Mgr Francesco Follo, observateur permanent du Saint-Siège à l’UNESCO, a expliqué, dans le cadre du congrès de «Communion et Libération» qui s’est achevé samedi dernier à Rimini, que le dialogue avec les autres religions et les autres cultures se fondent sur une confrontation entre identités fortes. «La tolérance est de reconnaître l’autre comme une valeur et non comme un problème», a-t-il souligné, en comparant le dialogue à une «polyphonie des cultures» :
"C’est une phrase de Benoît XVI que j’ai entendue dans son entretien à Radio Vatican, et à la télévision allemande, et il me semble que c’est une phrase heureuse, parce que par rapport à la mentalité fondée sur le ‘métissage’ des cultures, elle est plus riche de propositions et plus respectueuse. En effet, le métissage donne toujours une idée de quelque chose qui arrive par hasard. La polyphonie, au contraire, a comme analogie l’orchestre, où chaque instrument reste lui-même, mais compose une musique nouvelle (…). C’est une métaphore à développer au niveau culturel et dialogique".
Et l’évêque de remettre en cause les termes de tolérance et de solidarité :
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Face à la réalité politique, à l’histoire contemporaine des peuples, le «premier pas est celui du respect, qui est un meilleur terme que celui de ‘tolérance’».
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"Plus on développera des culturelles d’éducation, et plus il sera possible de construire une société, comme le disait Paul VI, sur la civilisation de l’amour. Finalement, l’amour, aussi grâce à l’encyclique du pape, n’apparaît plus seulement une chose spirituelle, mais un fondement culturel. Auparavant, au contraire, pour le monde «concret», il fallait juste de la solidarité comme si l’amour chrétien était moins concret que la solidarité".
louis
Par amour pour l’humanité, à l’exemple du Christ, des disciples, des premiers chrétiens, de tous les saints etc, nous devons lui enseigner la Vérité.Celle que l’Eglise enseigne lorsqu’elle est missionnaire et non pas une vaue et trompeuse “civilisation de l’amour”, vocabulaire qui n’appartient pas à l’Evangile que l’on sache.
jl
La polyphonie entre la Vérité et l’erreur est-elle préférable à leur métissage ?
Prof. FP
Cher Michel Janva,
Pouvez-vous nous éclairer? Qu’est-ce que des “culturelles d’éducation”? Où peut-on trouver le texte original afin de corriger cette traduction qui ne veut rien dire.
Je suis assez d’accord avec le terme de “polyphonie” dans la mesure où l’on admet qu’elle est aujourd’hui discordante et qu’il faut que l’Eglise catholique relance sans cesse la grande mission de conversion afin que nous arrivions à l’accord final, tous unis dans le Christ!
Prof. FP, toujours reconnaissant pour le travail que vous faites.
Anonyme
“Que votre oui soit oui et que votre non soit non.”Il apparait que Jésus n’est pas tellement un “panacheur” et un “métisseur”
“Qui n’est pas avec Moi est contre Moi”
Difficile de “métisser” avec des cultures qui Le rejettent ouvertement.Il faut trancher.
Michel Janva
Il ne s’agit pas ici de doctrine mais de culture.
C’est à mon sens la raison de la suppression du Conseil Pontifical pour le dialogue interreligieux, qui a rejoint le Conseil pour la Culture.
Ainsi, il ne faut donc pas considérer l’islam comme une religion qui posséderait certaines vérités à toute fins utiles (l’Eglise catholique est gardienne de la Vérité) mais comme un aspect culturel indéniable aujourd’hui dans notre société (c’est hélas un fait réel et bien tangible). Un fait face auquel nous devons garder notre identité.
Anonyme
Une “polyphonie” façon Gainsbourg :” Je t’aime- Moi non plus”??? beurk…
Pas étonnant qu’il y ait des “Couac”!!!
.La formule :L'”unité dans la diversité”a ses limites.Merci de permettre d’en débattre entre nous.
Polemikon
1. Il est parlé dans les citations données, hormis la première, de “culture”, pas de “religion”. Ces deux concepts sont liés, mais ils doivent être distingués, et l’emploi de l’un ou l’autre n’est pas neutre.
La cuisine au beurre n’est pas plus de foi que l’assaisonnement au paprika ou au curry. Ce n’est pas parce que l’Eglise est catholique romaine qu’elle est appelée à exporter les pastas dans le monde entier.
Les religions et les cultures entretiennent des liens étroits. La question des modifications qu’apporte inévitablement une nouvelle religion à une société et à une culture n’est pas ici en cause, sauf à titre secondaire.
2. Dialogue et culture
a. Les cultures doivent dialoguer, avoir des contacts et des échanges, et en retirer quelque chose, mais sans rechercher un métissage – une uniformisation.
b. Les cultures des pays ou des régions sont – enseigne l’Eglise – appelées à évoluer (c’est la condition propre de l’humanité, qui vit dans le temps).
La culture de l’Europe chrétienne, par exemple, a énormément changé, ne serait-ce qu’entre les premiers siècles et le Moyen-Age (l’art s’est modifié, les modes de vie également, la pensée s’est enrichie, les institutions, le droit, etc.).
Il en va de même pour la Gaule christianisée, romanisée, mérovingisée, etc.
c. Ainsi : la culture évolue dans le temps, et elle évolue en chaque lieu, au fur et à mesure des progrès de l’humanité et des contacts avec d’autres aires culturelles.
d. Mais cette évolution doit se faire avec une certaine continuité, et en conservant une identité propre. La pensée de l’Eglise, me semble-t-il, précise, face à la “mondialisation” et à ses effets pervers (qui sont à distinguer), qu’il ne faut pas chercher l’uniformisation culturelle.
e. Cette idée n’est pas du tout évidente, elle va à l’encontre de l’opinion commune, et des changements constatés dans le monde entier.
Au Cambodge, par exemple, les enfants portent des jeans, sont imprégnés d’une culture occidentale, et les traditions disparaissent.
Pour donner un exemple “religieusement” neutre : les veillées dans les villages disparaissent, comme elles ont disparu dans les fermes en France.
f. Plusieurs facteurs y concourent, et il n’est pas certain que ce phénomène soit évitable – il serait en tout cas mauvais de vouloir figer la société (cf parenthèse du 2b).
Mais le risque est grand, aujourd’hui, d’assister dans le monde entier à un arasement de la culture. L’impact des moyens de communication est grand, la société – et le monde – ne s’y est pas encore adaptée. Mais il y a également une idéologie qui au moins véhicule l’idée que la question n’a pas d’importance, et au plus cherche à favoriser cet appauvrissement.
g. L’Eglise s’en inquiète, et elle signale le danger. Elle ne dit pas qu’il faut supprimer internet ou autres, ou rejeter les progrès techniques, mais qu’il faut analyser les évolutions qu’ils engendrent, prendre conscience des risques, et vouloir sauvegarder une juste et légitime diversité culturelle.
h. D’où l’idée que le dialogue entre cultures doit être partition symphonique, plutôt que mélange de couleurs.
3. Dialogue et religion
Le dialogue entre religions est un point particulier. Ici, l’analogue du métissage serait le syncrétisme.
a. Parler de dialogue polyphonique entre les religions, c’est rejeter le métissage religieux, et s’écarter à la fois de l’agnosticisme (vérité inconnaissable, position inacceptable pour l’Eglise) et du relativisme (vérité présente partout, position également inacceptable pour l’Eglise).
b. Par contre, c’est reconnaître qu’il existe aujourd’hui différentes religions – et même différentes confessions chrétiennes – état de fait qui n’est pas satisfaisant pour un chrétien et pour l’Eglise, mais qui est un état de fait avec lequel on doit, sinon composer, du moins compter.
b.bis. “Dialogue polyphonique” insiste sur le fait que ces voix doivent être considérées dans leurs spécificités (condition pour que la vérité puisse éclater (sinon, vous combattez une idée que vous vous êtes fait et qui n’existe pas)).
c. Parler de dialogue entre les religions, c’est reconnaître que les brassages de population (ne serait-ce que par le tourisme ou internet) amènent nécessairement une confrontation des religions les unes aux autres.
d. Parler de dialogue entre les religions, c’est dire que cette confrontation n’a pas de soi de raison d’être violente, et que toute religion authentique doit appeler à la tolérance (bien distinguée cf. 3a d’un compromis avec le mal).
e. Parler de dialogue polyphonique, c’est proposer de chercher à reconnaître toute vérité, et toute droiture morale, où qu’elles se trouvent (attitude typiquement “thomiste” pour ne pas dire chrétienne), et de les respecter pour ce qu’ils sont (c’est-à-dire, peu de chose, mais quand même quelque chose, pour ce qui est des autres religions, et tout pour ce qui est de la religion catholique).
Par exemple :
– les divinités orientales sont aussi farfelues que les dieux grecs ou romains, mais la philosophie orientale n’est pas un empilement d’erreur,
– les valeurs morales orientales ne sont pas toutes distinctes des valeurs naturelles assumées par la Révélation (ne pas tuer, être loyal, etc.).
C’est enfin reconnaître que l’orientation des croyants vers le Dieu véritable et la valeur de leur prière n’est pas en cause (sur la Croix, le Christ s’est offert pour tous les hommes, Il a assumé et porté au Père toutes leurs prières – Il s’est fait péché pour nous, dit Saint Paul, Il est moins inconcevable qu’Il ait porté leurs efforts pour se tourner vers Dieu – ce qui n’empêche pas qu’Il existe, et qu’Il soit le seul Saint, le seul Seigneur, et le seul Dieu).
f. C’est déjà suffisamment long pour n’être pas lu. Je m’arrête donc au seuil de la difficulté ;-)
Prof. FP
Le problème est de savoir s’il existe vraiment une “culture” islamique. Tout ce qui n’est pas le Coran est suspect pour les musulmans qui l’observent. Il me semnle que c’est pour cette raison que la “culture” islamique est faite d’emprunts. L’étude de la “question islamique” m’a convaincu que l’Islam est une religion politique ou une politique religieuse, et uniquement cela.
Prof. FP
Michel Janva
A partir du moment où l’islam enseigne une certaine façon de vivre (le voile par exemple), il y a un aspect culturel.
C’est un peu comme si vous disiez que la musqiue électronique n’était pas de la musique. On peut être d’accord avec vous, il n’empêche que c’est une réalité culturelle.
Anonyme
La “culture”n’est bien définie que ceux qui cultivent, les cultivateurs.Pour le reste de la population,philosophes ou manants, défi est lancé de trouver une définition à ce “mot valise”.Top départ…
xango
le métissage forcé est une dilution, par conséquent une perte d’énergie et de substance
le métissage culturel c’est de la bouillie (le new-âge, puisque derrière toute culture, toute civilisation, il y a le fait religieux)
chaque religion doit être envisagée comme un tout, avec ses fondements culturels et identitaires
au sommet, un dialogue est possible entre les
-les prêtres
– ou maîtres
– ou sages
car celui qui sait (au sens religieux, c’est-à-dire qui a l’expérience intime de l’au-delà) ne peut pas être fanatique
il n’est pas enfermé
et on s’aperçoit alors d’une complémentarité
voire d’une similitude
l’intolérance est le fait des ignorants , aussi dans le domaine des religions
au XIII ème siècle les soufis turcs avaient des contacts avec les chrétiens etc..