Interrogée par Le Nouvel Observateur, Frigide Barjot ose déclarer, suite au refus de l'union civile qu'elle défendait dimanche devant les manifestants :
"Il y a eu une sorte de provocation de la part d'élus du FN et de
membres du Printemps français qui brandissaient des banderoles contre
l'union civile, alors que nous venions d'expliquer quelques minutes
auparavant que le meilleur moyen de faire barrage à la loi Taubira était
que les politiques s'emparent de cette union civile. J'ai dit que tant
que ces banderoles seraient maintenues, je ne prendrais pas la parole.
Je suis donc descendue du podium et allée boire une bière au McDo avec
quelques jeunes de la Manif pour tous. Hervé Mariton m'a rejointe."
Sur Facebook, elle ajoute :
"Retour
de la manif mouvementée de Lyon. Bravo à la belle et honnête
mobilisation, mais ATTENTION ! Les fachos ont infiltré les rangs, et les
organisateurs ne sont pas suffisamment vigilants […]. Ce fut un coup monté de
toutes pièces par le Printemps Français, le GUD, et le FN, qui sont
connivents avec certains des cadres, et qui ont sorti des pancartes et
des banderoles siglés LMPT avec des slogans anti-union civile; compte
tenu de nos positions, soit disant de neutralité de la LMPT (?!) , je
suis étonnée que cela se soit passé aux yeux et la barbe des
organisateurs. […]"
Cette théorie du complot est grotesque. Les manifestants sont contre la loi Taubira et ne demandent pas l'union civile, comme l'ont rappelé les dirigeants de La Manif pour Tous récemment. Et Mgr Aillet demande de tenir ce cap.
A Lyon, puisque c'est là que la polémique a éclaté, Sophie Robert, conseillère régionale FN, a rappelé que les élus UMP se sont ralliés très récemment aux défenseurs de la famille, et qu'ils ont seuls le droit de parler alors que les élus FN, engagés depuis longtemps sur le terrain de la défense de la famille, se font censurer.
Sur Le Rouge et le Noir, une manifestante écrit :
"Frigide n’envisage pas une minute qu’on puisse ne pas être d’accord
avec elle et pour autant ne pas être un abruti fascisant : qui n’est pas
pour ce que dit Frigide est forcément fasciste, quoi qu’elle dise.
C’est là le point troublant : qu’elle puisse considérer que son
évolution personnelle, non pas en tant que porte-parole mais en tant que
catholique engagée, doive forcément être la règle pour tous. Certes
Frigide défend l’union civile depuis plusieurs mois, à titre personnel,
mais les messages officiels de La Manif Pour Tous n’ont jamais présenté
cette possibilité comme la revendication du mouvement.Vouloir aujourd’hui confisquer toute la manifestation pour tous au
seul profit de sa mouvance (limitée à 200 signatures depuis la pétition
qu’elle a lancée il y a 15 jours, ndlr), c’est un peu comme François
Hollande qui considère que tous les Français sont forcément d’accord
avec sa proposition 31 parce qu’ils ont voté pour lui, non ? […]Appeler à faire le ménage dans les rangs du mouvement, au nom de la
démocratie et de la pluralité, ça ressemble plus à la nuit des longs
couteaux qu’à un débat intellectuel. Frigide veut que La Manif Pour Tous
soit sa chose, elle a tort, ce mouvement n’appartient à personne, et
certainement pas à un porte-parole qui ne porte plus que sa propre
parole ; Frigide veut apaiser la rue en proposant l’union civile, elle a
tort, car les opposants à la loi Taubira ne peuvent pas se satisfaire
de demi-mesures tactiques ; Frigide veut (faire) croire qu’une rupture
anthropologique majeure, comme elle la nomme, peut se résoudre avec une
forme nouvelle de contrat légal, elle a tort, et elle le sait, car ceux
qui ont œuvré pour faire aboutir leurs intérêts minoritaires (en
adoptant d’ailleurs une même attitude fasciste de discrédit de leurs
opposants, surtout homosexuels) ne se satisferont pas d’une demi-mesure
et l’ont déjà annoncé.Frigide, pourquoi préfères-tu avoir tort avec l’UMP, Fourest et Taubira plutôt que raison avec nous ?
Frigide, on ne lutte pas contre un bouleversement de la société avec
une proposition d’union civile. On ne réunit pas tous les opposants en
leur imposant une pensée unique. On ne mobilise pas les manifestants en
les assimilant à des fascistes. On ne lutte pas contre les siens avec
les armes de l’adversaire, le mépris, l’exclusion, l’amalgame, le déni
et le mensonge. On ne prétend pas qu’on ne lâche rien pour ensuite
lâcher sur l’union civile, en attendant de lâcher sur le reste. […]"