De tous les pays d’Europe orientale ayant vécu sous le joug communiste, l’Albanie est celui où la persécution contre les religions, et particulièrement contre l’Église Catholique, a été la plus violente. Elle a été menée par Enver Hoxha, un dictateur brutal et sanguinaire formé dans des Universités françaises. Il fonda en 1941 le Parti communiste d’Albanie (rebaptisé par la suite Parti du travail d’Albanie) et dirigea la république populaire d’Albanie de 1945 jusqu’à sa mort en 1985. Sous son régime, l’Albanie subit un profond isolement du reste de l’Europe et une adhésion sans concession au stalinisme. Sa dictature est considérée comme l’une des plus répressives et des plus sanglantes de l’histoire contemporaine de l’Europe. L’Albanie fut déclaré le premier État athée du monde en 1967.
Dans ce livre publié en 2001 et qui vient d’être traduit en français, dom Simon Jubani (1927-2011) raconte sa vie et ses vingt-six années passées dans les prisons communistes albanaises. Il fut jeté en prison pour la seule raison d’avoir célébré des baptêmes. Il subit tant d’actes de torture qu’il en perdit toutes ses dents. Son récit fait penser à certains égards à l’Archipel du Goulag d’Alexandre Soljenitsyne, avec la description des bourreaux, de la prison, la promiscuité avec les autres prisonniers, les espions infiltrés à la solde du régime… Peu après sa sortie de prison, il célébra avec héroïsme la première messe publique en Albanie, le 4 novembre 1990, qui préfigura la chute de la dictature l’année suivante.
Dom Simon Jubani montre dans son ouvrage les racines révolutionnaires de la dictature albanaise. Enver Hoxha a étudié d’abord à l’Université de Montpellier, puis à Paris, où il côtoie des communistes français et albanais en exil.
Mais je ne puis pas ne pas m’arrêter à l’origine de ce mal, la révolution bourgeoise en France, où s’enracinent les crimes contre Dieu et contre l’homme qui croit en Lui. Le lecteur se rendra compte lui-même que l’attitude des communistes de toutes couleurs envers la religion, ne fut rien d’autre qu’une mauvaise copie de l’attitude des ennemis de Dieu dans la France révolutionnaire. Mais les communistes albanais ne firent pas cette copie directement sur la France. Ils l’empruntèrent plutôt à leurs amis yougoslaves, qui eux, à leur tour, la photocopièrent de chez leurs grands frères russes. Les Russes l’ont pris directement à la source et s’en sont servis après les corrections nécessaires, selon le goût asiatico-communisto-byzantin.
Lucide sur le mensonge communiste, l’auteur ne l’est pas moins sur l’Occident :
Le monde entier devait jouir du bonheur comme nous. Comme j’aurais aimé que le monde jouisse de ce bonheur ne serait-ce qu’un an, ce monde stupide qu’à présent je connais mieux et de plus près. Car il n’a jamais compris et n’a pas encore appris la leçon de l’Histoire qui lui a été expliquée concrètement sur ce qui s’est passé dans l’immense auditorium de l’Europe de l’Est. C’est une honte pour le monde que nous appelions le monde libre et tenions pour tel, mais qui, en fait, était resté et demeure de nos jours la prostituée de notre époque !
Et après la chute du communisme en 1991, peu de temps après sa première messe publique, Dom Simon Jubani constate que le pays est passé d’un joug à un autre :
Il y a dix ans [le livre est écrit en 2001] nous avions aux mains les menottes fer du communisme. Dix ans après, nous avons toujours les menottes aux mains. Les menottes en fer sont remplacées par celles modernes, cybernétiques, américaines. Notre vieux Continent, est réduit à une situation d’esclavage, il gémit sous le talon des bases militaires américaines, qu’il faut chasser si nous voulons avoir un avenir. Nos Balkans, largement occupés par les mêmes bases, qui se sont construites pendant ces dix dernières années, auront d’autant moins d’avenir. […]
Nous avons un soi-disant Parlement européen chrétien, qui approuve le mariage des homosexuels et des lesbiennes, détruisant ainsi la famille fondée par Dieu depuis le temps d’Adam et d’Eve.
Nous vivons l’époque de l’antichrist, le temps des attentats les plus dangereux contre les valeurs, c’est pourquoi c’est le devoir de chacun d’entre nous de nous opposer à cette perversion organisée par la classe politique.