Laurent Wauquiez renonce à être candidat à la présidence LR et explique :
[…] Après trois défaites consécutives à l’élection présidentielle, la droite a perdu ce lien historique qui l’a toujours unie aux Français à travers les époques, les mouvements et les hommes.
Ces défaites viennent de loin. La droite, depuis trop longtemps, n’a eu ni clarté dans les convictions ni courage dans l’action : incapacité à reprendre en main l’insécurité ou l’immigration, pusillanimité dans la lutte contre l’assistanat, errance dans les choix européens et timidité à se saisir des défis de demain comme l’école ou l’environnement. Ce constat est dur, mais il doit être fait : les échecs du passé rendent indispensables de procéder autrement.
On m’a parfois reproché la netteté de mes convictions. Je les ai toujours assumées et je ne les ai jamais reniées. Quand j’ai appelé contre l’assistanat à renouer avec la France qui travaille, défendu les classes moyennes, invité à renouer avec une ambition industrielle en assumant un protectionnisme européen, enjoint de repenser totalement l’Europe, alerté sur les dangers d’une immigration hors de contrôle, quand, dans ma région, je prends des positions fortes sur des sujets aussi divers que la lutte contre le communautarisme à travers le symbole du burkini ou sur la bonne gestion de l’argent public, quand je fais cela, c’est parce que je crois que, pour relever le pays, il faut des caps clairs et des actions déterminées. En Auvergne-Rhône-Alpes, ces résultats ont permis à la droite de sortir renforcée des législatives alors que le RN et le macronisme ont enregistré de mauvais résultats. J’ai toujours pensé que, contrairement à ce que croient trop de politiques, les Français préfèrent le courage et la clarté.
Dans les débats politiques à venir, les Républicains devront faire entendre leurs voix. C’est un travail au quotidien qui suppose d’être dans un combat politique, qui s’égrène au jour le jour. Ce travail, je le connais bien, je l’ai déjà fait, quand c’était ma responsabilité, et j’y prendrai ma part. Je n’oublie rien de ce que je dois à nos militants et à nos élus qui m’ont porté dans toutes les épreuves. Je déteste le reniement et je suis toujours resté fidèle à ma famille politique. La facilité eut sans doute été pour moi d’assurer à nouveau la présidence des Républicains. En politique, dit-on, la tendance la plus naturelle est de prendre les postes quand ils se présentent.
Et pourtant, je sens profondément qu’aujourd’hui reprendre les mêmes chemins qu’il y a cinq ans ne peut être le bon choix. J’ai appris à quel point il était indispensable de se remettre en question pour aller chercher, au fond de soi, un nouveau souffle. Et, dans cette période de crise politique, cette attitude est plus indispensable que jamais. Il faut avoir conscience de l’importance de l’enjeu. Ce dont il est question, c’est moins de sauver un parti que de sauver la France.
Aujourd’hui, après avoir beaucoup réfléchi, j’ai décidé de ne pas être candidat à la présidence des Républicains.
Ce choix, je le fais parce que je crois qu’il faut consacrer toute son énergie à cette refondation à laquelle aspire notre pays. Une telle exigence ne supporte aucune dispersion. Il faut s’y donner totalement ; il faut prendre de la distance avec le combat politicien, parce qu’on n’y trouve plus aujourd’hui aucune réponse, parce que le jeu des petites phrases et des polémiques stériles ne permet plus d’entendre la voix des Français. C’est cette médiocrité qui a mené le pays dans l’état où il est aujourd’hui. Tout ceci nous tire vers le bas. La solution viendra d’une rupture avec ce qu’est devenue la politique.
Pour trouver les réponses, il faut une remise en question bien plus fondatrice ; sinon, les mêmes solutions conduiront aux mêmes échecs. Il faut plus de liberté pour se plonger dans le pays profond, pour comprendre puis agir. L’alternative que nous devons construire doit dépasser les questions d’appareils, travailler avec des personnalités aux parcours différents, frotter sa cervelle avec tous ceux qui voudront aller chercher ce sursaut, d’où qu’ils viennent. Il faut aller chercher des idées neuves, avoir le temps de se préparer. Il faut être créatif, tout revoir, « et dans la tempête et le bruit, la clarté reparaît grandie », trouver ce souffle impétueux qu’aimait Victor Hugo.
J’ai la conviction que c’est le seul chemin qui permettra d’être au rendez-vous du grand choix démocratique de 2027.
Il s’agit, ni plus ni moins, que de construire un changement de même nature que celui de 1958, car le blocage du pays est de même gravité.
Et d’abord réapprendre à voir, à voir et à dire ; arrêter de dissimuler l’état du pays, faute d’avoir le courage de le changer. Cette posture, dont l’affaire du stade de France a été un des ultimes avatars, nous empêche d’agir. Il faut voir et dire pour pouvoir faire.
Faire. De ce point de vue, les Français savent bien ce à quoi ils aspirent : une reconnaissance de ceux qui travaillent, un système de solidarité juste, un pays fier de lui-même et dans lequel les règles sont respectées avec la fermeté nécessaire contre ceux qui les enfreignent, l’arrêt de l’immigration de masse, la possibilité d’un avenir meilleur pour nos enfants, à la fois dans leur destin personnel et dans la préservation de notre environnement. Ils attendent des actes. Comment accepter que ces idées très majoritaires ne soient jamais traduites en actions politiques ? Comme si la politique avait renoncé à faire et, petit à petit, accepté que d’autres décident à sa place : les minorités agissantes face auxquelles on recule, les décisions de justice qui ont plus de poids que les lois, les autorités administratives indépendantes qui tranchent à la place des élus ou encore les instances européennes devant lesquelles, contrairement à l’Allemagne, nous nous soumettons sans défendre nos intérêts. Et que dire de ces dettes abyssales que notre inconscience accumule et qui nous font perdre la maîtrise de notre destin ! Il faut reprendre le goût de nous gouverner nous-mêmes.
Une vision, ensuite. Lincoln parlait de l’au-delà de la colline. En tournant la page d’une politique tristement gestionnaire, notre pays renouera avec une vision. On a voulu nous faire croire que, pour avancer, il fallait renoncer à nous-mêmes, nous débarrasser de la France dans l’Europe, nous débarrasser de notre identité dans le communautarisme, nous débarrasser de nos valeurs dans la déconstruction. Le chemin est tout autre. Cela fait des années qu’on somme les Français de changer pour soi-disant s’adapter à un monde ouvert. La réalité est qu’on n’a rien changé de ce qui nous entravait et qu’on a dégradé tout ce à quoi nous étions attachés. Il faut faire tout l’inverse : se centrer sur les vrais défis du pays pour lui permettre de retrouver son énergie, condition indispensable pour conserver ce que nous aimons en France ; aimer notre pays, ce n’est pas le déconstruire, mais le reconstruire. Nous allons tout remettre à plat, tout rebâtir pour retrouver la confiance dans notre avenir, pour renouer avec la fierté d’appartenir à la France, pour redonner des ailes à notre destin, pour renouer avec le panache.
Rassembler enfin. La responsabilité d’Emmanuel Macron et des extrêmes est ici lourde : leur opposition stérile a ouvert un gouffre dans le pays avec deux France qui ne se comprennent plus. D’un côté, le tenant des élites qui pense que conduire un pays peut se faire sans entendre les aspirations populaires ; de l’autre, un extrémisme qui croit que gérer un pays, c’est flatter les colères et se caler sur ce que dit le peuple, bien pauvre conception de ce qu’attendent les Français de leurs élus. La France s’est déchirée dans cette opposition entre, d’un côté, ceux pour qui tout va bien et, de l’autre, ceux qui sentent qu’ils sont à la fois perdants et méprisés. La France mérite mieux que cet affrontement qui l’épuise. On doit réconcilier les Français : prendre en compte les légitimes aspirations populaires, mais au profit d’une nouvelle ambition collective. Le sujet n’est ni Emmanuel Macron ni Marine le Pen, le sujet c’est l’après. Pour le construire, il faudra unir et non opposer.
Alors oui, je crois profondément que tout dépend de nous et j’ai confiance dans cette capacité que nous avons à écrire ce réveil français. Il y a en nous tous les atouts pour y parvenir : une France qui sait que seul le travail assurera sa prospérité, une France qui n’a jamais été aussi heureuse que quand elle porte haut son identité et ses valeurs. Nous n’avons aucune raison de douter ou d’avoir peur.
Je ne connais pas de plus belle mission que celle de restaurer un espoir quand tout semble condamné. Écouter le pays pour le faire renaître, renouer avec l’aventure française, nous avons cinq ans pour y parvenir.
La voie est libre pour François-Xavier Bellamy.
C.B.
“La voie est libre pour François-Xavier Bellamy.” Il y a visiblement d’autres intéressés.
Laguérie
Laurent Wauquiez, ou comment se flatter de convictions qu’il n’a jamais eues. Ce ” young global leader ” voudrait nous faire croire qu’il va faire dans cinq ans ce qu’il aurait pu faire dès maintenant en rejoignant Zemmour. Mais justement la feuille de route que ses mandants lui ont remise – et le mandat est là impératif – va dans le sens inverse de ce qu’il préconise faussement. Veut-il en 2027 nous rejouer le Macron de 2017 ? Le système ne se défend plus que par le mensonge. Et LW en est. Et si Zemmour a vraiment cru que LW allait le rejoindre, c’est que son analyse reste à parfaire.
Nono75
“La voie est libre pour François-Xavier Bellamy” ? Cette bonne blague… ! Wauquiez parle d’un nouveau 1958 et l’on recruterait pour ça Bellamy ? On porte ou pas De Gaulle dans son coeur mais il avait un minimum de virilité, de charisme, de rhétorique. Si Villiers, Zemmour et Bellamy n’ont jamais percé sérieusement au-delà de l’entre-soi catholique bourgeois bon teint, c’est précisément pour ces raisons.
Gaudete
D’excellentes idées mais il ne faut surtout pas compter sur les LR pour les appliquer vu qu’ils sont à le remorque permanente des gauchiasses et qu’ils ne peuvent lever le petit doigt sans que les autres se mettent à pousser des cris d’orfraies et qu’y a-t-il de commun entre un Wauquiez et valérie la traitresse et tant d’autres qui n’ont comme conviction que la gamelle . Ne parlons pas des “éoliennes” comme Bertrand, lemaire, et autres traitres du même acabit, la soupe est bonne alors la France attendra
LANASPRE
“Nous” plusieurs fois utilisé comme pronom.. En terme de nombre ça représente combien de citoyens à la date de ce post?? Une grosse moitié des LR sont chez Macron en pensant qu’il gere bien leur patrimoine(pour combien de temps) et une autre moitié ont voté MLP pour des pbs de securite essentiellement .. RESTE pas grand monde pour ce projet de reconstruction de la france de LW!
ROY
Le livre courageux de PIO MOA : les mythes de la guerre d’Espagne , enfin traduit en français , décrit une situation comparable dans les années 30 en Espagne , une droite avec de beaux sentiments mais cédant toujours du terrain à la gauche , des ego importants à droite (et à gauche ) rendant l’union impossible , cela devrait servir de leçon avant une catastrophe mais il est certainement vain d’espérer quelque chose de cette droite , dite de gouvernement pour bien montrer qu’elle n’a pas su faire ce qu’elle préconise .