Jean-Yves Le Gallou est interrogé dans Monde et Vie :
"[L]e vote des minorités ethniques issues de l’immigration s’est massivement porté sur la gauche et l’extrême gauche. Il s’agit d’un phénomène collectif. Le vote reste un acte personnel mais l’électeur vote rarement indépendamment des siens. A l’élection présidentielle, l’appartenance communautaire a pesé plus lourd que les autres critères habituels de structuration du vote. […]
L’analyse géographique du vote est très éclairante : les villes phares de l’immigration ont voté à plus de 60 % pour Royal : les Muraux, Grigny, Vénissieux, Trappes et j’en passe. Mais ces villes sont elle-même composites. Une analyse fine par bureau de vote révèle que, dans les quartiers à très forte présence de l’immigration, la cote de Royal atteint souvent près de 80 %. […]
Dans ces conditions, l’intérêt bien compris de l’UMP serait surement d’interrompre le courant migratoire. […] Les socialistes sont réputés moins exigeants sur l’ordre et mieux disant sur l’Etat providence ; le vote des “cités” leur est donc spontanément favorable. Les déclarations du candidat de l’UMP sur « la racaille » et sur « la France qui se lève tôt » ont […] ont permis à Nicolas Sarkozy de siphonner l’électorat du FN mais elles ont mobilisé contre lui l’électorat des quartiers de l’immigration. Reste que le solde électoral a été positif : la “majorité invisible” pèse largement plus que les “minorités visibles”. Voilà bien une équation à méditer ! […] A terme, on peut penser qu’aux élections municipales de 2008, ou plutôt de 2014, des listes ethniques se constitueront et que des municipalités islamiques pourront être élues, en Seine-Saint-Denis notamment."