De Stéphane Buffetaut, Elu vendéen, ancien député européen, membre du bureau politique du CNIP, pour le Salon beige:
Mediapart, qui n’adore rien tant que les pseudo-révélations destinées à jeter l’opprobre sur tel ou tel et à susciter l’indignation de commande propre à la secte politiquement correcte néo-marxiste, a réussi à susciter une émotion de commande parce que Jean-Michel Blanquer avait passé ses vacances, entre Noël et le jour de l’an, à Ibiza. Ceci juste avant de cautionner l’invraisemblable protocole sanitaire infligé aux enfants et au personnel enseignant à la veille de la rentrée.
On ne rentrera pas dans les circonstances personnelles de ce choix de villégiature, cela ressort de la vie privée et doit être protégé de l’indiscrétion malsaine d’une presse de caniveau. Après tout, chacun peut passer ses vacances où il veut et Ibiza n’est pas que le lieu de la fête « jet set ». Certes, alors que les Français se débattent dans des contraintes sanitaires de plus en plus liberticides et ubuesques, il est permis de considérer que le lieu pouvait se transformer en symbole désagréable de l’éloignement de la nomenklatura politique des conditions de vie de tout à chacun. Donc imprudence, maladresse certes mais pas plus. Disons-le, j’ai en horreur cette pseudo-vertu de la gauche trotskiste dont son maître à penser écrivait: « Le jugement moral est conditionné, avec le jugement politique, par les nécessités intérieures de la lutte » (Trotski, Leur morale et la nôtre, 1938). Il faut donc se méfier de la « vertu » révolutionnaire qui n’est qu’un instrument. Robespierre, notre psychopathe national, ne déclarait-il pas que « la Terreur est l’émanation de la vertu ».
La question est que cette polémique autour d’un faux scandale fait oublier le vrai scandale : celui du protocole sanitaire de soixante pages, communiqué aux chefs d’établissement et aux professeurs la veille de la rentrée, protocole intitulé en bon français administratif « contact tracing » ! Texte quasiment inapplicable, qui vient après une trentaine d’autres depuis le début de l’épidémie, qui pourrit la vie des parents et frise la maltraitance pour les enfants. A tel point que le Gouvernement a dû, en urgence, le simplifier et Jean Castex jouer le rôle du pompier pyromane avec l’expression éberluée qui est sa marque.
Cet énième épisode du délire administratif français est sinistrement révélateur du fait que nos ministres ne contrôlent plus leurs administrations, ou sont tellement perdus dans leur tour d’ivoire qu’ils deviennent incapables de percevoir l’absurdité des contraintes administratives dont ils harassent les Français. Chacun se souvient de la délirante attestation de sortie de deux pages, émise par le ministère de l’intérieur en mars dernier et que Gérald Darmanin avait dû faire retirer dans la précipitation, tant l’indignation et les railleries avaient envahi les réseaux sociaux.
Mais le pire est que les Français semblent s’y accoutumer. Lors de sa dernière conférence de presse, le Premier Ministre a informé avec sérieux, et comme si c’était une faveur inouïe consentie au peuple, qu’il serait bientôt possible de prendre nos consommations debout dans nos cafés. Dans un pays normalement constitué, lui et son ministre de la Santé auraient dus être bombardés d’œufs ou de tomates, tournés en ridicule, hués ! Mais non, cette absurdité administrative, cette incongruité étatique, ce ridicule politique paraissent admissibles. Tandis que Monsieur Véran explique que le laisser-passer vaccinal, alors que le laisser-passer sanitaire a fait la preuve de son inutilité pour endiguer la vague omicron, sera instauré pour une durée indéfinie et qu’ainsi, la mise sous contrôle des Français non seulement se poursuit mais encore s’aggrave. Encore un peu d’efforts, demain sera affiché aux portes de nos bistrots et restaurants le petit panonceau: « Interdit aux chiens et aux non-vaccinés » !
On le sait, quand Georges Pompidou souhaitait que l’on arrêtât « d’emmerder les Français », Macron a envie du contraire. Et passe à l’acte. La crise sanitaire a mis en relief la folie absolue de l’administration française qui, sous des prétextes variés, entend régler la vie des Français dans le détail, tout en se protégeant de toute mise en cause de sa responsabilité. Univers aussi kafkaïen qu’Orwellien.
Grâce à Eric Zemmour, la question de la survie de notre civilisation, de notre culture, de nos modes de vie, de l’existence même de notre nation a fait irruption dans le débat des élections présidentielles, qui, contrairement à ce que semblent croire certains et certaine, ne pourra pas se limiter aux habituelles propositions technocratiques.
Mais il est un autre débat essentiel pour la survie de la France : la libérer du joug de l’Etat jacobin. Par naissance, il fut totalitaire et sanguinaire. Par essence, il reste traversé par la tentation totalitaire. Par étouffement des initiatives et des libertés. Car il n’est plus fort, il n’est que lourd. Peu respecté, systématiquement bafoué dans les quartiers dits de reconquête républicaine, il n’exerce sa rigueur que contre les honnêtes gens trop soumis.
La France compte 5,5 millions d’gents publics contre, par exemple, 4,9 millions en Allemagne, pays qui compte 10 millions d’habitants de plus que nous ! Clémenceau avait déjà remarqué : « la France est un pays extrêmement fertile. On y plante des fonctionnaires, il y pousse des impôts ». La conséquence est en effet que notre pays est le plus imposé des pays de l’OCDE et caracole en tête en ce qui concerne la part des dépenses publiques dans le PIB (61,7 points). Le moins que l’on puisse dire, c’est que les Français n’en ont pas pour leur argent : police et justice dans la misère, hôpital public en berne, infirmières mal rémunérées, défense variable d’ajustement du budget de la France, monuments historiques en piteux état, écoles et universités qui ne cessent de reculer dans les classements internationaux, insécurité en hausse… le litanie peut être poursuivie longuement. Où passe donc l’argent ? Dans une bureaucratie pléthorique certainement. On sait, par exemple, que 35,22% des emplois hospitaliers en France ne sont ni médicaux ni paramédicaux. La proportion est de 24,3% en Allemagne ! A cela s’ajoute un système social très redistributif, dispendieux et largement ouvert au monde.
Mais comme l’Etat jacobin ne manque jamais d’imagination pour pressurer les Français, le Conseil d’analyse économique, qui conseille le Gouvernement, vient de proposer d’alourdir les droits de succession au détriment des familles – sous prétexte d’égalité, passion française dont Tocqueville avait perçu tous les dangers. Notons que ce délicieux impôt sur la mort a déjà en France le taux marginal le plus élevé de l’Union européenne (45%) et représente 1,38% des ressources fiscales alors la moyenne est de 0,5 % pour les 24 pays membres de l’OCDE (sur 37) qui appliquent cette fiscalité macabre. Décidément, en matière d’impôts, la France c’est toujours plus !
Valérie Pécresse a « gazouillé » qu’elle instaurerait un « comité de la hache » pour tailler dans les règlements et supprimer toutes les lourdeurs administratives. Promesse éculée faite par le RPR, puis l’UMP, et maintenant par LR. On sait ce qu’il en a été concrètement des réductions d’effectif de la Fonction publique quand ses amis et elle-même ont été au gouvernement. Pourtant, le phénomène démographique du « papy boom », qui touche bien sûr la fonction publique, présente une opportunité qu’il faudrait saisir en ne remplaçant pas les départs à le retraite un pour un.
Les journalistes serviles répètent toujours la même ritournelle : « Vous voulez moins de policiers, d’infirmières, de magistrats … » Les postes qu’il conviendrait de supprimer, ou de ne pas pérenniser, sont bien évidemment ceux de la bureaucratie induite par des réglementations inutiles, excessives, punitives.
Il existerait en France 11 500 lois, 450 000 articles réglementaires, 400 000 normes, 75 codes. Lorsque l’on sait que nul n’est censé ignorer la loi, force est de constater que cette inflation légale et réglementaire crée en pratique une insécurité juridique et une pesanteur administrative insupportables pour les citoyens. Mais si les administrations française et européenne sont responsables, le législateur et donc le monde politique dans son ensemble sont tout aussi responsables puisqu’ils votent la loi ou la proposent. En partie en raison de la manie de vouloir répondre à un problème par une législation nouvelle, ou de la vanité de tel ou tel ministre qui prétend attacher son nom à une loi. Joseph de Maistre avait déjà remarqué: « Pourquoi tant de lois, c’est qu’il n’y a point de législateur. »
En fait, le travail absolument nécessaire d’une épuration profonde du corpus juridique et réglementaire est un travail titanesque. Une reconstruction comparable à celle réalisée par Bonaparte à la suite du renversement total du système juridique de l’Ancien régime. Ce chantier est nécessaire, faute de quoi les Français finiront étouffés par le poids des lois, normes et règles qui s’accumulent sur leurs têtes et qui les rendent fous ou résignés. Avec pour conséquence le déclassement de la France, elle-même entravée sur tous les plans par le délire administratif.
Ici encore, seul Eric Zemmour semble avoir pris la mesure de l’œuvre à accomplir et l’énergie qu’il faudra déployer pour mettre en place une véritable révolution administrative en proposant la création d’un « haut commissaire à la simplification administrative » directement rattaché à l’Elysée. Il s’agira de restaurer un Etat fort dans des compétences limitées, recentré sur ses devoirs régaliens et les grands projets d’envergure nationale. Un Etat arbitre et juste qui ne prétend pas faire « à la place de » mais qui mise sur l’autonomie, l’initiative et la liberté des personnes, des entreprises et des communautés naturelles. Un Etat qui ne confond pas bien commun et intérêts particuliers de l’administration. Un Etat où cesseront l’empilement et la multiplication des lieux de décision au nom d’une décentralisation mal conçue.
Lorsque l’on compare la clarté du code civil initial au jargon juridico administratif des directives européennes, dont Jacques Delors pronostiquait qu’elles représenteraient 80% des législations nationales en l’an 2000 (lois et décrets), et des lois françaises, on ne peut que déplorer le déclin juridique de notre pays.
Le vrai Etat de droit, c’est la clarté des lois, la stabilité des législations, l’autorité et l’impartialité de l’Etat. Au mois d’avril, ne nous trompons pas de candidat. Ceux qui sont les fruits du système ne pourrons pas, ne saurons pas, trouver en eux et en la France l’énergie pour mettre à bas le carcan administratif et restaurer la force et la grandeur de notre vieux pays qui n’a pas encore écrit le mot fin sur le grand livre de son Histoire.
sivolc
Il pourrait avantageusement dire tout ça en deux paragraphes!
Heracles
Une jolie variante, de Didier Maisto :
“Quand le sage montre la thune, l’idiot regarde le droit.”
https://twitter.com/DidierMaisto/status/1484606329029382145
VIVANT
Cet article apporte quelques informations de qualité, mais il est trop long. Et l’auteur peut dire simplement : j’appelle à voter Zemmour.
Cro-Magnon
Nettement mieux, gros progrès. On sent qu’il y a un objectif à atteindre.
Toutefois je ferai deux remarques :
— il est dommage que tu ne mentionnes pas dans les raisons de la pérennité de l’empilement des lois, décrets et règlements le fait que depuis 40 ans le parlement (AN et Sénat) n’ait comporté au sein de ces instances et encore moins au niveau des gouvernements, qu’un nombre ridicule de représentants de la vraie droite à cause des manœuvres de la droite (fausse) et de la gauche pour les empêcher d’y être présents conformément à la proportion de leurs idées dans le pays.
— en second lieu, alors que tu arrives au diagnostic que je fais ci-dessus (ceux qui sont les fruits du système ne pourront pas, ne sauront pas (avec des t, c’est mieux) trouver en eux…) mais pourquoi rajouter “et en la France ? Personnellement j’ai toute confiance dans les capacités de la France de trouver en son sein l’énergie nécessaire, encore faut-il qu’on veuille bien ne pas écarter ceux qui ont les qualités pour faire le boulot !