Les éditions Clovis ont réédité la biographie du pape Pie IX écrite par Yves Chiron, parue pour la première fois en 1995 (et traduite en anglais, espagnol et italien). Cette nouvelle édition a été amplement revue, corrigée et complétée, l’auteur ayant consulté de nombreuses archives, en France et à Rome, et ayant eu accès à la Positio du procès de béatification.
Le pontificat de Pie IX se déroule à une époque charnière. Né en 1792, ordonné prêtre en 1819, évêque en 1827, il est devenu pape en 1846. Dès le début de son pontificat, il lui faut faire face aux mouvements révolutionnaires et à l’unification de l’Italie. Il est contraint de quitter Rome et de s’exiler pour Gaète ; il voit se rétrécir les États pontificaux. C’est l’époque de la diffusion des idées modernes du libéralisme, du rationalisme, du socialisme, que le pape va condamner, notamment par l’encyclique Quanta Cura et le Syllabus. En 1869, il ouvre le premier concile du Vatican puis proclame le dogme de l’infaillibilité pontificale, après avoir proclamé celui de l’Immaculée conception. Le culte du Sacré-Coeur, les apparitions de Lourdes, le développement des missions dans le monde entier, resteront des points forts de son pontificat.
Concernant la France, voici ce qu'il dit à une délégation française en 1871 :
"J'aime la France, elle est toujours imprimée dans mon coeur. Je prie tous les jours pour elle, principalement à ce grand saint sacrifice de la messe ; elle est toujours présente à mes pensées. Je l'ai toujours aimée et je l'aimerai toujours ! Je sais combien elle a toujours offert le spectacle des plus tendres dévouements, combien sa charité est grande et compatit à la misère des pauvres, à la misère de l'Eglise, combien d'institutions charitables elle a fondées et en particulier quelle grande ardeur s'y manifeste pour les bonnes oeuvres ; chez les hommes aussi, mais parmi les femmes spécialement".
"Cependant je dois dire à la France la vérité. […] Mes chers enfants, il faut que mes paroles vous disent bien ce que j'ai dans mon coeur. Ce qui afflige votre pays et l'empêche de mériter les bénédictions de Dieu, c'est ce mélange des principes. Je dirai le mot et je ne le tairai pas : ce que je crains, ce ne sont pas tous ces misérables de la Commune de Paris, vrais démons de l'enfer qui se promènent sur terre. Non, ce n'est pas cela; ce que je crains, c'est cette malheureuse politique, ce libéralisme catholique qui est le véritable fléau. […] Il faut sans doute pratiquer la charité, faire ce qui est possible pour ramener ceux qui sont égarés : mais pour cela, il n'est pas besoin de partager leurs opinions."