Dans le Figarovox de ce jour, Philippe de Villiers évoque cette rencontre avec le président russe. Extrait :
"[…] J'ai dit à Vladimir Poutine que le Puy du Fou venait poser devant lui un acte de paix. En effet, ai-je ajouté, les sanctions sont des actes de guerre, les coopérations sont des actes de paix. Tous les esprits pacifiques qui aiment l'Europe et la Russie veulent secrètement sortir de l'engrenage car ils savent que les sanctions sont des humiliations qui provoquent les peuples qui ont encore une fierté. C'est le cas de la Russie. Poutine a répondu: «J'accueille votre arrivée en Russie comme un signe de la nécessaire désescalade.» J'ai souligné auprès de lui que, selon moi, l'avenir de l'Europe ne doit pas s'écrire sur le continent américain, mais sur le continent européen. L'Europe ne peut pas se faire sans la Russie. Il a cité l'expression du général de Gaulle, «l'Europe de l'Atlantique à l'Oural», une Europe de forme confédérale qui respecte les souverainetés.
Vous avez déclaré sur Europe 1 «ce qui manque à la France, c'est un Vladimir Poutine». Qu'entendiez-vous par là?
Je n'ai fait que répéter ce que j'entends tous les jours autour de moi en France dans les milieux populaires, cette phrase qui revient dans la bouche des gens de bon sens: «Il faudrait aujourd'hui en France un gars comme Poutine à la place de Hollande!». C'est-à-dire un chef d'État patriote, visionnaire et qui prend des décisions.
Quel regard portez-vous sur sa conception de la démocratie et des droits de l'homme?
Vladimir Poutine est un chef d'État élu avec 63 % des suffrages, de manière démocratique. Et j'ai pu mesurer son immense popularité, que ce soit à Moscou ou en Crimée durant les jours passés là-bas. Quant à la question des droits de l'homme, Vladimir Poutine a exprimé des réticences devant les excentricités des Femen et la propagande de l'homosexualité. C'est la raison pour laquelle tous les chefs d'État occidentaux ont refusé d'aller aux Jeux olympiques de Sotchi, et c'est absurde! Le président Poutine ne veut pas donner la Russie aux Femen et à l'Otan, on le comprend. L'Amérique ne se comporte pas d'une manière raisonnable. Elle veut «otaniser» le monde entier et met le feu partout. Ce qu'elle désire, ce n'est pas seulement l'Ukraine dans l'Otan, c'est aussi abattre Poutine pour prendre la Russie et y installer son idéologie multiculturaliste, mondialiste et consumériste. Elle veut imposer son modèle de société, en particulier aux pays enracinés qui lui résistent.
Que répondez-vous à ceux qui estiment que vous jouez le jeu de la propagande russe?
Une députée socialiste a dit que j'agissais contre l'Europe. Je lui réponds que j'agis pour la paix et l'amitié franco-russe, mais que hélas l'Europe aujourd'hui n'agit pas pour elle-même, mais pour la politique américaine sous l'impulsion de José Manuel Barroso, Herman Van Rompuy et François Hollande. L'Europe est devenue la cinquante et unième étoile du drapeau américain. J'accuse l'Amérique de chercher la guerre partout dans le monde parce qu'elle y voit la seule solution d'écluser sa dette monstrueuse due au mondialisme de ses dirigeants.
Konstantin Malofeev, votre partenaire dans la création des déclinaisons russes du Puy du Fou, est visé par des sanctions de l'Union européenne, notamment parce que Kiev le considère comme le banquier de la rébellion séparatiste qui a pris le pouvoir à Donetsk…
Je connais Konstantin Malofeev depuis plusieurs années. Il est devenu pour moi un ami. J'ai une totale confiance en lui et je sais parfaitement quel genre d'homme il est. C'est un chef d'entreprise de haute réputation en Russie et qui consacre aujourd'hui sa fortune à des œuvres humanitaires et caritatives. J'ai visité sa fondation et ses écoles. Certains partis néonazis ukrainiens qui, aujourd'hui, mènent la danse, l'accusent sans aucun élément de preuve de financer la rébellion prorusse à Donetsk. C'est absolument faux. Konstantin Malofeev dépense son argent à créer une chaîne humanitaire en Russie pour distribuer des médicaments et préparer des hôpitaux de campagne pour les nombreux Russes réfugiés qui ont fui l'Ukraine. C'est cet acte de solidarité que les dirigeants européens appellent soutien aux séparatistes. Konstantin est très connu en Russie pour sa générosité en faveur des familles réfugiées, mais aussi des enfants orphelins. On lui reproche aussi d'aimer les tsars et de préférer Nicolas II à Staline. Décidément, il y a encore des nostalgiques de la terreur soviétique!
Vous êtes officiellement retiré de la politique et vous vous consacrez à l'écriture de votre prochain livre sur Jeanne d'Arc. Vos propos sont néanmoins très politiques. La tentation du retour vous titille-t-elle?
Tout ce que je vous dis relève de la survie de notre civilisation. Il n'y a pas besoin pour mener ce combat d'aller quémander un picotin électoral. Ma notoriété me permet de dire ce que j'ai le devoir de dire. Mais la politique active aujourd'hui me donne la nausée comme à beaucoup de Français. Le milieu politique, qui a perdu le goût et le sens des idées, le goût et le sens de la France, est devenu un cloaque irrespirable. C'est un combat de petits coqs sur un tas de fumier. Je n'ai pas envie de retourner dans cette basse-cour. Laissons les coqs chanter. Vive l'amitié franco-russe!"