D'Aymeric Pourbaix dans Famille chrétienne :
"Dans le débat sur le « mariage » homosexuel,
les catholiques français ont choisi, avec justesse, de se placer sur le
terrain de la simple raison naturelle, pour éviter d’en faire un débat
religieux. Par contraste, ceux qui veulent changer la loi apparaissent
surtout comme les défenseurs d’un projet communautariste, c’est-à-dire
voulant imposer leurs désirs particuliers, ceux (d’une partie) de la communauté homosexuelle, à l’ensemble de la société.
Mais
il ne faudrait pas non plus qu’en pariant sur la raison dans ce débat,
les catholiques oublient trop vite l’essentiel : à savoir cette grâce
donnée par le sacrement de mariage, ce mystère dont saint Paul dira qu’il est « grand » (Éphésiens 5, 32) parce que comparable à celui du Christ et de l’Église. C’est avant tout en s’appuyant sur cette grâce surnaturelle que Paul VI, s’adressant aux Équipes Notre-Dame, affermira leur détermination à traverser les épreuves de la vie conjugale…Après la Révolution, le mariage civil a repris cette belle ambition mais en la laïcisant,
c’est-à-dire en lui ôtant sa force, son ciment. Et il faut bien
reconnaître que depuis plus de quarante ans, l’institution du mariage
civil s’est affaiblie, de par les bouleversements entraînés par le droit
d’une part (facilitation du divorce) et par les découvertes techniques
d’autre part (contraception, avortement, fécondation in vitro), qui
toutes ont accrédité l’idée qu’on pouvait sans dommage déconnecter la
sexualité d’un possible engendrement. Et donc abîmer au sein du couple
la responsabilité et la confiance mutuelle qui en découlent.Sans
oublier, de manière plus ordinaire, cette coutume née en 1968 des
« enterrements de vie de garçon » (ou de jeune fille), dont les termes
mêmes n’augurent pas d’une saine aspiration au bonheur conjugal. Si vous
tapez par exemple une recherche avec ces mots sur Internet, vous
tomberez en premier sur un site au nom éloquent : « cordocou ». En bon
français, la « corde au cou »…Voilà donc l’idée chrétienne du mariage devenue « folle », comme disait Chesterton.
Mais le diable porte pierre, disaient les Anciens, pour expliquer que
l’œuvre de Dieu passait parfois aussi par l’entremise du Malin. Lequel
joue parfois contre son camp…Appliqué au projet de loi sur le
mariage et l’adoption par des personnes de même sexe, cet adage se
vérifierait-il à nouveau ? Il ne serait pas étonnant en effet que le
débat en cours mette les chrétiens au défi de « rendre compte de l’espérance qui est [eux] » (1 Pierre 3, 15), sur une notion aussi essentielle que celle de l’alliance entre un homme et une femme."