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France : Politique en France

Pour une science des nations

Pour une science des nations

Nous avons interrogé l’universitaire Henri Temple, auteur d’un “Essai sur le concept de nationisme“:

Pourquoi utiliser le néologisme de “nationisme” plutôt que le classique “nationalisme”?

D’abord parce qu’il est indispensable de créer des termes nouveaux pour désigner des analyses nouvelles. Aussi parce que ‘nationisme’ n’est plus néologique, puisqu’il a été utilisé par plusieurs importants penseurs : Fishman aux USA en 1968, puis, en France, Pierre-André Taguieff et Emmanuel Todd. Enfin et surtout parce que le ‘nationisme’’ diffère beaucoup du ‘nationalisme’.

Le nationisme se veut “science des nations”, valable pour toutes les nations du monde (je dis bien “nations” et pas “États”). Le nationisme est une science fondée d’abord sur l’observation du réel : géographique, linguistique, culturel (ce qui inclut la religion), historique. De cette observation première découlent des conséquences en série : psycho-sociologiques, sociales, économiques, philosophiques, juridiques, politiques ; chaque conséquence découle de celle qui précède, puis sert de cause à la conséquence suivante. C’est cette cohérence des relations de causes à effets qui donne sa force à l’approche nationiste : le réalisme, l’affect et le consensus. Or affect et consensus, ces piliers de la nation – et d’une société harmonieuse – se délitent en France et par toute l’Europe.

Le nationalisme, lui, n’est pas illégitime sauf s’il est agressif contre les nations voisines ou, pire, s’il nie leur identité collective et leur droit à la liberté. Et le ‘nationalisme’ n’est pas une science mais une doctrine politique, propre à chaque pays.

 On pourrait objecter à votre vision des choses qui revient à faire de la nation le principal objet de l’étude politique que bien des problèmes contemporains ne peuvent se résoudre qu’à une échelle supérieure (comme l’échelle européenne ou même l’échelle mondiale). Que répondez-vous à cette objection ?

 Le ‘nationisme’ ne prône pas l’autarcie ni ce que ses ennemis de mauvaise foi ou sottement caricaturent comme le ‘’repli frileux’’ ! La vie intellectuelle et politique française est paralysée, depuis 45 ans, par le dogmatisme mondialo-bruxellois, alors que les états d’Europe – et surtout la France – n’ont cessé de se déclasser à tous les plans, culturel, éducationnel, économique, démocratique, géostratégique, industriel, judiciaire, sanitaire, militaire, énergétique, sécuritaire, migratoire.Nous sommes donc désormais confrontés à un échec mortel : l’instinct de conservation nous commande de nous ressaisir, d’autant que Trump vient de sonner le réveil (avec quelques couacs). L’urgence est donc de se demander pourquoi ces échecs et comment ressusciter une réflexion d’ensemble sur la façon démocratique dont s’organisent les peuples et les territoires où ils vivent (y compris en termes d’économie nationale), mais aussi sur la façon nationiste dont les nations devraient se comporter les unes avec les autres, se respecter : en coopérant dans une démarche confédérale, mais sûrement pas en se fusionnant. Car une addition de nations sera toujours plus démocratique et plus forte qu’une moyenne, un magma fédéraliste à la fois déstructuré mais hyper-centralisé. Les problématiques européennes ou mondiales doivent se traiter dans des accords entre nations et pas par Ursula Von Der Leyen, ses menées opaques, ses tentations anti-démocratiques et ses lobbys industriels et financiers.

 Peut-on réellement analyser le fait national sans présupposé idéologique alors que, par ailleurs, nous sommes tous engagés dans une histoire, une culture et même des débats politiques. 

 Les présupposés idéologiques échouent et sont voués à échouer précisément parce qu’il sont présupposés sans analyse scientifique et intellectuelles préalable : un substrat fort et profond. La Gauche classique s’est effondrée pour cette raison, comme d’ailleurs la Droite classique. Cette dernière est d’ailleurs particulièrement pauvre sur le plan idéologique et même stratégique alors que la Nation anxieuse attend qu’on lui propose son destin.

 Quels résultats essentiels tirez-vous de cette étude du fait national ?

 1 Le nationisme est une science. Non seulement en ce qu’il décrit les réalités d’une nation (langue, territoire, histoire, culture, religion, économie, institutions) mais encore et surtout parce que de ce fait national découlent des conséquences en série : j’ai découvert, au fil de ma recherche, la cohérence, l’enchaînement, des sept dimensions des nations dans un ordre immuable et universel des chaînons. Des réalités d’une nation découlent des conséquences en série : psycho-sociologiques, sociales, économiques, philosophiques, juridiques, politiques ; chaque conséquence découle de celle qui précède, puis sert de cause à la conséquence suivante. C’est cette cohérence des relations de causes à effets qui donne sa force à l’approche nationiste : le réalisme, l’affect et le consensus. Désormais les neuro-sciences sociales du XXIe siècle ouvrent des perspectives extraordinaires pour comprendre l’imprégnation natio-culturelle du cerveau de l’être humain social. Plus personne ne peut prétendre ignorer ces causes du bonheur ou de la souffrance collectifs, dans une nation donnée.

2 Une addition de nations (même confédérale) sera toujours plus démocratique et plus forte qu’une moyenne, un magma fédéral tout à la fois déstructuré mais hyper-centralisé, ce qui mène à l’anomie sociale, puis à la mort par inertie. C’est la façon dont est mort l’empire romain, et bien d’autres.

3 Étouffer la réalité essentielle de quelque nation que ce soit est un génocide politique (démocratique), culturel, économique. Un chaos qui mène à de grands malheurs.

4  Affect et consensus, sont les piliers d’une nation forte et survivante, et d’une société harmonieuse. Or affect et consensus, ces piliers de la nation et d’une société heureuse, se délitent en France et par toute l’Europe par la faute, depuis un demi-siècle, de nos dirigeants.

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