La secrétairerie d’État du Vatican a rappelé pour consultation le nonce apostolique en Irlande, Mgr Guiseppe Leanza (photo). Cette décision, qui fait suite aux vives réactions du premier ministre, choqué par les révélations du rapport Cloyne, révèle la gravité de la situation et « n’est pas une simple pirouette diplomatique », selon le P. Benedettini, vice-directeur de la salle de presse du Saint-Siège.
Rappeler Mgr Leanza doit permettre de consulter un homme de terrain afin de préparer la réponse officielle du Saint-Siège au gouvernement irlandais, lequel l’a vivement attaqué depuis la publication du rapport Cloyne le 13 juillet, le quatrième rapport étudiant les actes d’abus sexuels en Irlande. Ce rapport, qui s’attache à la gestion par l’Église des accusations d’abus sexuels dans le diocèse de Cloyne depuis 1996, a délivré des conclusions qui compromettent l’évêque du diocèse à l’époque, Mgr Johan Magee, ainsi que le Vatican, accusé d’avoir découragé les évêques d’appliquer les directives votées par l’épiscopat irlandais pour lutter contre les abus sexuels. Des accusations très graves et sans précédent dont le P. Federico Lombardi, directeur de la salle de presse du Saint-Siège, s’est défendu :
"La gravité de certaines critiques adressées au Vatican semble donc curieuse, comme si le Saint-Siège était coupable de ne pas avoir donné valeur de loi canonique à des normes auxquelles un Etat n’avait pas jugé nécessaire de donner valeur de loi civile ! En attribuant de graves responsabilités au Saint-Siège pour ce qui est arrivé en Irlande, ces accusations semblent aller au-delà de ce qui est soutenu dans ce Rapport (qui utilise un ton plus équilibré pour attribuer des responsabilités) et ne manifestent pas la conscience de ce que le Saint-Siège a effectivement fait au cours des années pour contribuer à affronter efficacement le problème."
Le gouvernement irlandais exige cependant une réponse officielle, attendue, selon le ministère des Affaires étrangères, d’ici à la fin du mois d’août. Selon le P. Benedettini, le rappel du nonce apostolique, mesure à laquelle le Saint-Siège a rarement recours, démontre « la gravité » de la situation et la volonté du Vatican de l’affronter « avec objectivité et détermination ».