qui se joue sur plusieurs fronts, et de nous ruer, en croyant ainsi exister, sur le premier os qu'on nous jette. De ce point de vue, l'affaire Skripal pourrait bien n'avoir été que le hors-d'œuvre de la séquence actuelle. Elle a posé le premier étage d'une repolarisation politique et sécuritaire de l'Europe autour de Londres, et surtout sous la bannière de l'OTAN (…)
Le Secrétaire américain à la défense, le général Mattis, a d'ailleurs été très clair : les Européens doivent en effet consacrer 2 % de leur PIB à la défense, mais pour acheter des armes américaines et demeurer dans l'orbite otanienne évidemment, l'Alliance constituant le cadre naturel et nécessaire de la défense de l'Europe. Fermez le ban!
Nous sommes donc en train d'être clairement repris en main par l'OTAN, mais on ne s'en rend pas compte car on nous vend la nécessité d'une solidarité sans failles, donc manichéenne, face à une «offensive russe» pour diviser l'Europe (…) C'était probablement l'objet de l'affaire Skripal comme de la présente montée au front sur la Syrie (…) Moscou est poussé à se crisper donc à s'isoler par tous les moyens. Par les sanctions, par les vrais faux empoisonnements d'espions en plein Londres et jusqu'à cette décision allemande qui ne peut que durcir la position russe en Syrie et assurer la montée des tensions, le Kremlin n'ayant plus d'autre alternative que de jouer le tracé Qatari qui passe par la Syrie… Redoutable manœuvre anglo-américaine donc, à laquelle Paris et Berlin semblent ne voir que du feu (…)
Alors que voulons-nous? Ce sera bientôt clair: si nous voulons sauver la Syrie, il nous faut surtout ne pas nous joindre à une coalition qui agira hors de tout mandat de l'ONU et qui portera le poids d'une guerre dont le peuple syrien est la dernière roue du carrosse et sera la victime immédiate. La grande question est donc: mais que vient faire Paris dans cette galère? (…) Une guerre contre l'Iran et la Russie n'est pas la nôtre. Elle ne correspond nullement aux intérêts stratégiques français, ni à ceux de l'Europe. Nous avons déjà si naïvement collé aux Britanniques qui veulent quitter l'Union, sans preuve et par principe, dans l'affaire Skripal. Pourquoi cette fuite en avant?
vigor
Macron obéit à ses Maîtres en Moyen-Orient.
Se rappeler tous les motifs bidons d’entrée en guerre des USA, depuis l’explosion (poudre noire) d’un croiseur qui déclencha la guerre de 1898 contre l’Espagne jusqu’aux armes de destruction massive attribuées à Saddam après les couveuses du Koweït ou les populations de Cyrénaïque allant être massacrées (Sarko attaque Khadafi) via le Lusitania ou Pearl Harbor (où les porte-avions navires précieux sont miraculeusement sortis tandis que l’attaque permet la guerre )
Engel
La Syrie cherche à garder sa souveraineté. La France l’a vendue et le paiera au prix d’une troisième guerre mondiale. Elle devra affronter aux ordres des USA, les Russes et l’Iran. Mais pas que ! Des navires de guerre chinois en Méditerranée reçoivent l’ordre de rallier la marine russe en cas d’une attaque massive contre la Syrie !
https://reseauinternational.net/des-navires-de-guerre-chinois-en-mediterranee-recoivent-lordre-de-rallier-la-marine-russe-en-cas-dune-attaque-massive-contre-la-syrie/
Bref, les Français vont commencer à regretter de ne pas avoir voté pour le parti qui réclamait de sortir de l’Otan.
jejomau
Ce n’est pas pou rien que le pseudo-prince Mohammed machin se promène actuelement à Paris après être passé par les USA. Il a la dent longue contre la Syrie et le fait de voir la Goutha lui échapper, lui qui a financer les islamistes, qui a armé les islamistes, qui a fait combattre ses milices sunnites avec les islamiste le rend fou de rage…
Maxence
Pourquoi cette fuite en avant?
Parce qu’un esclave doit donner des gages à ses maîtres.
Papon
J’ai deux hypotheses:
-les russes et les americains s’entendent pour une pseudo-operation de represailles contre des hangars vides afin que Trump puisse sauver la face
– les generaux US, rendus prudents par l’apparition du nouveau materiel russe, preferent envoyer les avions français tester les S400.
nemo
Trump est en train de nous montrer les limites dangereuses de sa philosophie cow boy …..
Horace
Très bonne analyse. A faire lire et relire par nos ministres de la défense et des Aff.ETr. se comportant en petits caniches du Pentagone. Nous sommes face à une entreprise de mensonge colossale qui mènera à un conflit majeure. Puisse la Russie tenir le coup.
sergei59
Très bon article. En fait l’armée syrienne a quasiment fini sa guerre de libération. Il n’y a plus que des armées étrangères d’occupation qui se battent encore sur le sol syrien (Turquie, Kurdes, USA)
patphil
colin powel et le bobard des armes de destruction massives en irak
ça continue aujourd’hui et personne ne vérifie quoique ce soit!
les états unis et la grande bretagne ont donné des armes chimiques à certains groupuscules de “syriens libres” (info vérifiée et publiée par dreuze info )
Marcos
Oui, bien vu. On a pu espérer un instant qu’avec la chute du communisme c’était la fin de la guerre froide. Que nenni! Nous voici revenus au milieu du XIXe siècle : la question d’Orient, la guerre de Crimée, et toutes ces sortes de choses. Espérons que Poutine saura garder son sang-froid, ne pas répondre à la provocation, et laisser passer l’orage.