Thierry Peugeot, président du conseil de surveillance de PSA Peugeot Citroën, répond aux attaques et aux critiques formulées par le président de la République et Arnaud Montebourg. Extraits :
"Il y a des mots que je n’ai pas aimés et qui ont été répétés: «mensonge» et «dissimulation». Nous sommes prêts à accepter la critique, mais il y a des limites. Il existe dans ce groupe une vraie passion, une fierté, une ambition forte. PSA Peugeot Citroën est le deuxième constructeur européen: c’est un constructeur qui a un potentiel énorme, un vrai savoir-faire. Nous sommes par exemple les seuls à avoir mis sur le marché la technologie hybride diesel, un produit d’avenir. Créé au pays de Montbéliard il y a deux cents ans, le groupe s’est constamment développé pour devenir ce qu’il est. Il emploie aujourd’hui 200.000 personnes dans le monde, dont la moitié en France.
Comprenez-vous l’émotion que suscitent vos annonces?
Nous sommes bien conscients de la gravité du plan de 8000 suppressions d’emplois. Ces mesures sont douloureuses, je comprends qu’elles puissent choquer au sein de l’entreprise, du gouvernement et dans l’ensemble du pays. Mais nous sommes des gens responsables, des industriels, des entrepreneurs. Nous avons des valeurs d’humanisme et de respect, sur lesquelles le groupe s’est construit durant toute son histoire. Nous ferons en sorte que ces valeurs soient appliquées dans la mise en œuvre du plan.
Comment justifiez-vous ce vaste plan de restructuration?
Le groupe traverse une crise extrêmement violente, due au fait que le marché européen s’est effondré de 25% en cinq ans. Et comme il s’agit de la zone où nous sommes le plus présents, nous souffrons, d’autant que la concurrence est très forte. Dans ce contexte, nous sommes dans l’obligation de nous adapter, nous ne pouvons pas rester sans rien faire. Tout au long de son histoire, le groupe s’est toujours adapté aux circonstances pour assurer sa pérennité.
La stratégie du groupe est remise en cause, continuez-vous à la défendre?
Je suis convaincu que nous devons devenir un groupe mondial et réussir notre montée en gamme. Il n’y a pas d’autre stratégie possible. Nous avons désormais deux coentreprises en Chine. Évidemment, nous n’y avons pas la part de marché que nous souhaiterions, mais le développement international ne peut pas se faire du jour au lendemain. Par ailleurs, la DS3, symbole du haut de gamme à la française, lancée en 2010, est un succès.
Arnaud Montebourg a reproché à la famille Peugeot d’avoir touché 78 millions de dividendes en 2011, alors que le plan de restructuration semblait en préparation, selon un document interne…
Les actionnaires sont d’abord des investisseurs. Notre priorité a toujours été de développer le groupe. PSA Peugeot Citroën n’aurait jamais existé si nous étions restés à Sochaux. Mais nous sommes aussi des gens responsables: à chaque fois que le groupe a été en difficulté, il a suspendu le versement de dividendes à ses actionnaires. Cela a été le cas en 2009 et en 2010, au titre des exercices précédents. En 2011, l’entreprise a versé des dividendes car les résultats de l’exercice 2010 étaient bénéficiaires. […]"