Mgr Robert Morlino, évêque de Madison (Wisconsin), a consacré son éditorial dans The Catholic Herald, l’organe officiel du diocèse, à rappeler sa position sur le député catholique Paul Ryan, choisi par Mitt Romney pour être son colistier. Paul Ryan a en effet été attaqué par certains catholiques sur son programme économique. Mgr Morlino apporte des disctinctions, qui nous concerne aussi en France. Extraits de la traduction de Daniel Hamiche :
"Le rôle des évêques et des prêtres est d’enseigner les principes de notre foi, de telle sorte que ceux qui sollicitent des mandats électifs, s’ils sont catholiques, ont le devoir de former leur conscience selon ces principes dans toutes les questions politiques particulières. Toutefois, la formation de la conscience pour ce qui est des questions politiques particulières dépend de la manière dont nous estimons fondamentales l’écologie de la nature humaine ou la foi catholique sur un problème particulier. Voici quelques uns des plus fondamentaux problèmes pour la formation de la conscience : le caractère sacré de la vie humaine de la conception à la mort naturelle, le mariage, la liberté religieuse et la liberté de conscience, et le droit à la propriété privée.
Leurs violations induit un mal intrinsèque, c’est-à-dire un mal qui ne saurait jamais être justifié d’aucune manière. Ces maux sont exemplaires de la pollution directe de l’écologie de la nature humaine et peuvent être discernés comme tels par le seul usage de la raison humaine. Ainsi, toutes les personnes de bonne volonté qui souhaite suivre la raison humaine devraient déplorer toutes et chacune des violations dans les domaines précités, sans exception. Les violations seront : l’avortement, l’euthanasie, le suicide médicalement assisté, le mariage entre homosexuels, le laïcisme imposé par l’État et le socialisme.
Dans ces questions des plus fondamentales, une conscience catholique convenablement formée, ou la conscience convenablement formée d’une personne de bonne volonté, suivra tout simplement les conclusions exigées par l’écologie de la nature humaine et le processus de raisonnement. Une conscience catholique ne peut jamais s’offenser de la prohibition d’actions qui sont intrinsèquement mauvaises. Une conscience bien formée par la raison ou la foi catholique ne pourra pas davantage voter pour quelqu’un qui clairement, systématiquement et avec persistance promeut ce qui est intrinsèquement mauvais.
Toutefois, une conscience bien formée conformément à la raison ou à la foi catholique, doit aussi faire des choix dans lesquels le mal intrinsèque n’est pas impliqué. Comment prendre au mieux soin des pauvres est probablement le meilleur exemple actuel sur cette question, bien qu’un autre pourrait être comment s’y prendre au mieux pour créer des emplois en un temps où ils sont si nombreux ceux qui souffrent des ravages du sous-emploi. Dans des questions comme celles-là, là où le mal intrinsèque n’est pas impliqué, les principes rationnels de subsidiarité et de solidarité entrent en jeu. Le principe de solidarité, exprimé succinctement, signifie que chaque être humain sur la surface de la terre est mon frère et ma sœur, mon “prochain” au sens biblique. En même temps, la meilleure manière, éprouvée par le temps, d’aider nos prochains dans le monde entier serait de suivre le principe de subsidiarité. Cela veut dire que le problème qu’on a sous la main devrait être traité au plus bas niveau possible, c’est-à-dire au niveau le plus proche des gens dans le besoin. Cela, encore une fois, est simplement la loi de la raison humaine.
Quand on considère les problèmes comme les deux évoqués plus haut et qu’on cherche à appliquer les principes de subsidiarité et de solidarité, des catholiques ou des personnes de bonne volonté pourront aboutir à des conclusions différentes. Ce sont des conclusions sur les meilleurs moyens de promouvoir l’option préférentielle pour les pauvres, ou sur les meilleurs moyens d’atteindre un bas pourcentage de chômage dans l’ensemble de notre pays. […]
Il ne m’appartient pas, et il n’appartient à aucun évêque ou prêtre, d’approuver les prescriptions budgétaires particulières du député Paul Ryan pour trouver les meilleurs moyens dont nous avons parlé. La où des maux intrinsèques ne sont pas impliqués, les choix politiques particuliers et les stratégies politiques relèvent du domaine de la mission du laïcat catholique. […]"