Dans une tribune publiée dans Valeurs Actuelles :
"“Taire la vérité, n’est-ce pas déjà mentir ?” Nous souvenant de ces mots de Péguy, nous ne pouvons nous taire plus longtemps face au spectacle désolant auquel nous assistons médusés et impuissants depuis l’annonce des résultats du premier tour de l’élection présidentielle 2017 qui ont placé Emmanuel Macron et Marine Le Pen en tête :
- Spectacle du renoncement de nombres de nos élus et représentants politiques à défendre leurs convictions devant le terrorisme intellectuel exercé par le camp du bien qui les somme, sous peine d’excommunication immédiate, de choisir un candidat, Emmanuel Macron ;
- Spectacle de la lâcheté de ceux qui préfèrent se taire ou, lorsqu’ils s’expriment, de renvoyer dos à dos Marine Le Pen et Emmanuel Macron, en feignant de penser qu’ils incarnent un niveau de nuisance équivalent ;
- Spectacle de la défaite intellectuelle de ceux qui se contentent de raccourcis trompeurs et d’invectives faciles pour écarter une réflexion pourtant essentielle, à l’aune du second tour de l’élection présidentielle, sur la décision qu’il nous faut prendre face à deux camps irréconciliables.
Notre génération est née dans un monde en pleine mutation, dans lequel l’abaissement des frontières devait conduire les nations à la prospérité économique et à la paix. Notre génération a grandi au rythme des révolutions sociétales menées par les enfants de mai 68, qui, après la généralisation de la contraception, ont instauré l’IVG comme droit fondamental avant de bouleverser le droit de la filiation en ouvrant le mariage et l’adoption pour les couples de même sexe.
Trois petites décennies qui ont profondément transformé notre vieux pays, au cours desquelles nous avons pu être les spectateurs d’un monde nouveau. Le libre-échange économique ne tournant manifestement pas à notre avantage, nous avons vu disparaitre le monde agricole français puis s’effondrer son secteur industriel, s’installer un chômage de masse et notre pays s’enfoncer dans un endettement abyssal.
La libre circulation des hommes comportant aussi des inconvénients majeurs, l’immigration non contrôlée pendant des années a entrainé le morcellement du territoire français. Le développement du communautarisme, qui en a découlé, a favorisé l’islamisation progressive et sournoise de notre société par des courants radicaux pourtant identifiés, précipitant une grave crise identitaire. C’est sur ce terreau que le terrorisme islamique est venu ces derniers mois semer la mort sur notre sol dans des proportions jamais éprouvées depuis la seconde guerre mondiale. Le renversement des valeurs issu de mai 68 a accouché d’un pays fragilisé par le non renouvellement de ses générations en raison d’un taux de natalité insuffisant, par l’effacement des repères qui structuraient la vie en société, par l’instabilité des familles, et par la crise de l’autorité et de la transmission à l’école.
Tous ceux qui ont construit ce monde peu réjouissant nous intiment de soutenir un candidat, Emmanuel Macron.
Nous refusons de nous coucher devant leur diktat et de nous associer au concert de lamentations des faux indignés et des pleureuses hypocrites, ni même de crier au loup là où il n’est pas, ne nous résignant pas à “être dans le vent, une ambition de feuille morte” comme disait Gustave Thibon. Parce que nous nous opposons frontalement à l’idéologie progressiste et libérale libertaire incarnée par Emmanuel Macron et que nous ne voulons plus être contaminés par la maladie du vide. Parce que nous croyons aux attachements vitaux qui enracinent l’homme dans une culture, des coutumes, une histoire et des racines spirituelles. Parce que nous croyons en la vertu des frontières qui protègent et à la nécessité de réguler les flux économiques pour redonner du souffle à nos agriculteurs, nos artisans et reconstruire notre industrie. Parce que nous pensons qu’il faut délivrer l’école de l’idéologie pour qu’elle redevienne un lieu de transmission du savoir et d’apprentissage de l’autorité. Parce que nous voulons garantir le respect de tout être humain de sa conception jusqu’à sa fin naturelle, et réhabiliter le mariage fondé sur l’union d’un homme et d’une femme. Parce que nous croyons enfin à la vertu des limites qui s’appuie sur les valeurs éprouvées par le temps: le goût de l’effort et de l’engagement, le sens de la fidélité et de la responsabilité, le sentiment de piété filiale à l’égard de notre pays et de nos ancêtres, la redécouverte de nos racines morales et spirituelles, et l’amour de notre histoire.
Convaincus des mots de Bernanos, “on ne va jusqu’à l’espérance qu’à travers la vérité, au prix de grands efforts et d’une longue patience”, nous continuerons à éveiller les consciences au prix parfois couteux de la vérité qui exige que nous ne nous dérobions pas dimanche 7 mai 2017. C’est la question d’un enjeu de civilisation qui est posée. C’est aussi peut-être celle d’un point de non-retour : Macron, c’est non !"