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France : Société

“Peut-on être heureux si l’on ne possède rien à quoi se sacrifier ?”

Réaction de l'abbé de Tanoüarn à un sondage RMC :

"La question SMS du jour, nous sommes la Saint Sylvestre : Etes-vous heureux ? Entre neuf heures et neuf heures et demi, il y avait 65 et 66 % des réponses qui s'inscrivaient en négatif : non, nous ne sommes pas heureux. Enorme ! Enorme quand on sait avec Blaise Pascal que "tout homme cherche à être heureux, même celui qui va se pendre". (…)
 
Nous prenons conscience petit à petit du mal moderne dans ses différentes dimensions. A cause de cette prise de conscience, le mal moderne est en train de devenir le malheur moderne. Est-il irrémédiable ? Non !
 

Seul le bien nous rend heureux. La joie, disaient les scolastiques, est la certitude du bien possédé. Cette définition si sobre m'a toujours plongé dans des abîmes de réflexion. Car le bien, nous n'avons qu'une seule manière de nous y relier, ce n'est pas la raison, c'est la foi. Je ne veux pas parler seulement de la foi chrétienne, de la foi surnaturelle, mais de la foi dans tous ses états, la foi dans le bien, la foi dans l'amour, la foi dans l'avenir, la foi dans la vie et dans l'Evangile de la vie. Non pas quelque chose de vague et d'euphorique (ça c'est la caricature laïque de la foi). Non ! Une foi concrète dans un bien concret, qui ne se calcule pas, qui ne se programme pas et qui naît toujours de ce que Descartes, ce chrétien paradoxal, appelait la générosité. Non pas seulement la magnanimité d'Aristote, qui implique toujours un développement de l'âme (magna anima) qui est problématique. Non : Descartes a raison, ce qui rend heureux c'est la générosité, c'est-à-dire aussi l'offrande, le sacrifice. Peut-on être heureux si l'on ne possède rien à quoi se sacrifier ? Rien de plus grand que soi ?

 
Alors que 66 % des Français se sentent malheureux, alors que l'exigence du bonheur progresse avec la plus claire conscience du malheur, je forge ici le voeu qu'en cette fête de Saint-Sylvestre, chacun fasse l'inventaire des biens qui, dans sa vie, sont plus grands que lui et qui autorisent ou nécessitent le sacrifice. Heureux est-on si dans cette société de satiété on parvient encore à avoir faim et soif d'une justice qui nous dépasse et pour laquelle on est prêt au sacrifice."

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