Hier mardi, le député conservateur britannique Nadine Dorries (photo), a introduit une proposition de loi pour atténuer la loi britannique sur l’avortement, faisant notamment passer la limite légale de 24 semaines à 21 et imposant une période de réflexion de 10 jours avant un avortement. Le règlement des Communes permet à un député de défendre sa proposition pendant 10 minutes, et de faire voter la chambre dans la foulée.
La raison (spécieuse) d’une limite à 24 semaines est qu’au-delà, le bébé est viable hors de l’utérus. Mme Dorries justifiait le passage à 21 semaines car des études indiquent qu’à cet âge, l’enfant ressent la douleur.
Certes, l’avortement légal à 21 semaines n’est guère plus justifiable qu’à 24 (ce qui a valu à cette proposition l’opposition de certains militants pro-vie). Mais l’encyclique Evangelium Vitae précise que des propositions de loi de ce type sont licites :
[I]l est évident que, lorsqu’il ne serait pas possible d’éviter ou d’abroger complètement une loi permettant l’avortement, un parlementaire, dont l’opposition personnelle absolue à l’avortement serait manifeste et connue de tous, pourrait licitement apporter son soutien à des propositions destinées à limiter les préjudices d’une telle loi et à en diminuer ainsi les effets négatifs sur le plan de la culture et de la moralité publique. Agissant ainsi, en effet, on n’apporte pas une collaboration illicite à une loi inique; on accomplit plutôt une tentative légitime, qui est un devoir, d’en limiter les aspects injustes.(§73)
La proposition a été rejetée, mais a recueilli le soutien d’une part notable des députés : 108 ont voté pour, 187 contre. Mme Dorries promet sur son site de continuer à oeuvrer pour réduire le nombre d’avortements au Royaume-Uni.
Anonyme
Bravo Nadine
L'ami du laissez-faire
Qu’attendez-vous pour proposer à des parlementaires en place des projets ayant une chances raisonnables d’aboutir, plutôt que de vous en maintenir à des postures “tout ou rien”.
Par exemple la fin des subventions à l’avortement pour les femmes adultes.
Si vous sauvez seulement 10 000 vies par ans, c’est toujours ça non !
[Réponse de HV : à qui s’adresse votre commentaire ? Qui a parlé de “tout ou rien” ?]
L'ami du laissez-faire
A personne en particulier et à la droite catholique traditionaliste en général dont j’ai suivi les opinions depuis 15 ans.
La législation d’avant et d’après sur l’avortement est symptomatique de cette impossibilité qu’on les français à dialoguer pour obtenir des compromis acceptables avant un clash.
Je serais curieux de savoir concrètement quels projets de loi ont été proposés depuis 20 ans en France, voir mieux passé à l’ordre du jour.
Jeanne Smits
Des projets ? Il y en eut un certain nombre, comme celui de mettre fin au remboursement de l’avortement (proposition introduite du temps où il y avait une trentaine de députés FN à l’Assemblée qui avaient coopéré avec des députés de la majorité sur ce point : proposition rejetée) ; une proposition sur la reconnaissance de la possibilité d’homicide sur un foetus (“l’avortement involontaire”), rejetée ; divers textes sur l’adoption… Constante : toute tentative de réduire le nombre d’avortements a été rejetée au nom de la protection du “droit” à l’avortement.
Pour ce qui est de l’affaire britannique, il me semble qu’il y a ici une erreur de perspective : Nadine Dorries est personnellement favorable à l’avortement mais a été subjectivement marquée par les progrès de l’imagerie médicale qui l’ont convaincue que l’enfant à naître est “humain” avant la fin du délai légal d’avortement de 24 semaines au Royaume-Uni.
Une part importante des pro-vie anglais étaient opposés à sa proposition (pour des motifs que l’on peut certes discuter) ; j’en parle un peu plus en détail sur mon blog.