Extrait de l'éditorial de Philippe Maxence dans L'Homme Nouveau :
"[…] À sa manière, c’est à un exercice de lucidité que s’est livré l’historien Alain Besançon dans le dernier numéro de la revue Commentaire (n° 160, hiver 2017-2018). Ancien communiste, revenu à la foi catholique, il n’a cessé depuis lors d’étudier ce qu’il avait quitté et de s’inquiéter au sujet de celle qu’il avait rejointe. En 1996, il fit ainsi paraître Trois tentations dans l’Église, un essai percutant qui voulait prendre à bras-le-corps les mirages qui se présentaient à l’Église. Sous le titre Les voies de l’athéisme catholique, il récidive aujourd’hui, le temps d’un article, en décrivant quatre dérives à laquelle l’Église a été sujette après le concile Vatican II. De quoi s’agit-il exactement ? De la destruction de l’art sacré, du « tripatouillage des textes sacrés », (notamment de la suppression dans le bréviaire des psaumes dits imprécatoires), de « la rétention des sacrements » et de l’affadissement liturgique, ce que l’historien appelle « la liturgie en rond ». Derrière une expression parfois un peu lapidaire – mais l’auteur de ces réflexions invite au dialogue et à la critique –, se profile en fait le constat de la perte de la foi, y compris chez des catholiques qui ont fini par adhérer à un humanitarisme bavard, teinté d’un optimisme béat, devenu la seule foi à laquelle ils croient. « À la place de Dieu, écrit Alain Besançon, une idole est offerte à l’adoration, qui porte le nom de Dieu, qui a toutes ses propriétés, mais qui n’est pas Dieu. Il n’est pas à craindre parce qu’il est très gentil. » On pourra certes reprocher à l’auteur de dresser un constat juste – mais quel est le clerc qui oserait s’aventurer aussi loin ? – sans proposer aucune solution. Mais le premier remède ne tient-il pas justement dans cet effort de lucidité auquel aucun d’entre nous ne peut échapper, sauf à se perdre ? […]"