Dans Le chemin de ma croix. Messes à Varsovie, le père Popieluszko a publié ses homélies prononcées en Pologne lors des chaudes années 1982 à 1984. En charge de l’animation des traditionnelles « messes pour la patrie », le dernier dimanche de chaque mois, le jeune prêtre de 37 ans, Jerzy Popieluszko, soutenait les opposants de Solidarnosc contre le pouvoir totalitaire du général Jaruzelski. Grâce à une parole simple et forte, inspiré par le discours de Jean Paul II à Cracovie en juin 1979, il donne le sens véritable à la résistance qui finira par vaincre. Il paiera ce combat de sa vie, comme tant d’autres martyrs, car le père a été enlevé puis assassiné en octobre 1984, vraisemblablement par des hommes du ministère de l’Intérieur du gouvernement communiste.
Voici des extraits d’une homélie inspirée du texte Le peuple et le gouvernement de L. Krolikowski au cours d’une messe pour la Patrie en Août 1982 :
« …Si l’aveugle [le gouvernement] conduit d’autres aveugles, tous atterrissent dans le même fossé. Et que dire de l’aveugle qui essaye d’imposer, même par la violence, sa direction aux voyants ? …Oui, personne ne peut enlever à un Peuple sa responsabilité d’avoir à exercer par lui-même sa souveraineté, l’unique mission qui peut et qui doit incomber au gouvernement est de servir le Peuple et de le guider, sans contrainte aucune, derrière les flambeaux de Vérité et de Justice.
Au gouvernement qui abandonne sa position de serviteur fidèle et dévoué, le Peuple refuse toujours son obéissance fidèle et spontanée(…) Son premier devoir est de ne pas se soumettre à la domination du tyran, comment pourrait-il maintenir autrement sa dignité et sa liberté de Peuple souverain ?
Voici les caractères essentiels de tout gouvernement légitime :
Il doit demeurer sans faillir dans le rôle de serviteur.
Il doit donner des preuves constantes de dévouements au Peuple.
Il doit toujours obéissance à la Vérité et à la Justice.
Il doit toujours vouloir et savoir traduire dans les faits les idéaux et tout ce qui est reconnu comme droit par les esprits les plus doués et les plus vertueux.
Il doit être réellement capable de créer le bonheur commun n’exigeant pas plus de chacun que ce qu’il ne puisse et ne veuille donner librement, et cela sans avoir besoin de recourir ni à la violence ni à aucune forme de contrainte envers les gouvernés.
Un gouvernement qui ne possède d’autres moyens d’intervention que la force, n’est pas un gouvernement, mais usurpation, blasphème, vol à main armée ; le Peuple se trouve face à lui dans la situation du voyageur calme et inoffensif qui rencontre en chemin un bandit armé, audacieux et rusé… ».