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L'Eglise : L'Eglise en France

Quelle est la différence entre un tas de pierres et une cathédrale ? C’est la même différence qu’entre un amas de cellules et une personne humaine

Quelle est la différence entre un tas de pierres et une cathédrale ? C’est la même différence qu’entre un amas de cellules et une personne humaine

Voici la belle homélie prononcée par Mgr Michel Aupetit, hier lors de la messe chrismale en l’église Saint-Sulpice à Paris :

Notre chère cathédrale est à genoux. Nous savons bien qu’elle est bien autre chose qu’un tas de pierres. Toutes les réactions du monde entier le montrent. Car quelle est la différence entre un tas de pierres et une cathédrale ? C’est la même différence qu’entre un amas de cellules et une personne humaine. Un tas de pierres et un amas de cellules ne sont qu’un amoncellement informe. Dans une cathédrale ou une personne humaine, il y a un principe d’organisation, un principe d’unité, une intelligence créatrice. L’autre chose qui unit la cathédrale et la personne humaine, c’est l’onction qu’elles peuvent recevoir pour manifester une transcendance, une présence divine qui leur confère un caractère sacré.

Notre cathédrale Notre-Dame de Paris a reçu l’onction. En effet lors de son édification, l’autel a été chrismé, enduit de saint chrême. L’autel est le signe de la présence mystérieuse de Dieu, comme celui que Jacob construisit après sa vision des anges qui montent et descendent des cieux. Il appela ce lieu Béthel, qui signifie la maison de Dieu. L’autel, en effet, représente la présence de Dieu. La chrismation que nous faisons sur l’autel signifie la présence du Christ. Voilà pourquoi les prêtres le vénèrent en l’embrassant car c’est sur lui que se réalise le Saint Sacrifice rendu présent à chaque messe et qui sauve les hommes par le don d’amour que le Christ a fait une fois pour toutes sur la croix. C’est ce chemin de Pâques que nous célébrons à chaque Eucharistie : la mort et la Résurrection du Seigneur Jésus.

Les croix de ses murs ont été elles aussi enduites de cette huile sacrée, de cette huile que nous allons maintenant consacrer. Cette cathédrale est habitée par un peuple. Mais elle n’est pas seulement habitée par ceux qui prient ou qui la visitent. Elle est le vaisseau d’une présence. Elle est la maison de Dieu et c’est pourquoi elle est la maison de tous.

Mais nous savons surtout que notre Eglise, ce sont les pierres vivantes qui ont reçu l’onction. Ce peuple de fidèles qui, eux aussi, savent qu’ils sont le vaisseau d’une présence. Saint Paul le rappelle quand il dit aux chrétiens : « C’est vous le Temple de Dieu ».

Nous allons rebâtir la cathédrale. L’émotion mondiale, l’extraordinaire élan de générosité qu’a suscité l’incendie qui l’a en partie détruite, va nous permettre d’envisager son relèvement, nous pourrions parler en ces temps de Pâques de résurrection certaine. Mais il nous faut aussi relever l’Église. Que tous les baptisés qui ont reçu l’onction du Christ, prêtre, prophète et roi, retrouvent la ferveur de leur commencement, revivent de l’extraordinaire grâce qu’ils ont reçue un jour en devenant enfants de Dieu. Il faut aussi que l’onction qu’ils ont reçue à la Confirmation manifeste ce don plénier de l’Esprit-Saint qui est l’expression même de l’amour de Dieu. Elle doit les remplir de joie afin qu’ils construisent autour d’eux la civilisation de l’amour.

Que les prêtres, dont les mains qui touchent le corps et le sang du Seigneur ont été marquées par une onction sacrée, retrouvent le sens profond de cette suite du Christ auquel ils ont donné leur vie pour, comme lui, servir et non pas être servis. Que le seul pouvoir qu’ils possèdent jamais soit celui-là même du Christ qui donne sa vie pour ceux qu’il aime. Je sais, mes frères prêtres, que c’est ce que vous vivez déjà et que c’est cela qui fait votre joie. Et vous, frères diacres, rappelez-nous toujours par votre vie et le don de vous-mêmes dans ce service que nous sommes tous d’humbles serviteurs, en particulier ceux qui ont pour mission de nous guider en étant configurés au Christ Bon Pasteur, c’est-à-dire nous les évêques. Et vous, chers consacrés, soyez les prophètes du monde à venir.

Ensemble, frères et sœurs, avec le don de l’Esprit-Saint qui nous vient du Père par le Fils, nous rebâtirons notre Église. Confions-nous aussi à Notre Dame qui est toujours debout, même au pied de la Croix, où son fils nous l’a confiée et nous a confiés à elle, la Sainte Vierge Marie, la toute belle : Oui, Notre-Dame de Paris, priez pour nous.

Mgr Michel Aupetit,
archevêque de Paris

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4 commentaires

  1. Mgr Aupetit est plus brillant dans cette homélie qu’il ne l’a été au pied de la cathédrale le soir de l’incendie. L’improvisation ne lui réussit pas.

  2. “avec le don de l’Esprit-Saint qui nous vient du Père par le Fils” : on s’attendait plutôt à “du Père ET du Fils”. Mgr Aupetit serait-il orthodoxe ?

  3. Excellente, et on ne peut plus juste, métaphore!

  4. Tout à fait d’accord avec ces commentaires. Soutenons tous notre courageux archevêque!

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