Tous les étés, depuis cinquante ans, des Arméniens d’Iran et d’ailleurs convergent vers Qareh Kelisa, perchée à moins de 25 kilomètres de la frontière turque dans la province de l’Azerbaïdjan occidental. Ces trois jours de prières et de fête commémorent Saint Thaddeus, venu convertir la population au 1er siècle après Jésus-Christ. Qareh Kelisa, construite sur la tombe de Saint Thaddeus après qu’il eut été tué par un roi païen, est le plus ancien monument chrétien d’Iran
Quelque 4000 Arméniens, la plupart iraniens, mais aussi en provenance de l’Arménie voisine et des pays arabes comme le Liban et la Syrie, sont venus pour les célébrations dirigées par les patriarches de Téhéran et de Tabriz. Une jeune iranienne fait remarquer :
"Le plus important, c’est que nous ayons préservé cette église dans un pays musulman. En Turquie, certaines églises arméniennes ont été détruites. C’est une fierté d’avoir conservé cette églises ici. Le gouvernement iranien l’apprécie".
Avec ses coupoles pyramidales typiquement arméniennes et ses puissant murs accrochés à la montagne, l’église a résisté à au moins 15 siècles de guerres et de tremblement de terre. Les femmes se promènent en T-shirt, tête nue : le campement est bien loin des codes vestimentaires islamiques. Les autorités laissant toute latitude aux Arméniens de pratiquer leur rite. L’Iran a toujours montré une certaine tolérance envers ses minorités chrétienne, juive et zoroastrienne. Gevork Vartanian, l’un des députés arméniens du parlement iranien, assure :
"Nous sommes libres de prier et faire ce qui nous plaît. Les organisations gouvernementales nous aident à nous sentir libres. Personne ne vient nous embêter".
Avec ce pèlerinage, on constate que l’Iran respecte plus la liberté religieuse des catholiques que des pays comme l’Arabie Saoudite, voire la Turquie.
Addendum précision apportée par un lecteur : Cet apôtre Thaddée est connu sous le nom de Jude.