C’est le témoignage d’un ex-syndicaliste CFTC :
"La scène se passe en juin 1998, au siège parisien de l’UIMM. Les partenaires sociaux sont réunis pour renégocier la convention collective des cadres. Le patronat souhaite rogner leur régime de départ en retraite : à la différence des autres salariés, les cadres peuvent travailler jusqu’à 65 ans ; si leurs employeurs veulent s’en débarrasser dès 60 ans, il doivent verser l’équivalent d’une indemnité de licenciement.
Jean-Claude Duret,membre de la délégation CFTC, ne voit pas pourquoi il devrait lâcher du lest. […] Après esclandre, il quitte brusquement la réunion, suivi par un type en costard, membre de la délégation de l’UIMM. qui lui pose cette question fâcheuse: «Quels sont vos besoins ?» Jean-Claude Duret s’indigne derechef, le type en costard ne se démonte pas: «Tout homme a son prix, un syndicaliste n’est pas incorruptible. Je vous serre la main, c’est pour la dernière fois.»
De fait, Duret ne sera pas convié par la CFTC aux réunions suivantes. […] Dernier souvenir de cette mémorable journée: le soir, l’ensemble des délégués syndicaux se retrouvent au restaurant. Duret veut régler son addition. On lui rétorque :
«T’inquiète, c’est payé par le patronat.»