Nous remercions l’association Una Voce de nous autoriser à publier des extraits des excellents commentaires des cinq pièces grégoriennes du dimanche ou de la fête à venir.
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Ce dimanche s’appelle aujourd’hui le dimanche des deux maîtres en raison de son Évangile, ou également le dimanche de la Providence, Domínica Providéntiae, en raison de ce même Évangile qui nous parle de la bonté paternelle de Dieu. Puisse cette belle formule nous accompagner toute la semaine !
La messe Protéctor noster de ce dimanche est de nouveau une messe belle et joyeuse. Aujourd’hui la communauté et l’âme ont l’impression d’assister à des fiançailles. Comme l’âme a désiré passer le « jour du Seigneur » dans les « parvis de Dieu », dans son « tabernacle » ! C’est ici sa « demeure ». Elle implore de Dieu un regard de complaisance sur son « oint » (c’est l’âme et la communauté, le Christ mystique).
Les chants du propre de la messe du XIVedimanche après la Pentecôte, comme dimanche dernier, proviennent encore tous du livre des psaumes, hormis la Communion, qui est, cette fois, nous allons le voir , extraite de l’Évangile…
Introït : Protector noster
Le texte de l’Introït est emprunté au psaume 83, qui est utilisé assez souvent dans la liturgie. Nous l’avons rencontré notamment au Graduel du cinquième dimanche, qui commençait par les mêmes mots que l’Introït de ce jour. Dans ce psaume, le peuple d’Israël, exilé loin de Jérusalem et du temple, exprimait son ardent désir de revoir la maison de Dieu, et dans les versets qui forment cet Introït, c’est le roi d’Israël, oint du Seigneur (en latin Christus) qui lève les yeux vers le ciel pour le supplier.
Protector noster, aspice, Deus, et respice in faciem Christi tui : quia melior est dies una in atriis tuis super millia.
Dieu, notre protecteur, regardez et jetez les yeux sur le visage de votre oint, car un seul jour passé dans vos parvis vaut mieux que mille.
L’oint du Seigneur, le roi d’Israël, est comme toujours la figure du Messie, mot qui signifie aussi oint en hébreu, et le temple, la maison de Dieu est la figure de l’Eglise, dont le Christ est la tête ; il est aussi la figure du ciel, où nous supplions Dieu de trouver un jour le bonheur éternel. Ce texte convient particulièrement bien au début de la messe où le prêtre, qui représente le Christ, monte à l’autel pour présenter nos prières. La première phrase exprime notre supplication par une mélodie très ardente avec un grand élan, qui culmine sur le mot Christi. La deuxième phrase exprime notre bonheur de nous trouver dans l’Eglise et notre aspiration au bonheur du ciel par une mélodie plus douce et mystique mais non moins fervente. Cet Introït est accompagné du premier verset du psaume 83 :
Quam dilecta tabernacula tua, Domine virtutum ! concupiscit, et deficit anima mea in atria Domini.
Que vos tabernacles sont aimables, Seigneur des armées célestes. Mon âme soupire et languit après vos parvis.
Graduel : Bonum est confidere
Le Graduel du quatorzième dimanche après la Pentecôte exprime ce qu’on pourrait appeler le sentiment de base de toute âme chrétienne, la reconnaissance de notre faiblesse et de notre indignité, la confiance en la bonté et la toute puissance divine.
Bonum est confidere in Domino, quam confidere in homine. Bonum est sperare in Domino, quam sperare in principibus.
Mieux vaut mettre sa confiance dans le Seigneur, que de mettre sa confiance en l’homme ; mieux vaut mettre son espérance dans le Seigneur, que de mettre son espérance dans les grands de ce monde.
C’est un verset du psaume 117, grand cantique d’action de grâces qui est utilisé particulièrement dans la liturgie de Pâques. Il contient, entre autres, le verset Hæc dies. La confiance en Dieu, exprimée en ce Graduel, est évidemment la conséquence de notre reconnaissance pour ses bienfaits. La mélodie utilise des formules habituelles des Graduels qui reviennent souvent en ces dimanches après la Pentecôte, mais ici elles conviennent très bien pour traduire la confiance joyeuse du texte, et elles ne sont pas choisies au hasard. Ainsi les formules qui ornent dans chaque phrase le mot Domino sont toujours réservées au nom du Seigneur. On remarquera aussi comment sur le mot homine la mélodie descend dans le grave avec humilité.
Alleluia : Venite exsultemus
L‘Alleluia du quatorzième dimanche après la Pentecôte, comme la plupart de ceux de ce temps liturgique, est un chant de louange et d’action de grâces enthousiaste, dont le texte est formé encore une fois du premier verset d’un psaume. Il s’agit aujourd’hui du psaume 94.
Venite, exultemus Domino : jubilemus Deo, salutari nostro.
Venez, exultons pour le Seigneur, poussons des cris de joie pour Dieu notre Sauveur.
Ce psaume est bien connu car c’est celui de l’invitatoire des Matines qui débute chaque jour l’office de nuit, en invitant tous les chrétiens, ou au moins tous les prêtres, religieux et religieuses à venir louer le Seigneur. La mélodie, comme il convient, est celle d’une acclamation très joyeuse, et elle est proche parente de celle des alléluias des dixième, onzième et treizième dimanches de ce temps liturgique. On y retrouve encore un contraste assez net entre le mot Alleluia, à la mélodie peu développée et même ici assez statique, avec de longues tenues sur la même note, et le verset où la mélodie s’élève au contraire en grandes vocalises presque échevelées, surtout celle du dernier mot qui reprend d’ailleurs en grande partie la vocalise analogue qui concluait le verset de l’Alleluia du dixième dimanche.
Offertoire : Immittet Angelus
Le texte de l’Offertoire du quatorzième dimanche après la Pentecôte est tiré du psaume 33, chant de louange et de reconnaissance au Seigneur, que nous avons déjà rencontré à plusieurs reprises dans ce temps après la Pentecôte : Graduels Venite filii du septième et Benedicam Dominum du douzième dimanche, Communion Gustate du huitième. Nous allons d’ailleurs retrouver une partie du texte de cette Communion dans la dernière phrase de l’Offertoire de ce jour.
Immittet Angelus Domini in circuitu timentium eum, et eripiet eos : gustate et videte, quoniam suavis est Dominus.
L’ange du Seigneur se tient autour de ceux qui le craignent et Il les délivre ; goûtez et voyez comme le Seigneur est doux.
Les deux versets qui sont ici réunis et qui se suivent d’ailleurs dans le psaume sont très différents. Le premier est une affirmation de la protection que le Seigneur nous accorde en particulier par le ministère de ses Anges. Le deuxième est une exclamation admirative devant la bonté et la douceur de ce divin protecteur. Et ce texte invite tous les hommes à goûter cette bonté et cette douceur, ce qui (nous l’avons déjà vu à propos de cette phrase dans la Communion du huitième dimanche) est le mode de connaissance le plus intime et le plus profond et nous conduit à la vision béatifique : Gustate et videte. La mélodie unit ces deux versets en un tout bien soudé à la fois très affirmatif et plein de douceur, et pour mieux marquer encore cette unité, à la fin du premier verset, sur les mots eripiet eos, la mélodie reste sur une teneur aiguë presque immobile que l’on va retrouver au début de la phrase suivante, alors que les autres phrases redescendent rechercher des cadences plus graves en des courbes très mélodieuses
Communion : Primum quærite
Le texte de l’Antienne de Communion du quatorzième dimanche après la Pentecôte n’est pas tiré d’un psaume mais de l’Evangile, et même de l’évangile du jour. Il arrive assez souvent au cours de l’année liturgique que le texte de la Communion soit extrait de l’Evangile du jour, mais dans les dimanches après la Pentecôte, c’est assez rare ; cela ne se produit que deux fois au troisième et au quatorzième, celui d’aujourd’hui. Il s’agit ici d’un texte très connu :
Primum quærite, regnum Dei, et omnia adjicientur vobis, dicit Dominus.
Cherchez d’abord le royaume de Dieu et toutes choses vous seront ajoutées dit le Seigneur.
Le texte de l’Évangile est ici un peu tronqué puisqu’il dit : Cherchez d’abord le royaume de Dieu, et sa justice. La mélodie est également courte et peu développée, ce n’est qu’une petite antienne. Elle est légère et joyeuse, comme il convient à une invitation à nous détacher des biens de ce monde et à tourner nos regards vers le ciel.