Jean-Frédéric Poisson vient d’alerter les Français sur le retour du traité “TAFTA”, qui fera l’objet d’un vote au prochain Conseil des ministres de l’UE la semaine prochaine (13 ou 14 mars normalement) donnant mandat à la Commission pour mener les négociations. Le gouvernement fait le mort sur le sujet. Après la tribune d’Emmanuel Macron sur l’UE, cela montre me degré d’hypocrisie des ces gens-là.
On se souvient du TTIP pour Transatlantic Trade and Investment Partnership, plus connu sous le nom de TAFTA (pour Transatlantic Free Trade Area, ou «traité de libre-échange transatlantique»), que la Commission européenne avait secrètement négocié, au mépris de toutes les règles de transparence, avec les États-Unis, avant de jeter l’éponge en 2016 devant les résistances de l’opinion publique qui avait pris connaissance de ce projet de traité par les extraits qu’en avait alors publiés Greenpeace. […]
Certes, contrairement au TTIP avorté, il n’est question ici que de lever, pour le moment, des barrières au commerce de biens non agricoles: on ne parle ni de services, ni de tribunaux d’arbitrage pour la protection des investissements. Mais déjà, alors que l’agriculture ne devait pas être couverte, les États-Unis, ne concevant pas un accord sans traiter ce sujet, accentuent leur pression pour qu’elle fasse partie des négociations. En outre, la logique reste la même, celle d’un libre-échange toujours plus renforcé qui laisse peu de possibilités à l’industrie européenne pour se défendre contre ses concurrents étrangers.
Affolées par la mise en place de tarifs exorbitants de 25% impactant le secteur automobile, la Commission européenne et l’Allemagne, on le sait, sont prêtes à tout pour satisfaire les exigences américaines, y compris déséquilibrer une agriculture déjà extrêmement fragile. Je note à ce titre l’explosion (+112% depuis juillet 2018) des importations américaines de soja destinées au biocarburant, au détriment de la production européenne.
À l’approche des élections européennes, la commission du commerce international du Parlement européen a approuvé, le 19 février dernier, une résolution, simplement consultative, en faveur de la conclusion d’un tel accord commercial avec quelques réserves. Les députés souhaitent en effet que Washington lève ses taxes d’importation sur l’aluminium et l’acier décrétées l’an dernier et n’en impose pas sur les importations de voitures et de pièces détachées. C’est bien le minimum! Je note d’ailleurs que les députés du PPE et de l’ALDE – les alliés de Messieurs Wauquiez et Macron au plan européen – ont voté en faveur de cette résolution. Feront-ils pareil lors du prochain vote en session plénière?
À l’heure où nous écrivons ces lignes, le Conseil des ministres de l’Union est sur le point, dans le courant du mois de mars, d’adopter le mandat proposé par la Commission l’autorisant à ouvrir les négociations. Si tous les États membres semblent y être favorables, certains restent discrets et souhaitent retarder l’ouverture des discussions après les élections européennes de mai prochain.
On peut légitimement s’interroger sur les raisons d’une telle opacité qui conduit le gouvernement d’Emmanuel Macron à ne pas communiquer sur un tel sujet. […] Sur toutes ces questions, il est urgent que le gouvernement fasse preuve de transparence et explique le sens de sa démarche. Sinon, ce «TAFTA bis» risque d’être le talon d’Achille d’Emmanuel Macron lors de la campagne des Européennes, comme le fut en 2005 la directive Bolkenstein sur les travailleurs détachés. […]
Esteban
L’agriculture est directement visée car celle-ci est l’essence même de l’indépendance d’un peuple. C’est une question GRAVISSIME, d’autant plus qu’aujourd’hui, par dessus ce sinistre marché, ce sont les territoires qui sont violemment attaqués avec l’urbanisation exponentielle des meilleurs potentiels agronomiques qui disparaissent irrémédiablement au rythme de 60000 ha chaque année en France !!!
sivolc
sntreprises mondiales: Airbus (ex EAdS), AREVA même si…., Danone, Air Liquide, Michelin , LVMH, Total, Peugeot , des banques et bien d’autres quand même.
F. JACQUEL
De la même façon que le Pacte de Marrakech et le Traité d’Aix-la-Chapelle on été signés plus ou moins en catimini, sans discussion au Parlement parce que destinés à accélérer la destruction de la France tout en enrichissant JUPITER et ses séides, ce TAFTA se place dans la droite ligne de la vraie pensée de Jean Monnet et de ses complices de l’époque. Pas plus qu’il y a 70 ans, les buts réels ne sont avoués. Soit ils sont cachés derrière ce que les oligarques ont décidé que la plébe peut connaître, soit carrément complètement masqués. Et dans ce dernier cas, ceux qui osent les dénoncer sont classés parmi les complotistes et réduits au silence par tous les moyens, que ceux-ci soient légaux ou pas…
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philippe paternot
il serait dangereux d’expliquer crument aux agriculteurs et éleveurs français que les grandes entreprises de l’agrocommerce doivent prospérer (à leur détriment)!