Lu dans Minute de demain :
"Il y a neuf ans, la presse, notamment « Libération », appelait dignement à ne pas amalgamer la gauche avec la folie meurtrière de Richard Durn, écologiste auteur d’une tuerie au conseil municipal de Nanterre. Aujourd’hui, cherchant à mouiller les populistes à tout prix, elle a oublié ses bons principes. […]
Dans la nuit du 26 au 27 mars 2002, alors que le conseil municipal de Nanterre, dans les Hauts-de-Seine, s’achève, un homme, installé dans le public, se lève, met en joue les élus et tire méthodiquement. Bilan: huit morts, dix-neuf blessés. Le jeudi 28 mars, « Libé » titre: «N’exploitez pas Nanterre», et écrit que «l’explication nous échappera toujours »; que « le pauvre fou assassin […] n’aurait rien à nous apprendre sur son acte marginal»; qu’il n’a pas de « cause à défendre». « Libé » ajoute que l’« étrangeté » de Richard Durn, le tueur, est « une des formes du destin contemporain » Ce n’est pas signé Marguerite Duras, mais ça pourrait. Difficile, en effet, pour « Libé », d’« exploiter Nanterre ». Durn a tout d’abord fréquenté, à la faculté de Nanterre, les milieux autonomes d’ultra-gauche – dont le couple Florence Rey/Audry Maupin, auteurs d’une équipée sauvage qui fit cinq morts dans la capitale en 1994. En 1988 – il a 27 ans –, il a adhéré au PS. Il va y militer cinq ans.
Au printemps 2001, Durn rejoint un groupe de dissidents socialistes alliés aux écologistes partis à la conquête de la mairie de Nanterre. La même année, il adhère à la Ligue des droits de l’homme, dont il devient trésorier pour la section de Nanterre. Au moment de la tuerie, il occupe toujours le poste. L’action locale ne suffisant pas à ses rêves d’héroïsme, Durn s’engage dans l’action internationale. De 1993 à fin 2001, il accompagne une dizaine de convois humanitaires en Bosnie, au Kosovo et au Monténégro. En 1998, il séjourne dans un kibboutz israélien. Deux ans plus tard, il retourne en Terre Sainte, mais cette fois dans des camps palestiniens, et déclare à un ami (juif, surpris) son admiration pour ces « maîtres de la mort » que sont les kamikazes. Cerise sur le gâteau, il se trouve en juillet 2001 à Gênes, parmi les manifestants antimondialisation.
Dans son édition du 3 avril 2002 (n° 2047), « Minute » commente ainsi l’article de « Libé »: « Ne pas exploiter Nanterre? Effectivement, nous ne l’exploiterons pas. Même s’il n’est pas exclu, en l’état actuel de notre enquête, qu’il ait croisé sur son chemin des gens qui aient eu tout intérêt, dans de funestes desseins, à attiser sa haine de soi et des autres, le préparant psychologiquement à accomplir une mission dont il n’aurait été que l’instrument inconscient. Richard Durn n’était qu’un dingue qui a pété les plombs. Peu nous chaut son parcours politique. Puissent “Libération” et quelques autres se souvenir de leur légitime aspiration de ce début de printemps si, par malheur, un autre dingue, un autre paumé, un autre “pauvre fou assassin”, muni d’un bagage politique opposé, venait, ce qu’à Dieu ne plaise, à accomplir dans un geste de désespoir insensé un nouveau carnage. » Notre article était titré: « Selon que vous serez présumé fasciste ou gauchiste avéré… » C’est parfois fatigant de toujours prévoir ce qui va se passer."