De Loup Mautin à propos des suicides des agriculteurs :
"Nous étions en classe ensemble, Mickaël s’est tiré une balle dans la tête.
Il était un voisin, Jean-Loup a été retrouvé pendu dans un de mes hangars.
Ancien conseiller municipal de la commune, Bernard a mis fin à ses jours dans sa cour… deux jeunes installés voisins morts dans la même semaine à cinq km de la maison. Tous agriculteurs !
Épuisé physiquement, débordé administrativement et désespéré irrémédiablement, un agriculteur met fin à ses jours toutes les 48 heures. Quelles que soient les productions, cette endémie n’a d’équivalent dans aucune autre catégorie socioprofessionnelle. Leur entourage familial et leur insertion dans la vie locale n’y font rien. Les paysans sont de plus en plus seuls… et le chiffre des suicides de plus en plus alarmant.
La nature même de l’activité agricole, dépendante des aléas climatiques et tributaire des contraintes agronomiques locales, en fait un métier à part. Le salarié ordinaire peut faire connaître son mécontentement ou revendiquer ses exigences envers un employeur indélicat par de multiples moyens. C’est même un sport national dans notre beau pays. On ne manifeste ni ne fait grève contre la pluie, la canicule ou le gel. « C’est le travail qui commande ! » ont coutume de répondre ceux à qui on demande leur mode de fonctionnement.
À ces exigences naturelles permanentes et inaltérables s’ajoutent aujourd’hui de nombreuses contraintes artificielles. Celles du législateur et du technocrate qui n’en finissent pas de modifier les textes au gré des tendances fiscales, commerciales et environnementales du moment. Aux cycles naturels lents et longs viennent brutalement s’imposer des règlements applicables immédiatement. L’Union européenne ne s’en prive pas et les États en rajoutent. Or, on ne change pas des façons culturales en un clin d’œil, on ne se lance pas dans une nouvelle production en claquant des doigts. L’agriculture a besoin de visibilité sur le long terme et de temps pour s’adapter.
Quant aux revenus procurés par ce métier que nous avons choisi et que nous aimons, ils sont dérisoires, pour ne pas dire indécents. Qui travaillerait, en 2017, pour 350 € par mois, comme c’est le cas pour 40 % d’entre nous, d’après le dernier recensement de la Mutualité sociale agricole ? Ces chiffres sont à rapprocher des exigences horaires et des contraintes liées aux différentes productions, en particulier celles de l’élevage… en voie de raréfaction, et pour cause. Il ne nous est pas rare de travailler dix heures dans la journée, d’y passer une partie de la nuit, de ne prendre aucunes vacances, c’est notre liberté. Mais nous voudrions pouvoir en vivre !
C’est la raison pour laquelle le poids des charges – naturelles et artificielles – associé aux désillusions du quotidien, face à un lendemain incertain, explique aisément l’angoisse qui, tout d’un coup, altère le raisonnement et fait commettre les gestes que nous avons tous connus autour de nous.
Ils sont des victimes. Que ces lignes leur soient dédiées."
bébert
c’est dramatique
AML
Soutien à 100% à nos agriculteurs dont le sort me préoccupe depuis de nombreuses années !
Mais que pouvons-nous faire pour eux ?
Comment se battre contre les dérives totalitaires de Bruxelles ?
Ce système qui a mis sous perfusion nos agriculteurs par le biais des subventions est pervers et malsain.
Je demande à nouveau : quelle action pouvons-nous avoir pour sauver notre agriculture ?
Citoyen de France
T’as raison, Loup, qui s’en soucie? Loïc.
Irishman
Les communistes n’ont jamais aimé les paysans… Le totalitarisme soft dans lequel nous vivons est une “URSS qui marche”… avec une administration pléthorique et irresponsable, comme en URSS !
Les communistes n’ont jamais aimé les paysans : voyez ce que faisait Guevarra en Bolivie !
Le Forez
Je suis triste pour ces personnes qui meurent parce que l état ne veut plus de paysans , d agriculteurs ; il préfèrent les Monsanto , les ” fermes” industrielles type mille vaches , les grands espaces oû on produit pour la rentabilité , alors on laisse les gens désemparés , on les accable d administratifs inutiles et coercitifs , on les aide à mourir depuis les années 50 avec les sulfates qui les empoisonnent . Mais quand va-t-on passer du constat du malheur à la prise de conscience que l état , l Europe , la mondialisation veut leur suppression, quand allons-nous le comprendre pour enfin réagir ? Quand ? Je pleure ces personnes , qui nous font vivre .
Bernard Mitjavile
La situation dramatique “des paysans”, “des agriculteurs”.. Quand cessera-t-on de mettre dans le même sac le propriétaire d’un château réputé dans le bordelais, le grand céréalier du centre ou du Nord et un éleveur qui lutte pour la survie de son exploitation dans le Massif central. N’oublions-pas que depuis plus de 40ans la PAC à laquelle la FNSEA est tant attachée, verse les 3/4 des subventions européennes au quart le plus riche et en général le plus pollueur des exploitants agricoles.
Doudou
Je suis agriculteur, père de famille nombreuse. Malgré ma pratique religieuse, je pense souvent au suicide qui m’enlèverait d’un coup tous mes soucis. On peut toujours espérer sur la miséricorde infinie de Dieu…
Comment aider les paysan ? C’est très simple. D’une part les aider en achetant leurs produits en circuit court. D’autre part en envoyant vos jeunes les aider pendant les vacances, plutôt que d’aller à la plage. Certes, avec le gros matériel, les paysans se sont enfermés dans un système où il est difficile d’apporter de l’aide. Mais on trouve encore beaucoup de “petites” structures où il y a de la place pour de jeunes bénévoles. Oui, je sais, le bénévolat est désormais interdit. Mais le jeune peut toujours signer une décharge pour signifier qu’il est là pour rendre service et qu’il ne veut aucun argent.
Les paysans sont souvent très isolés et n’ont souvent pas la chance d’avoir une famille (comment pourraient-ils subvenir à ses besoins?). Il faut recréer des liens humains. Les paysans n’ont souvent plus le temps entre eux. Ou ils ont honte de leur situation qui se dégrade.
Pardon d’être un peu long : ce sujet mériterait des pages, des livres, des colloques.
Je voudrait, pour finir, rendre hommage à Jean-Claude, mon meilleur et plus proche voisin qui s’est tué avec son fusil de chasse. C’est son fils de 10 ans qui l’a trouvé mort. On savait qu’il peinait (comme nous tous), mais il n’a pas appelé à l’aide. C’était un garçon extraordinaire, d’une générosité et d’une gentillesse sans borne. Toujours prêt à rendre service, malgré ses ennuis. Jamais je n’oublierai les cris désespérés de sa femme…
Prost
Ce nombre est sous estimé a cause des assurances qui ne versent rien en cas de suicide.
Etienne
1) Du respect et de la considération et non pas de l’humiliation, de l’infantilisme par des mesures administratives et des normes qu’aucu autre pays ne supporte au monde !
2)Des prix mini et décents garantis par l’Etat si le marché est incapable de l’assurer. Cela provoquera peut-être de la part de l’Etat une prise de conscience sur la concurrence déloyale de certains pays qui n’ont pas la même fiscalité, les mêmes charges sociales, la même qualité et qui viennent en concurrence déloyale en France.
3) fin des aides PAC qui n’ont pas de sens et sont déséquilibrées.
Il en va de l’avenir de l’agriculture qui n’attire plus les jeunes.
Bertrand de Lamotte
Un milieu que je connais bien et qui souffre.
Il existe des solutions mais elles passent par la reprise en main de notre avenir au niveau national. Comment accepter que des pommes qui arrivent de l’autre bout du monde et ramassées par des enfants soient mises en concurrence avec nos pommes d’Anjou, du Val de Loire, du Languedoc, etc…
majacquet
Bravo Loup pour ce remarquable billet, triste mais parfaitement réaliste !
Je ne suis pas agriculteur mais j’ai vécu toute ma jeunesse au milieu d’eux et j’aidais régulièrement mes amis et autres agriculteurs dans leurs travaux des champs.
Ainsi je réalisais assez bien combien c’était déjà difficile pour eux à l’époque, tant sur sur le plan de la fatigue que sur le plan financier ….
De nos jours, combien de gamins acceptent de partir l’été pour gagner leur argent de poche ou pour financer leurs études, en plein cagnard du mois de juillet pour castrer le maïs, ramasser les haricots et autres ….?
( Il est vrai, qu’en plus, la réglementation est devenue tellement folle à ce sujet ….)
Cette population de jeunes aurait compris, respecté les agriculteurs, et … peut-être par l’éveil de leur conscience aurait pris leur défense.
Aux lecteurs du Salon Beige :
Si vous voulez vraiment comprendre comment au fil du temps la situation agricole de notre pays en est arrivée à un tel paroxysme, lisez le remarquable ouvrage de Jean-Clair Davesnes :
” L’Agriculture Assassinée ”
Début du tocsin : Le traité de Rome
Amitiés à toi et ta grande tribu Jean-Loup !
Louis LAURANT ( Le Mans )
Esteban80
C’est véritablement l’âme de la France qui fout le camp, ils ne se sont pas trompés ces salauds lorsqu’ils ont trucidé la paysannerie en 14-18 sur les cham …abattoirs de batailles ! Et cent ans plus tard, ce sont les terres fertiles qui sont démolies de façons à rendre le processus irréversible ! Les gouvernants ne sont pas des sots, ils savent exactement ce qu’ils font et où ils veulent en venir. C’est même plus grave encore qu’un “loi Taubira”, parce-qu’elle est révocable, alors qu’une terre fertile bétonnée ne pourra jamais plus RIEN produire !
lève-toi
Il est impératif de rejeter ce gouvernement malsain qui détruit la France à petit feu et remettre un Homme digne comme le fut le Maréchal Pétain qui remit la Paysannerie en honneur : Travail, Famille, Patrie.
Gabriel Garcia-Moreno fut en son temps un Homme immense, persécuté, assassiné mais qui eut le temps de redresser un Pays ruiné par la maffia politicarde , le Pape Pie IX disait : Il y a eut trois grands Hommes politiques : Charlemagne, Saint-Louis et Gabriel Gracia-Moreno. ( Equateur )
Ne désespérons pas mais soutenons nos Paysans par des organisations locales d’achat de leurs produits, payés à un prix juste et utile pour tous, et disons M…. pour les lois criminelles ( moins il y a de Paysans, plus il y a de gens payés pour les emm….