Premier musulman à occuper les fonctions de commandant en chef de l’armée, le général Sonthi Boonyaratglin est le principal leader du coup d’état militaire qui a renversé le gouvernement sans effusion de sang. Le Premier ministre s’était opposé à ce général sur plusieurs dossiers et son remplacement à la tête de l’armée devait intervenir le mois prochain. Son accession au commandement de l’armée en octobre 2005 était déjà apparue comme une surprise alors que la majorité des postes à responsabilités avaient été accordés à des proches du Premier ministre. C’est grâce au soutien affiché de l’ancien commandant suprême des forces armées et du Président du conseil privé du roi, qu’il avait pu atteindre ces hautes fonctions. Il apparaît donc comme un proche du palais et a toujours assuré le roi de sa totale fidélité.
L’opposition le plus visible de Sonthi avec la politique du gouvernement s’est manifestée sur la répression de la rébellion islamiste à la frontière de la Malaisie. Il avait publiquement reconnu l’existence de listes noires constituées par les services de sécurité pour éliminer des militants islamistes malais. Il avait dénoncé les impasses d’une telle politique et lancé des initiatives de dialogue avec les populations musulmanes du Sud.
Il a démenti que le roi (78 ans) soit derrière le coup d’Etat, en précisant: "L’armée a agi conformément aux voeux de la population" :
"Nous avons estimé que le Premier ministre […] avait provoqué un clivage sans précédent dans la société, une corruption rampante, du népotisme et de l’ingérence dans des agences indépendantes qui n’arrivaient plus à fonctionner".
Toutefois, il a estimé que le premier ministre, au pouvoir depuis 2001, avait "insulté le roi de manière répétée" et il a affirmé hier bénéficier de l’assentiment du roi pour conduire l’exécutif intérimaire. Un communiqué lu à la télévision précise :
"Afin de maintenir l’ordre et la paix dans la nation, le roi a nommé le général Sonthi Boonyaratglin au poste de dirigeant du Conseil militaire pour la réforme politique".
Michel Janva (avec notre correspondant en Asie)
Perus
Le Salon Beige a ses correspondants en Asie… Quelle classe !