Suite aux mesures annoncées par Emmanuel Macron, Florence Parly, ministre des Armées, n’a pas exclu de participer à l’effort :
“Tous les ministres sont solidaires au sein d’un gouvernement, nous déciderons de la manière dont ces mesures ont vocation à être financées. Je n’exclus rien, et évidemment je suis parfaitement solidaire des décisions que le gouvernement prendra”.
En janvier, six mois après la démission fracassante du chef d’état-major des armées Pierre de Villiers, le président de la République avait réaffirmé que le budget de la Défense serait bien porté à 2% du PIB d’ici à 2025. La Loi de Programmation Militaire prévoit une augmentation du budget des Armées de 1,7 milliard d’euros par an jusqu’en 2022, puis de 3 milliards à partir de 2023 (à valider par le quinquennat suivant…), l’objectif étant de porter les dépenses militaires à 2% du PIB d’ici 2025.
Déjà, le 3 décembre, Jean-Dominique Merchet s’inquiétait pour le budget des Armées :
Quelle que soit l’issue de la crise (et quel que soit le gouvernement qui sera aux commandes) une chose est claire : la réponse ne pourra être que plus de social à destination des catégories populaires et moyennes. Cela aura un coût, partiellement supporté par le budget de l’Etat, dans un contexte déjà très tendu et alors que la croissance économique n’est pas au rendez-vous. Le tour de passe-passe sur le financement des opex dans le budget 2018 n’est sans doute qu’un petit avant-goût de ce qu’il pourrait advenir.
Le financement des OPEX, alors réparti sur l’ensemble des budgets ministériels, a été raccroché au budget du ministère des Armées, soit autant de manque pour l’équipement des forces.
Le budget du ministère des Armées, qui s’élève à 34,2 milliards d’euros en 2018, prévoit une enveloppe de 650 millions pour financer le surcoût des opérations extérieures [OPEX] et une autre de 100 millions pour les missions intérieures [MISSINT]. Seulement, selon les estimations données cet été par le chef d’état-major des Armées [CEMA], le général François Lecointre, ces montants seront insuffisants pour couvrir le montant total des dépenses liés aux OPEX et aux MISSINT, lesquelles devraient atteindre 1,364 millions d’euros. Reste donc au ministère des Armées à trouver 575 millions, 39 millions devant être apportés par un remboursement des Nations unies.
Comment va réagir le chef d’état-major des armées (CEMA), le général Lecointre ? Lors d’une audition à l’Assemblée nationale, il avait déclaré :
« Avant toute autre chose, je tiens à réaffirmer, devant vous, mon attachement à la solidarité interministérielle. Ce principe vaut pour les annulations de crédits; il doit valoir aussi pour les éventuels surcoûts OPEX et ce d’autant plus que les engagements s’imposent à nous ». « La clause de sauvegarde inscrite en LPM et prévoyant un financement interministériel pour couvrir les surcoûts OPEX au-delà de la provision prévue en LFI 2017, est un mécanisme vertueux : elle évite aux armées d’avoir à supporter les surcoûts des opérations en rognant, par exemple, sur les programmes d’armement, l’entretien programmé des matériels, la condition du personnel ou la préparation de l’avenir ». « Nous sommes l’armée de la Nation et non l’armée du ministère des Armées. La clause de sauvegarde consacre le principe de contribution de la Nation tout entière à l’effort que suppose tout engagement militaire en opération, sous le contrôle du Parlement ».
F. JACQUEL
Ce week-end, à Lyon, j’ai eu l’occasion de discuter avec des militaires de Sentinelle. Je m’étonnais de les voir porter des chaussures disparates n’ayant rien à voir avec les “rangers” (brodequins à jambières attenantes) que j’ai connues en 25 ans de carrière.
Ils m’ont expliqué qu’il n’est plus possible de s’en faire attribuer, et qu’ils sont donc obligés de s’approvisionner, à leurs frais, des chaussures qui ne durent pas 6 mois…
Il est facile de constater l’hétérogénéité des chaussures de nos jeunes militaires.
Je pense que, quand une armée n’est plus en mesure de chausser décemment ses soldats, les carottes ne sont pas loin d’être cuites…
Depuis 40 ans, en dépit de tous les beaux discours, le budget de la Défense sert chaque année de poire pour la soif pour d’autres ministères plus “tendance” (ministère de la ville – ou ses avatars, par exemple).