Le 24 septembre dernier s’est déroulé à la Maison de la Chimie un colloque organisé par plusieurs associations (Una Voce, Paix liturgique, Notre-Dame de Chrétienté, Lex orandi, Renaissance catholique) sur le thème de l’avenir de la messe traditionnelle. Paix Liturgique a interrogé Jean-Pierre Maugendre, Directeur Général de Renaissance catholique, un des organisateurs de ce colloque.
Pourquoi avoir organisé ce colloque ?
Le motu Proprio Traditionis custodes, promulgué par le pape François le 16 juillet 2021, a marqué la volonté pontificale de voir disparaître la célébration de la messe romaine traditionnelle. De dérogations en exceptions, les restrictions à la célébration de cet usus antiquior perdurent néanmoins. Or il apparaît à beaucoup de fidèles et de prêtres qu’il s’agit là, à la fois d’un grave abus de pouvoir et d’une décision méprisant souverainement les difficultés doctrinales, liturgiques et spirituelles que soulève la réforme liturgique. Si, comme l’écrivait récemment un évêque à l’un de nos amis il ne s’agit que de querelles stériles autour de « détails liturgiques » pourquoi une telle hargne contre la messe traditionnelle. Si, en revanche, sont en jeu des questions doctrinales de fond merci de nous expliquer ce qui a, fondamentalement, changé. Les clercs étant tenus à une certaine réserve il nous est apparu important que des laïcs puissent montrer leur détermination à ne pas se laisser déposséder des trésors qui ont sanctifié leurs pères. Cela d’autant plus qu’au vu des résultats catastrophiques de la réforme liturgique (effondrement de la pratique religieuse, chute des vocations, ignorance religieuse généralisée, etc.) cette volonté de rompre avec la Tradition de l’Eglise apparaît pour le moins incongrue, voire purement idéologique.
Comment cela s’est-il passé ?
Notons d’abord que ce colloque devait, à l’origine, se dérouler dans la crypte de l’église sainte Odile à Paris. Sur intervention personnelle de Mgr Ulrich, archevêque de Paris, nous n’avons pu être reçus dans cette paroisse et avons dû nous rabattre sur la Maison de la Chimie. Bienheureuse exclusion qui nous a permis d’accueillir 450 participants dans un cadre prestigieux, ce qui aurait été impossible à sainte Odile. Deo gratias ! Nous avons alterné trois modes de communication :
- des conférences sur la richesse de la messe traditionnelle, une tentative de définition du traditionalisme, des pistes de réflexion, concrètes, sur l’avenir de la messe traditionnelle
- des entretiens sur l’histoire de l’interdiction de la messe traditionnelle, l’obéissance dans l’Eglise
- des table-rondes sur la situation concrète dans les diocèses et une tentative de bilan d’un demi-siècle de réforme liturgique.
Tous les participants ont apprécié la grande qualité des interventions. Ce fut également, pour beaucoup, l’occasion de rencontrer les auteurs de diverses contributions écrites ou intervenants d’émissions de télévision : Cyril Farret d’Astiés, l’abbé Barthe, l’abbé Celier, Luc Perrin, Jean de Tauriers, le chanoine Denis, Jeanne Smits, etc. Une abondante librairie, prise littéralement d’assaut, venait compléter l’enseignement oral de cette journée. A l’heure des réseaux sociaux et de l’immédiateté ce serait une cruelle illusion que de croire que des convictions solides peuvent se forger et se transmettre sans un effort d’étude dont le livre reste le support privilégié. Un beau succès, dû à la mobilisation de toutes les associations organisatrices.
Pourquoi publier aujourd’hui les Actes de ce colloque ?
« Verba volent. Scripta manent » Les paroles s’envolent les écrits restent. Il nous a semblé que la qualité des interventions de cette journée rendait nécessaire une retranscription écrite. Tout d’abord pour permettre aux participants de revenir sur tel ou tel sujet calmement, un crayon à la main selon la recommandation de… Voltaire : « Celui qui ne lit pas un crayon à la main dort ». Ensuite pour que puissent bénéficier de ces travaux des personnes qui n’étaient pas présentes. Enfin pour fournir un argumentaire peu onéreux, concis et disponible qui puisse être diffusé pour faire comprendre les raisons de notre attachement à la liturgie romaine traditionnelle. Ces Actes sont, à nos yeux, un outil de propagande, aisément accessible et diffusable, au service de la Tradition de l’Eglise.
Avez-vous des projets ?
Bien sûr ! Nous souhaitons, tout d’abord, partir à la rencontre des provinciaux qui n’ont pu être présents à Paris le 24 septembre dernier. Un certain nombre des intervenants de ce colloque sont prêts à se rendre en province, à l’invitation d’une association locale, afin de traiter, a priori en une soirée, le sujet qui fut celui de notre colloque : « Quel avenir pour la messe traditionnelle ? » Ensuite nous mettrons en ligne d’ici quelques semaines les enregistrements vidéos des interventions de ce colloque. Enfin nous avons déjà réservé, à la Maison de la Chimie, la date du samedi 23 septembre 2023 pour la seconde édition de ce colloque dont il y a fort à parier que le sujet sera toujours d’actualité. Il s’agit là d’un lieu de réflexion et de rencontres uniques dans la diversité des histoires et des choix prudentiels de chacun mais aussi dans l’union autour d’un commun attachement à la messe traditionnelle. Confiants dans le développement de cette initiative nous avons loué une salle supplémentaire, qui servira de garderie, afin de permettre aux parents qui ont des enfants en bas âge d’être également présents. Nous souhaitons enfin une plus large mobilisation des mouvements de jeunes, souvent bénéficiaires des combats et des sacrifices de leurs anciens, peut-être, parfois, oublieux des raisons de fond de notre attachement à la liturgie romaine traditionnelle.
Que Dieu nous garde !