Edito d'Aymeric Pourbaix dans Famille chrétienne :
"Au sein de la basilique Saint-Pierre à Rome, parmi les trente-neuf niches abritant des statues, une vingtaine – pas moins ! – représentent des saints qui se sont consacrés à l’éducation, dont saint Jean-Baptiste de La Salle parmi les plus connus.
C’est dire combien l’éducation constitue un des joyaux de l’Église, comme instrument essentiel de transmission de la foi et de progrès humain. Trésor qui sera largement copié et accaparé, en France, par l’École de la IIIe République.
Bien mal lui en a pris ! Plus de cent ans plus tard, l’École de la République semble souffrir d’un mal difficilement curable : son extrême difficulté à se réformer, quels que soient les gouvernements, au point de dégringoler dans les classements internationaux en matière de réussite scolaire, notamment parmi les plus pauvres.
Et l’École catholique dans ce tableau (noir)? Elle aussi connaît des tiraillements sur son identité. Mais il lui reste un atout majeur pour reprendre le flambeau de notre culture, et retrouver ainsi une réelle fécondité : elle possède la clé de l’histoire de France, ce qui a été son ciment, à savoir la foi catholique. Car cette École en connaît la source, celui qui est l’Éducateur par excellence parce qu’Il est la Vérité : le Christ. Source qui a vu naître tant de dévouements admirables et de modèles chrétiens d’éducation, lesquels ont su transmettre le vrai, le bien et le beau à travers les générations.
Prenez un saint Jean Bosco, dont le bicentenaire a démarré cet été. Au XIXe siècle, sa mission fut d’arracher la jeunesse populaire des faubourgs de Turin à ses démons : l’ignorance, la pauvreté, le vice et l’ensauvagement. En lui apportant l’instruction, la doctrine, et la discipline qui arment pour la vie. Ce faisant, Don Bosco a aussi préparé une génération qui allait faire éclater la mainmise laïciste en vigueur en Italie à cette époque.
Le parallèle avec la France est frappant. L’École catholique, qu’elle soit sous ou hors contrat, est la seule à pouvoir renouer le fil de cette transmission au plus grand nombre, et en finir ainsi avec le laïcisme « à la française ».
Mais pour cela, comme le recommande le brillant mathématicien Laurent Lafforgue, il lui faut « embarquer dans son arche, pour les sauver du déluge, toutes les formes de la vie de l’esprit ». C’est-à-dire non seulement le savoir profane – les humanités –, mais aussi l’enseignement religieux, qu’il s’agit de rendre obligatoire. En augmentant le nombre d’heures par semaine consacrées à l’étude de la Bible, du contenu de la foi et de la tradition de l’Église, de son histoire et de son art. Non pour s’enfermer dans l’illusion d’un passé radieux, mais pour tirer de cet héritage des forces neuves exigées par l’état de notre société.
C’est une chance historique. À elle de savoir la saisir."