"Rorate Caeli… Cieux, faites pleuvoir votre rosée… Vraisemblablement, l’auteur sacré n’était pas Canadien. Car ici la rosée en plein mois de décembre… ça gèle! Instantanément même.
28 décembre 2017. Il fait presqu’aussi froid dehors que dans l’Église. 26 sous zéro pour être précis. Moins 38 celsius si vous tenez compte du facteur de refroidissement éolien. À cette température, la « parlure » colorée du terroir claironne. On ne dit plus « Il fait froid ». On dit « Il fait frette ». L'oreille le sent bien. C’est bien plus froid encore.
Quelle température fait-il dans l’Église? Qui saurait le dire? Et où trouver un thermomètre suffisamment bien calibré pour en juger alors que les portes ont été laissées grandes ouvertes depuis si longtemps et que le vent glacial s'engouffre toujours plus loin? Le facteur de refroidissement shéolien est ahurissant. Avec les récentes célébrations de la "Réforme", on approche le 0 Calvin. Il fait frette!
Pourtant, j’y suis encore. Transis, certes. Mais toujours là. Certains me luge? Peu m'importe! Malgré les problèmes congères. Je contemple. Je persiste. Je pergélisol.
Cette Rosée du Ciel, prédit avec onction et par temps chaud, est toujours là aussi. Dieu résiste bien au froid. Dans les bras les plus parfaits, Il dort et Se cristallise.
Quelque part dans l’Église, bien assis sur un banc de neige, emmitouflé sous une triple couche de Tradition, portant fièrement mon casque en peau de latin – un héritage – je demeure immobile fasciné par le brulant appel de ce divin glaçon. Né de la poudrerie la plus pure, Il giboulé là, sans bruit. Et moi, intempérie par le monde, je m’échauffe devant Sa Majesté.
De mes lèvres gercées, j’exhale une prière. Aussitôt sublimée.
Petit flocon, et vous Immaculée Blancheur
Voyez nos glissements sans fin et nos visages neigeux
Voyez nos raquettes trop lourdes et nos vallées nivales
Si neige la rosée et que pleuvent tant de larmes
Alors que Perce-neige la couche de nos alarmes.