Faisant écho aux déclarations de Joël-Benoît d’Onorio, président de l’Union internationale des juristes catholiques, Pierre-Olivier Arduin nous explique comment, à la demande de Benoît XVI, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a publié le 10 juillet un éclaircissement sur l’avortement provoqué :
"C’est une tribune parue dans l’Osservatore romano du 15 mars dernier signée par Mgr Rino Fisichella, président de l’Académie pontificale pour la vie, qui avait mis le feu aux poudres, déclenchant une vive controverse au sein des organismes catholiques, ecclésiaux ou laïcs, qui se vouent à la protection de la vie de l’enfant à naître. L’avortement médical serait-il légitime dans certaines situations exceptionnelles ? Le texte en question fut en effet interprété et manipulé par plusieurs commentateurs mal intentionnés comme une justification morale du double avortement qu’avait subi à Recife une fillette brésilienne enceinte à l’âge de 9 ans (…)
En effet, afin de jeter le trouble chez les catholiques, les mouvements pro-avortement à travers le monde s’étaient appropriés certains passages de l’article de Mgr Fisichella en les tordant de manière à pervertir ce qu’il est convenu d’appeler la théorie du double effet (…) Ceux qui ont applaudi la décision des médecins brésiliens font ainsi valoir que ces derniers désiraient avant tout sauver la fillette – effet bon voulu – en recourant à l’avortement – effet secondaire malicieux qui ne serait qu’un dégât collatéral inévitable.
Or, « l’avortement direct, voulu comme fin ou moyen, constitue toujours un désordre moral grave, en tant que meurtre délibéré d’un être humain innocent », rappelle la CDF en citant Jean-Paul II (…) Dans la note publiée, le cardinal Levada rétablit avec brio le cadre authentique d’interprétation de l’argument du double effet : « si par exemple pour sauver la vie de la future mère, il faut accomplir d’urgence un acte chirurgical ou une autre application thérapeutique ayant comme conséquence accessoire, en aucune façon voulue mais inévitable, la mort du fœtus, […] l’opération peut être considérée comme licite » (2). Ainsi, même si cela entraîne indirectement la mort de l’enfant à naître, il est légitime de retirer une tumeur utérine qui menacerait la vie de la mère (…) Parce qu’il s’était rangé à leur avis en faisant tout pour sauver les trois vies sans opérer de discrimination entre elles, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a rendu hommage à « la délicatesse pastorale » de l’archevêque de Recife, Mgr Jose Cardoso Sobrinho."