Jean-Marie Guénois exprime ses doutes suite à la réforme de la catéchèse préparée par la Conférence épiscopale :
"Alors que dans le monde de l'enseignement beaucoup d'enseignants sont revenus depuis longtemps des dérives de ce qu'eux mêmes appellent, le "pédagogisme", c'est-à-dire le primat des méthodes de transmission sur l'acquisition des contenus, l'Eglise de France y entre à plein. Les outils pédagogiques – livrets, dvd – abondent. Ils sont fort bien "faits". Sous la forme de "modules", ils permettent de bâtir des menus à la carte pour chaque enfant. Mais, sans aucune vision de synthèse sur la foi chrétienne et surtout sur l'Eglise catholique ! Le mot n'a pas été prononcé ou à peine. On préfère parler de "communautés", de "foule immense", de "foule de chercheurs de Dieu".
Ce qui est proposé est intéressant, vivant, chatoyant, mais il me semble - particulièrement après la crise de la pédophilie – qu'une des priorités serait justement pour les catholiques non pas la sensation mais l'intelligence – perdue – de ce qu'est l'Eglise catholique. Je ne vois pas qu'un enfant, à travers ce qui a été présenté, en puisse avoir la moindre idée car le noyau de base, synthétique, de cette foi chrétienne catholique, n'est pas exprimé. […] comment se fait-il que l'Eglise soit incapable d'exprimer l'essentiel ce qu'elle croit dans une langage simple, accessible, à des… enfants. Vingt pages suffiraient qu'elles soient écrites, en mots, en sons, en images ou interactives. Rodés à la vivacité, les enfant sont loin d'être des moutons ou des cerveaux inertes. Plus que les adultes, ils sont capables d'acquisitions fulgurantes.
Mais l'Eglise veut-elle encore transmettre au sens intellectuel ? Pas certain… Puisque l'on expliquait, jeudi matin, que ce temps était passé. Et qu'il s'agissait maintenant d'expérimenter la foi en communauté. Et que le jeune, prenant ainsi le goût d'être chrétien, construirait lui même son parcours de formation, notamment par ses questions. […]
Un dernier mot. Pour suivre ces questions depuis des dizaines d'années, je m'aperçois que la politique des "bon sentiments" dans le domaine de la catéchèse pour ne pas, disait-on, décourager les milliers de bénévoles qui donnent du temps pour faire le catéchisme, a conduit à l'épuisement du système. Bons sentiments, en clair : ne jamais faire de bilan de résultats ou d'efficacité ; ne tester aucune connaissance (ce que l'on admet pourtant dans les études de théologie et dans les autres religions ) ; ne plus publier aucun chiffre national (en chute libre) sur la fréquentation du catéchisme depuis … 1994 ; surtout ne rien dire quand cela ne marche pas. Mais il y a, surtout, en arrière fond, une forte division des évêques, sur la notion même d'Eglise catholique et sur son identité. Ce différent théologique et idéologique explique largement la situation actuelle."