Lu sur La Table Ronde :
"[…] Une vraie et authentique dissidence, c’est le refus de collaborer contre la loi naturelle dans le cadre de ses responsabilités, durablement.
Les exemples du siècle dernier ne manquent pas. Gardons-nous d’en
arriver trop vite aux extrémités : si conflit il y a (comptons sur
certains lobbies pour en provoquer), les procédures de sanctions seront
longues et compliquées. De plus, le maire a justement la particularité
d’être investi d’un double statut : officier d’état-civil, certes, mais
aussi élu du peuple. S’il ne dispose pas de l’immunité accordée aux
parlementaires, il reste quand même moins soumis aux pressions
gouvernementales qu’un simple fonctionnaire. La démission est certes
envisageable, mais uniquement en dernier recours. […]Il semble au contraire que cette fronde est absolument nécessaire et féconde, au moins pour quatre raisons :
- Chaque procès, chaque conflit, chaque refus d’un maire de parodier un mariage offre l’opportunité d’une contre-attaque.
Sans doute le débat ne reprendra-t-il pas toujours une ampleur
nationale, mais peut permettre de discuter avec un proche, un collègue,
le personnel de la mairie, des gens peu concernés auparavant. Peut-être
ne seront-ils pas acquis à la cause. Mais au moins, ils n’oublieront pas
qu’il y a une cause.- Ne pas s’habituer au mal s’il est légalisé. C’est une chose
de tolérer un mal en connaissant et en dénonçant sa malice, c’en est une
autre (beaucoup plus grave) que de présenter une vérité abâtardie comme
un progrès dans le vrai (par action ou par omission). Ces escarmouches
montrent qu’il n’y a pas de résignation possible, et empêchent de banaliser une injustice grave.- Il s’agit d’un témoignage. Peut-être d’autres maires sont
opposés à la falsification du mariage (ou bien sont hésitants), mais se
sentent seuls et vulnérables. Ils doivent être raffermis par le courage
de leurs pairs et le soutien du peuple. Du côté des militants, il
s’agit d’actions concrètes à mener pour poursuivre leur engagement sur
le long terme.- Enfin, c’est une manière de maintenir la pression sur le
gouvernement (qui n’a pas que les maires sur le dos) ainsi que sur les
partis d’opposition : comment souhaiter que la droite abroge une loi si
on s’en désintéresse pendant des années ? Ce n’est déjà pas gagné
d’avance… De deux choses l’une : soit « on ne lâche rien » reste
au stade de slogan de manif, soit l’apostrophe se concrétise par une
résistance forte, sur tous les fronts, sans céder le terrain aussi
facilement. […]