[Notre "correspondant" sur les élections présidentielles polonaises, Marek, nous donne des précisions sur le déroulement de la campagne – HV]
Voici quelques informations récoltées au fil des jours.
Les 4 sondages qui viennent de paraître après le 1er tour de l’élection présidentielle donnent la victoire au candidat libéral Donald Tusk face à Lech Kaczynski. Les résultats paraissent sans appel : 56 % contre 44 % ; 54 % contre 46 %, 62 % contre 38 % (12 octobre) et enfin 56 % contre 44% (13 octobre). Tout cela nous semblerait consternant !
Nous pouvons néanmoins nous interroger sur l’objectivité de tels sondages. En effet, si nous nous en tenons aux sondages ayant précedé le premier tour de la Présidentielle et lorsque nous constatons les résultats du premier tour, nous remarquons de grandes disparités. Lech Kaczynski semble en effet avoir obtenu un meilleur score par rapport à ce que prévoyait le meilleur sondage en sa faveur alors que Donald Tusk a obtenu un résultat inférieur par rapport à ce que prévoyait le sondage le plus défavorable pour lui. Il semble donc que les instituts de sondages soient dans de bonnes mains et souhaitent influencer de manière déplorable la population à voter pour le candidat libéral. Cela me fait penser étrangement à l’élection Présidentielle en France en 2002. Jean-Marie Le Pen avait ainsi était continuellement discriminé et "négligé". Quant à ses résultats, ils avaient été réguliérement abaissés. Juste avant la grande surprise du 21 Avril 2002, il n’était encore crédité que de 11 à 12 % des voix. Au final il a réussi à se retrouver au second tour de la Présidentielle avec 17 % des voix. Certains politiciens doivent aujourd’hui encore s’en mordre les doigts…
Par ailleurs, l’écart entre Donald Tusk (36,33 %) et Lech Kaczynski (33,1 %) au premier tour n’était que de 3,2 % alors que les instituts de sondages prévoyaient depuis des semaines une victoire haut la main de Donald Tusk (et ce même au premier tour) avec 10 à 20 points d’écart.
Autre nouvelle, le candidat populiste de l’Auto-défense (Samoobrona) Andrzej Lepper va certainement jouer un rôle décisif au second tour. Aprés le premier tour de la Présidentielle où il a obtenu plus de 15 % des voix, Andrzej Lepper s’est rendu avec un certains nombre de ses proches du Parti au Vatican pour remercier Dieu et le Saint-Père Jean-Paul II pour les très bons résultats obtenus au cours des législatives (11,41 %) et de la Présidentielle (15,11 %) . Juste avant son départ, il a fait savoir qu’il souhaitait que Dieu vienne l’imprégner de sa force pour lui donner de précieuses recommandations au sujet du report des voix pour le second tour. En réalité, nous voyons mal comment Andrzej Lepper (proche du Père Rydzyk qui a fondé Radio Maryja) pourrait reporter ses voix sur un candidat baignant dans le libéralisme. L’un de ses plus proches conseillers vient d’ailleurs de souligner que c’est bien entendu vers le Parti des frères Kaczynski qu’ils envisagent de se tourner.
Cela n’arrange pas beaucoup Donald Tusk. En effet, sur quel soutien peut-il encore compter ? Son piètre résultat du premier tour l’a quelque peu meurtri. Même les partisans du socialiste Marek Borowski (10,33 %) ne pensent pas tous se tourner vers lui d’après les enquêtes, et ce bien entendu à cause de ses convictions libérales. Les propos tenus aujourd’hui (jeudi 13 octobre 2005) par Marek Borowski viennent confirmer cette thèse (Il souhaite en effet avoir de la part de Donald Tusk des précisions sur la politique que ce dernier envisage de mener. Donald Tusk n’a pas souhaité lui répondre).
Le protectionnisme social souhaité par Lech Kaczynski fera certainement la différence. Ainsi, une partie des électeurs socialistes pourrait se tourner vers lui, de même qu’Andrzej Lepper et la Ligue des Familles Polonaises (LPR). Quant à Radio Maryja, elle avait appelé les candidats de la LPR, du parti paysan PSL (Kalinowski, 1.8 % des voix) et même Andrzej Lepper (plus de 15 %) à se retirer de la course à la Présidentielle avant le premier tour au profit de Lech Kaczynski. Seul Maciej Giertych (le candidat de la LPR) avait décidé de céder, les résultats ne lui donnant que 2 à 3 % des voix.
Enfin, nous voyons mal comment ceux qui ont décidé de ne pas se déplacer pour aller voter pourraient donner la victoire à Donald Tusk. Avec une croissance de 3 à 5 % ces derniéres années, la Pologne compte le taux de chomage le plus élevé de l’UE avec officiellement 18 % de gens sans emplois. Cela paraît naturellement paradoxal. La politique libérale du Président post-communsite Aleksander Kwasniewski et de ses premiers ministres (en particulier Leszek Miller), a visiblement porté ses fruits, comme en témoignent également les nombreuses commissions d’enquêtes apparues ces 2 dernières années et se penchant sur les affaires de corruption du pouvoir en place.
Marek