L’historien Bernard Plouvier, qui vient de sortir un ouvrage intitulé “Pie XII contre Hitler”, est interrogé dans Flash du 14 janvier. Extraits :
"Les catholiques ont été les pires trublions de l’Allemagne nazie, alors que les luthériens ont posé beaucoup moins de problèmes à Adolf Hitler. […]
"seuls quelques chefs des associations juives (pas tous d’ailleurs) ont protesté contre les crimes commis envers les Juifs à partir de 1943. Les chefs d’Etats alliés sont demeurés prudents : la désinformation était grande (d’authentiques renseignements, fort rares au demeurant, étaient noyés dans un flot de bobards stupides) ; en outre, les Juifs n’étaient pas les seuls à souffrir (on pense aux Polonais) et ils n’étaient guère populaires, ni en Grande-Bretagne ni aux USA. On rappelle qu’à plusieurs reprises les autorités nazies ont proposé d’échanger des Juifs contre des prisonniers de guerre allemands,des marchandises ou des dollars, et que les Alliés ont toujours refusé. La narration de ces années terribles doit éviter le manichéisme. […]
Ce sont les grands rabbins de Palestine, d’Italie, de Roumanie et divers responsables d’organisations juives des pays alliés qui, les premiers, ont envoyé leurs remerciements à Pie XII, dès 1944, et en des termes émus, élogieux. Les dirigeants d’Israël ont poursuivi et le pape fut l’un des “justes” du Mémorial juif. À partir des années 1960, des luthériens allemands ont commencé à salir la mémoire du pape mort en 1958, prétextant de la pièce Hocchut (réactualisée par le film de Costa-Gavras, Amen). Ces luthériens avaient tout intérêt à diluer leurs énormes responsabilités : Hitler avait été massivement soutenu par les luthériens et combattu par les catholiques durant les années 1925-1933 et même ensuite. Pour des raisons connues d’eux seuls, certains dirigeants juifs ont décidé de se joindre à la meute, alors qu’ils étaient fort bien placés pour connaître la vérité. La politique vaticane au Moyen-Orient (singulièrement la puissance des Églises chrétiennes, de rite oriental, mais rattachées à Rome) explique probablement ce revirement… […]
Il ne s’agit nullement “d’histoire ancienne”, tant que les contribuables allemands continuent de verser leur tribut aux victimes de la Shoah. Aux dernières nouvelles, l’Allemagne devrait cesser de payer vers 2010, ce qui effraie un peu de monde."
Hermine
Pour appuyer et compléter cette analyse, sur la responsabilité des sectes protestante dans l’avènement du nazisme, il suffit de regarder la carte déjà publiée par les AFS et par le Salon Beige le 7 octobre 2008 !
[La voici : http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2008/10/hitler-na-pas-t.html
MJ]
Coligny
Un bel exemple de désinformation.Aucune preuve n’est apportée par ce Monsieur.Les églises luthériennes ont été aussi divisées sur le national-socialisme dans les années trente que l’Eglise Romaine en Allemagne.Comme les Eglises luthériennes étaient des églises d’Etat, elles ont été “nazifiées” comme toutes les autres institutions allemandes mais une église dissidente, l’Eglise confessante ” est née et a eu son lot de martyrs (exemple D.Bonheoffer).
Ceci dit, pour ma part (luthérien), je trouve le procès à Pie XII parfaitement injuste.
Denis Merlin
Attaquer les gens sur leur foi, faire de l’amalgame est tout à fait inconvenant et même profondément injuste. Je regrette que vous y tombiez.
Ce n’est pas parce que les communistes et que le prêt à penser répandu dans la populace condamnent des gens sur leur foi qu’il faut les imiter avec des arguments historiques ou plutôt pseudo historiques du genre “vous avez soutenu Hitler. Donc taisez-vous, vous êtes des criminels.”
Quiconque touche la poix en reste un peu souillé. Quiconque se plonge dans les débats artificiels initiés par les communistes risque d’être contaminé par leurs méthodes en croyant les combattre.
Vivent les luthériens, monsieur !
Et la photographie de Pie XII désobligeante et par conséquent sacrilège du journal “La Croix” montre que les catholiques ne sont pas des saints, mais souvent aussi des voyous seraient-ils homologués et estampillés “catholiques”.
[Qu’apporte votre commentaire à l’Histoire ? Franchement ? Cela ne sert à rien de réagir par sentimentalisme. MJ]
Robert
Il est vraiment absurde et fondamentalement anti-catholique de vouloir faire porter le chapeau aux luthériens : “Regardez, c’est pas nous, c’est eux”. Cette recherche de bouc-émissiaires est parfaitement ridicule. Et ce monsieur passe sous silence l’héroïsme de grands protestants comme Dietrich Bonhoeffer.
[Heu, il ne s’agit pas de chercher un bouc émissaire puisqu’on sait le rôle qu’a joué le KGB dans cette affaire, mais de regarder la réalité historique en face. Oui, il y a des Allemands qui ont soutenu Hitler. MJ]
PEB
Dans le film documentaire esthétisant “Triumph des Willens” (Leni Riefenstahl, 1935) narrant, sur commande du Führer en personne, le Parteitag du NSDAP à Nuremberg en septembre 1934, on voit ostensiblement, parmi les invités de marque des Nazis, l’archevêque-modérateur suprême des Luthériens.
Cette source montre à elle seule la collusion des institutions luthériennes à la tyrannie la plus vile.
On est loin du père de notre Souverain Pontife bien-aimé qui prit sa retraite anticipée pour ne pas avoir à obéir à l’iniquité.
DAUGAN Bernard
Toute l’histoire officielle de la seconde guerre mondiale est bidon.Le nazisme et le communisme,avatar du jacobinisme populicide(le mot génocide n’étant pas encore connu)sont des idéologies abominables.Mais de là à nous faire passer des vessies pour des lanternes avec des Gro
ôsses mensonges bien protégés par des lois liberticides…Chut, nous sommes le pays défenseur des libertés sous contrôle ….Ventre affamé n’a pas d’oreilles.Message codé ffi.
Denis Merlin
Cher monsieur Janva,
Ce que je pense que mon commentaire ajoute à l’histoire est le refus du manichéisme de la propagande communiste.
Les communistes et la nazis ont organisé des actions communes à l’époque (notamment une grève), va-t-on dire que les communistes collaboraient avec Hitler ? Ce serait aussi faux que les catégorisations par religions collaboratrices ou anti-nazis.
[Il y a bien eu le pacte germano-soviétique. En France, le PC a collaboré avec l’envahisseur au début de la guerre. La fin du pacte est arrivée quand l’Allemagne a voulu envahir la Russie. MJ]
Noter aussi que les nationaux-socialistes avaient créé une religion chrétienne à leur dévotion pour entamer l’influence des chrétiens en Allemagne, c’est ce qui explique peut-être les photos que l’on sert ad nauseam de personnes déguisées en ecclésiastiques participant à des congrès nationaux-socialistes.
Ce que je dis n’est donc pas sentimental, mais fondé sur, par exemple, les exercices spirituels de saint Ignace qui lors de la contemplation des deux étendards ne divise pas l’humanité entre catholiques et les autres, mais entre les hommes vertueux et les autres quelles que soient leurs opinions religieuses par ailleurs :
“138 Le second prélude est la composition de lieu. Ici, on se représentera une vaste plaine près de Jérusalem, au milieu de laquelle se trouve Notre-Seigneur Jésus-Christ, chef souverain de tous les hommes vertueux, et une autre plaine près de Babylone, où est Lucifer, le chef des ennemis.”
Du site livres-mystiques.com
Ces êtres humains vertueux peuvent être juifs, musulmans, catholiques, luthériens etc. Ceux du côté de Lucifer peuvent être également des êtres humains de diverses croyances.
Cela dit cher monsieur Janva n’est pas écrit pour vous froisser, mais seulement pour la bonne entente et le respect entre tous les hommes, puisque hélas l’humanité est divisée de croyances.
[Je ne suis pas froissé, mais il y a des vérités historiques qu’on ne peut pas passer sous silence. Pratiquer les excellents exercices de St Ignace ne fait pas de vous un historien. MJ]
Robert
Alors que faire un blog fait de vous un historien, M. Janva, bien entendu.
[Je vous reconnais bien là vous…
Je transmets les propos d’un historien. On peut ne pas être en accord avec lui, mais il alors il faut se placer sur son terrain.
Que dire d’autre ? Ah oui, personnellement, je suis notamment diplomé en histoire. Pan sur le bec Robert ?
MJ]
charles bories
Voir sur E-DEO une autre très précieuse information
http://e-deo.typepad.fr/
Okapi T.
L’Histoire se tisse d’un nombre infini de petites choses, alors que la politique a toujours intérêt à opérer des simplifications outrageuses à son propos. Je ne pense pas que le SB se place dans cette seconde catégorie, mais aide au contraire à replacer les choses par de petites “touches” fort pertinentes. Merci aux rédacteurs pour ce travail !
lm
Que les luthériens assument leur passé;objectivement ils ont plutôt favoriser l’arrivée d’Hitler au pouvoir.
Ils ne sont pas pour autant responsables de ce que Hitler a fait de l’Allemagne quand il est devenu dictateur.
Mais il faut replacer cela dans le contexte économique et surout de l’humiliation vécue par les Allemands à la suite des Traités de paix consécutifs à la Grande Guerre.
Hitler voulait aussi fonder un christiannisme nouveau orienté vers le culte de la race allemande en même temps que celui du Christ lequel est juif par sa mère !
La synthèse risquait d’être un peu delicate.
Jovanovic
La vérité historique est sans doute plus complexe que le Bernard Plouvier ne le laisse entendre.
Les catholiques étaient minoritaires dans le Reich (25-30 millions),les Protestants étaient beaucoup plus nombreux et plus influents, il est donc normal qu’Hitler ait cherché à les courtiser dès le début.
Les Protestants ont certes voté en masse pour le NSDAP dans les années 30, mais c’était autant pour des raisons culturelles que purement politiques. Certains voyaient Hitler comme l’héritier de Martin Luther dans sa défense de l’Allemagne (Luther étant perçu à l’époque et ce depuis le XIXe siècle comme le héros du sol allemand avant tout, pas comme le précurseur de la Réforme) mais la majorité se sentait surtout concerné par les difficultés économiques et sociales. Des pasteurs ont béni les assemblées SA et SS, entretenant la confusion. Les nazis ont ensuite tenté d’établir une Église protestante unifiée, la Reichskirche, avec à sa tête un évêque luthérien ancien aumônier militaire de 14-18 (donc acquis au caporal Hitler), Ludwig Müller, qui officiera jusqu’en 1945.
On peut reprocher aux Protestants leur soumission massive au régime: la culture luthérienne légitime l’autorité. A l’époque, on obéissait au chef comme au pasteur, à l’évêque et à Dieu. Cependant, il ne faut pas non plus oublier le rôle, très minoritaire certes mais bien réél, de la résistance protestante au nazisme (le martyre de Dietrich Bonhoeffer, le pasteur réformé Karl Barth, la Rose blanche…). Un certain nombre de ministres du culte, favorables à Hitler dans un premier temps, lui furent ensuite hostiles: c’est le cas du révérend Niemöller, déporté à Dachau en 1941.
A noter enfin que l’Église luthérienne a aussitôt convoqué en juillet 1945 un synode pour exclure les évêques et pasteurs compromis avec le régime, et faire acte de repentance.
jp
A propos des sommes énormes que l’Allemagne a payées depuis 60 ans, il est intéressant de savoir que, jusqu’à la réunification, seule l’Allemagne de l’Ouest payait, comme si elle seule avait été responsable et se plaçait en quelque sorte comme l’héritière de l’Allemagne nazie…
Les héros communistes, incapables d’un crime quelconque, c’est bien connu, n’avaient aucune raison de le faire!!!
Ethos
Les luthériens ne sont pas en cause en tant que tels et le fait que le Salon Beige contribue à l’information est une très bonne chose.
Je vous renvoie d’ailleurs vers l’un d’eux, ce cher professeur Georges-François Dreyfus qui nous a expliqué de long en large tout cela.
ENfin, nous savons qui était Hocchut et pourquoi il a fait cette pièce…
Cordialement
Et certes oui, les pays du nord de l’Allemagne, à majorité luthérienne, ont suivi beaucoup plus vite et plus fort le NSDAP que ne l’ont fait les pays du sud marqués par le catholicisme.
Daquin
Restons factuels.
En attendant de trouver le livre en librairie, simplement la question:
quels luthériens ont fait quels reproches ?
gucci
Protestants étaient beaucoup plus nombreux et plus influents, il est donc normal qu’Hitler ait cherché à les courtiser dès le début.