Lu dans Conflits ce portrait du nouveau secrétaire d’Etat américain :
Quand Donald Trump l’a nommé au poste de secrétaire à la défense, la presse s’est penchée tout entière sur le corps musclé du futur ministre de la plus puissante armée du monde. Combien Pete Hegseth avait-il de tatouages ? À la droite de la poitrine, une gigantesque croix de Jérusalem dont la symbolique « suprémaciste blanche » lui aurait valu, selon l’intéressé, « un licenciement de la Garde nationale », corps auquel il appartenait jusqu’en 2021. Au biceps droit, un Deus Vult (« Dieu veut », en latin, cri de guerre des croisés chrétiens). Mais également, et sans être exhaustif, yahvé en hébreu, ou la bannière étoilée dont l’une des bandes est matérialisée par une mitraillette, et le « We the People » sur l’avant-bras, soit les premiers mots de la déclaration d’indépendance.
À 44 ans, cet ancien combattant, diplômé de Princeton (où il fut aussi champion de basket) et de Harvard, deux fois récipiendaire de la Bronze Star Medal, l’une des plus hautes décorations américaines pour faits de bravoure en Irak et en Afghanistan, tranche avec les habituels hauts gradés qui habituellement occupent cette fonction, souvent décatis mais expérimentés, et connaissant leurs homologues des armées alliées. Pete Hegseth a beau être paré d’une expérience de terrain que beaucoup n’ont pas au Pentagone, sa nomination a fait grincer des dents.
Présenté par Donald Trump comme « un homme dur, intelligent et véritable partisan de l’Amérique d’abord », tout en ajoutant que « les ennemis de l’Amérique sont prévenus : [notre] armée redeviendra grande et l’Amérique ne reculera jamais », Hegseth agace déjà les bureaucrates des rives du Potomac. Le beau gosse, originaire de Minneapolis dans le Minnesota (État qui n’a jamais voté pour un candidat républicain à la Maison-Blanche depuis 1972), tenait le micro depuis 2014 comme coanimateur de « Fox & Friends Weekend » sur FoxNews et était un habitué des propos décomplexés. Il doit surtout sa célébrité soudaine à un accident, en 2015, lorsqu’il a accidentellement blessé un tambourineur alors qu’il avait raté la cible d’un lancer de hache lors du Jour du drapeau. La séquence, diffusée en direct, est devenue culte sur internet.
Ses positions incarnent le trumpisme musclé, celui du deuxième mandat qui ne s’embarrasse plus de plaire de près ou de loin à des démocrates écrasés électoralement. On lui doit des opinions jugées radicales en matière de « diversité et d’inclusion ». S’exprimant sur le podcast « Shawn Ryan Show », Hegseth déclarait récemment que « la phrase la plus stupide sur la planète Terre dans l’armée est “notre diversité est notre force” ». Partisan de la méritocratie, Hegseth a promis de mettre fin aux programmes promouvant la diversité chez les militaires. Il a également fait part de ses doutes sur « l’utilité des femmes au combat » et devrait mettre fin à l’admission des transgenres dans l’armée. En clair : Hegseth abhorre tout ce qui est, de près ou de loin, woke.
[…] Dans son livre American Crusade, Hegseth affirme ainsi que l’islam « n’est pas une religion de paix » ou encore que « les pays musulmans modernes sont des zones interdites, formellement ou de facto, pour les chrétiens et les juifs ». […]