Extraits du débat hier à l'Assemblée nationale autour de l'amendement sur l'enseignement de la théorie du genre à l'école :
"M. Xavier Breton. Nous abordons
l’article 31 qui est devenu, en quelques semaines, l’un des
articles vedettes de ce projet de loi, malgré les positions du
Gouvernement et de la majorité. Pourquoi ? Parce que cet article 31 indique les objectifs de
la formation primaire. Un amendement adopté en commission des
affaires culturelles a provoqué de vives réactions. Cet
amendement vise à dire que la formation primaire assure les
conditions d’une éducation à l’égalité de genre.Il y a eu beaucoup de réactions, dont une pétition en ligne
qui a recueilli 270 000 signatures et qui s’est appuyée
notamment sur les propos de notre collègue Mme Sommaruga. Je
la cite, si elle le permet. En commission, elle indiquait :
« Avec cet amendement, il s’agit de substituer à des
catégories telles que le sexe ou la différence sexuelle, qui
renvoient à la biologie, le concept de genre, qui montre que
les différences entre les hommes et les femmes ne sont pas
fondées sur la nature, mais sont historiquement construites et
socialement reproduites. » […]Il y a eu un recul au Sénat, puisque nous ne parlons plus de
cette notion de genre, mais d’égalité entre les hommes et les
femmes. C’est un recul appréciable au plan sémantique. […] Il y a eu un recul sémantique mais aussi politique : à la
lumière des débats, la majorité, sentant la pression monter
dans l’opinion, a opéré un recul sur cette notion de genre et
nous nous en félicitons. […]Mme Barbara Pompili. Nous arrivons à
ce fameux amendement n° 180, qui a fait couler déjà beaucoup
d’encre.Je tiens en préambule à signaler qu’en démocratie, on doit
pouvoir débattre de tout [sic ! Y compris de l'avortement ? NDMJ] et utiliser tous les arguments
possibles. […] Je suis
évidemment parfaitement consciente qu’il y a une différence
entre les sexes, et j’en suis d’ailleurs très heureuse. Je
parle simplement du genre, qui est un concept utilisé pour
désigner les différences non biologiques entre les hommes et
les femmes, et, notamment, le comportement attendu en fonction
d’un sexe dans une société donnée, qui est défini par la
société de manière hétéronome sans être aucunement lié à
l’inné ou à ce qui est issu de la nature. On voit donc bien
que c’est totalement différent.On devrait pouvoir s’interroger sur le fait que les enfants
sont programmés très tôt pour être différents parce qu’ils
sont nés filles ou garçons. Les enfants doivent pouvoir
évoquer au sein de l’école ces stéréotypes selon lesquels, par
exemple, une fille doit être meilleure en français qu’en
maths. C’est inscrit très profondément dans notre culture et
les enfants doivent pouvoir s’interroger là-dessus. L’objectif de cet amendement, c’est de demander à tous
d’avoir une réflexion et pas du tout d’entrer dans des
théories fumeuses. […]M. Yves Durand,
rapporteur. […] J’aimerais donc vous convaincre,
madame Pompili de retirer votre amendement, avec la même
exigence de vérité et de respect des consciences qui est la
mienne. S’il n’est pas retiré, j’y serai défavorable. […]M. Vincent Peillon, ministre. […] Nous restons sur la position du Sénat, mais c’est la mission
de l’éducation nationale de lutter, dans l’intérêt même de
notre pays, contre un certain nombre de stéréotypes, y compris
de genre au sens fille-garçon, qui font par exemple que notre
pays a des résultats excellents pour les filles en terminale
et au baccalauréat scientifiques, et en même temps un déficit
en femmes ingénieurs considérable par rapport à nos voisins
européens. […] Nous avons la
responsabilité, dans les orientations, dans le travail
scolaire, de lutter très activement pour l’égalité entre les
filles et les garçons. Ce sera l’une des actions de ce
ministère ; elle est engagée et sera conduite avec résolution. […]
Par ailleurs, Xavier Breton a soutenu un autre amendement sur la place des parents dans léducation de leurs enfants :
M. Xavier Breton. Cet amendement
vise à préciser que la formation primaire « accompagne les
familles » plutôt que d’inscrire dans le texte qu’elle
s’effectue « conjointement avec la famille ». En effet, ce
serait placer la famille au même niveau que l’école alors que
je considère que les parents sont les premiers éducateurs des
enfants. L’école accompagne simplement les familles. Je sais
que la majorité ne partage pas cette opinion et qu’elle n’a
pas voté cet amendement en commission. […]M. Yves Durand,rapporteur. Avis défavorable à un amendement qui
n’a pas été défendu. […]M. Vincent Peillon, ministre. Les rapports
avec les familles sont précisément au cœur de la refondation
de l’école avec l’idée, d’ailleurs enrichie par les
parlementaires de la majorité, de coéducation, c’est-à-dire la
possibilité de mieux associer les parents au travail de
l’école. Il n’est pas question de prééminence mais de
l’ouverture de l’école aux parents. On l’a vu concernant les
langues et sur un certain nombre d’autres sujets, le Sénat
ayant encore enrichi le texte en prévoyant des espaces pour
les parents dans les institutions scolaires : nous avons
besoin d’accompagner les parents les plus éloignés de l’école
pour assurer, comme le montrent les études, la réussite des
élèves. Leur réussite devrait être le point de vue autour
duquel devrait revenir le débat. Je déplore à cet instant que
M. Breton se serve d’un débat sur l’école qui concerne douze
millions d’enfants pour régler des comptes avec une loi déjà
votée par la République. […]
M. Xavier Breton. Monsieur le
ministre, selon vous, les parents sont-ils ou non les premiers
éducateurs des enfants ? Pour nous, c’est oui. On attend votre
réponse. Elle est importante de la part d’un ministre de
l’éducation nationale.Plusieurs députés du groupe SRC. C’est une question
immorale !"