L'Assemblée nationale a voté ce matin la prolongation de 6 mois de l'état d'urgence. Le Figarovox interroge le professeur Guillaume Drago, professeur de Droit public à l'Université Panthéon-Assas (Paris II) et directeur du Centre d'études constitutionnelles et politiques, qui estime que nous possédons un arsenal juridique suffisant, mais qu'il manque la volonté de l'appliquer :
"Derrière le paradoxe de l'état d'urgence, se pose la question de la volonté politique. Les politiques font payer à la nation quarante ans de démission, à la fois éducative et sociale à l'échelle nationale. Ils font également payer à la nation une diplomatie hésitante, qui a conduit la France à des actions erratiques, notamment au Moyen-Orient, et qui a produit les effets en chaîne que nous subissons aujourd'hui. Cet ensemble d'abandons et d'égarements dépasse complètement le paradoxe de l'état d'urgence, qui n'est somme toute qu'une méthodologie primaire. La réponse concrète doit passer par une réponse pénale, qui existe déjà.[…]
La réponse, ce n'est pas la loi, mais l'action, la détermination et la définition d'une doctrine d'action. Disons-le clairement: tout existe déjà dans le dispositif législatif, comme on l'a vu d'ailleurs avec le dispositif sur la déchéance de nationalité ou l'état d'urgence. Ceux-ci n'avaient pas besoin d'être constitutionnalisés. Mais aujourd'hui, la volonté politique est manifestement faible, elle l'est même intrinsèquement parce qu'elle n'est pas soutenue par une doctrine et qu'elle est affaiblie par un certain nombre de dogmes idéologiques."[…]