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Pourquoi les élèves ne savent-ils plus écrire ?

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Aude Denizot est professeur agrégé en droit privé à l’université du Mans. Elle a aussi enseigné l’économie et la gestion au lycée il y a quelques années. Elle est l’auteur du livre Pourquoi nos étudiants ne savent-ils plus écrire ? (éd. Enrick B). Un ouvrage dans lequel elle analyse les causes de la chute du niveau des élèves en post-bac, notamment en français, tout en proposant des solutions pour enrayer l’effondrement du système scolaire. Une lecture édifiante, avec de nombreux extraits de copies d’étudiants qui montrent que le problème est bien plus grave qu’on ne le pense…

« J’ai peu à peu constaté que le niveau de français se dégradait. Les fautes devenaient de plus en plus graves et de plus en plus nombreuses, les phrases ne voulaient plus rien dire, les mots n’avaient plus aucun sens, explique-t-elle. Chaque année, nous découvrons des erreurs de français qui, jusqu’à présent, n’avaient jamais été commises. »

Outre de sérieuses lacunes en orthographe, en conjugaison et en grammaire, Aude Denizot souligne que le vocabulaire des étudiants s’est aussi « considérablement appauvri », ce qui induit notamment des « problèmes de compréhension en lecture, avec des difficultés à mesurer ce que dit un texte pourtant assez simple » et des étudiants qui confondent des mots usuels.

« La baisse du niveau est extrêmement inquiétante puisqu’on arrive à un point où le langage écrit et oral ne permet plus de communiquer. On a des enfants qui sont hors-sol. »

Des difficultés que l’on retrouve d’ailleurs dans toutes les disciplines, selon Aude Denizot.

« J’échange beaucoup avec une professeure en filière informatique. Elle est absolument effrayée par le niveau de mathématiques de ses étudiants qui sont incapables de faire le moindre calcul. Pour multiplier par dix ou diviser par dix, les étudiants prennent la calculatrice ».

« Les professeurs d’histoire vous diront la même chose. Les étudiants mélangent un peu tout, ils ont une vision très caricaturale, ils connaissent quelques thématiques, mais il n’y a pas de connaissances historiques. […] certains étudiants pensent que le Chili est en Afrique, ils n’ont aucune connaissance du monde, de la planète en général. »

D’après Aude Denizot, la chute du niveau scolaire n’épargne personne :

« Tout le monde est concerné, y compris les très bons élèves qui sont, certes, très bons aujourd’hui, mais qui sont moins bons que ne l’étaient les très bons élèves d’il y a dix, vingt ou trente ans. »

Si le constat de la baisse du niveau des élèves semble largement partagé, les classements TIMSS et PISA témoignant du décrochage de la France, l’Éducation nationale ne ferait rien pour régler problème, selon Aude Denizot.

« L’idée, c’est que la masse – tout le monde sauf les enfants des élites, bien sûr, qui arrivent à échapper à cela –, soit dans le même moule totalitaire, avec des idées toutes faites, une certaine idéologie, des cours d’histoire un peu orientés, mais surtout, je dirais, cette nullité. Les enfants ne savent ni écrire ni lire, ni compter, donc c’est vraiment l’empire de la bêtise et on veut imposer ça à tous pour qu’il y ait très peu de têtes qui dépassent. »

Voici son entretien (durée 1h30) :

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3 commentaires

  1. Il est évident que l’IA, les GSM, la Télé, la technologie donne l’illusion des connaissance et du “grand savoir”. Faire des idiots (robotisés) afin de mieux manipuler la société.
    Il faut lire le récit de la Caverne de Socrate. On y arrive.

  2. Je confirme le niveau de maîtrise abyssal de la langue française de nos étudiants. Même les ingénieurs et les autres bac+5 ne sont pas épargnés. Il faudrait écrire un livre sur le sujet pour expliquer les raisons de l’effondrement généralisé invraisemblable des connaissances et des compétences scolaires en France.

    En quelques mots : Par esprit égalitariste totalitaire, la gauche haineuse ripouxblicaine et révolutionnaire – qui détient un pouvoir absolu au sein de l’Education nationale, bastion et vivier électoral socialo-bolchévique – a décrété le droit au baccalauréat pour tous, quitte à octroyer ce diplôme à des illettrés, sachant à peine lire et écrire. Cette gauche haineuse et génocidaire a infiltré toutes les institutions de la ripouxblique française, qui assassine ses enfants à naître comme Renault et PSA construisent des voitures, càd, à la chaine. C’est l’égalitarisme gauchiste forcené, dogmatique, sectaire et suicidaire qui a créé les conditions du drame scolaire effroyable dont nos enfants sont les victimes.

  3. Merci Aude Denizot. C’est remarquable. Et merci, Le Salon Beige, de nous faire profiter de cette vidéo extraordinaire. Je réfléchis depuis 54 ans -mon CAPES de Lettres classiques remonte à 1971- aux maux du système éducatif français. Madame Denizot est parvenue à une conclusion qui répond à toutes mes interrogations : notre pays et nos politiques, malgré les apparences, se fichent royalement de l’éducation. C’est un phénomène étonnant, auquel j’ai toujours eu de la peine à croire. Surtout que je suis issu de la double tradition de l’école publique structurée et sérieuse (depuis François Guizot, en 1833, jusqu’au début de la Vème République) et de l’immense chaîne d’efforts ô combien fructueux de l’école chrétienne et “humaniste” qui a fait de la France ce qu’elle était, contre vents et marées. Je n’ai bêtement songé qu’à reprocher aux socialistes leur immonde trahison de leur propre idéal ! (Le catholicisme affaibli n’était plus en mesure de porter haut et clair les couleurs de son propre enseignement, encore plus vital pour la survie de l’esprit, et au contraire il a même contribué beaucoup à “l’illusion” et au “progressisme”.) Bref, l’idée ne m’était pas encore venue en 2011 (date de mon départ en retraite) que tous ces politiques qui se faisaient de l’école un tel étendard, et pire encore que les Français eux-mêmes, qui la considéraient comme un cadre solide dont il ne fallait plus se préoccuper, ne la mettaient pas du tout, mais pas du tout, au centre de leur vie. (Saint Paul a bien dit que l’éducation devait être le premier souci.) On pouvait combattre le “pédagogisme” devenu la doctrine officielle après 1988, en le créditant d’une certaine sincérité. On pouvait espérer ramener à la raison les Français et leurs représentants et responsables en tirant la sonnette d’alarme. En vain. Vox clamat in deserto. Il n’est pires sourds que ceux qui refusent d’entendre : l’écrasante majorité de nos concitoyens et hommes politiques. Les masques sont tombés en 2012, avec monsieur Hollande. (En vérité l’école n’était déjà plus qu’un slogan, un paravent, et elle allait devenir aussi le lieu où l’idéologie se substitue à la transmission, en même temps qu’une “priorité” de plus en plus insignifiante aux yeux du détenteur du pouvoir.) Moi qui connais la question, je peux vous dire que madame Denizot énonce en trente points environ les principaux aspects de ce problème majeur : notre école, et sa leçon est réaliste et pleine d’espérance, tout le contraire d’un déni ou d’un fatalisme. Croyons, pour la mettre en pratique, qu’il faut du courage, de la liberté, et que les enfants c’est plus important que tout. Le mensonge, l’incrédulité, l’esprit de renoncement, l’affaiblissement considérable de l’idée que l’esprit c’est aussi le plus important, sont néanmoins très puissants : cela non plus il ne faut pas se le dissimuler. Un esprit chrétiennement « libre » -tant pis pour la répétition du mot “libre”- s’attend à tout, au meilleur comme au pire, même s’il essaye d’œuvrer pour le meilleur. La France est dans un sale état en tous domaines, mais celui-ci, au surplus, constitue à mes yeux la base et l’explication du reste. Une catastrophe plus historique que celle de juin 1940, la fin de l’argent facile, nous ouvriraient-elles les yeux ? Il y a aussi des individus ou des communautés qui n’ont plus du tout la force de réagir et se laissent engloutir. Jean-Louis Thévenet, Boulogne-sur-Mer

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