Interrogé sur Boulevard Voltaire, Mgr Dominique Rey déclare :
"Je ne vois aucun parti politique qui soit en totale adéquation avec la doctrine sociale de l’Église. La Conférence des Evêques de France a dénoncé à plusieurs reprises certaines postures et thèses du Front National. On pourrait aussi relever l’incompatibilité de certaines positions de plusieurs partis politiques par rapport au Magistère de l’Église. Il est donc de notre devoir de nous adresser à toutes les sensibilités politiques sans nous transformer en moralistes pour décerner les bons points et les brevets de respectabilité. L’Église s’adresse à des gens qui ne pensent pas comme elle. Elle croit en la force de la Vérité qu’elle tient du Christ.
Tous les médias utilisent les débats contradictoires pour éclairer l’opinion publique. L’université d’été a choisi cette procédure en permettant à des opinions divergentes de se confronter à partir des points non négociables de la pensée de l’Église que relevait en son temps Benoît XVI : respect de la vie humaine depuis sa conception jusqu’à sa mort naturelle ; protection de la famille « naturelle » ; liberté de conscience et d’expression de sa foi ; accueil du pauvre, de l’étranger et des personnes fragiles ; solidarité entre les hommes et entre les peuples ; valorisation du travail humain, sauvegarde de la planète…
N’était-il pas temps d’inviter à la table des discussions un parti plébiscité par un grand nombre de Français ?
Que l’on soit d’accord ou non avec le Front national, nous ne pouvons que prendre acte qu’il a bénéficié de beaucoup de suffrages de nos concitoyens (près de 40 % dans le Var). L’Église fait le choix d’écouter toutes les personnes, même celles qui ne se rallient pas à ses convictions. Le pape François nous invite à nous ouvrir aux périphéries existentielles. Les périphéries politiques en font partie. À titre personnel, je n’ai aucun problème à recevoir des élus de droite, du centre ou de gauche, d’extrême droite ou d’extrême-gauche et à dialoguer avec elles toutes !
On ne peut réduire l’invitation adressée à Mme Marion Maréchal le Pen à une promotion et à une labellisation du FN, même si certains médias ont voulu nous en convaincre.
Plus l’Église s’ouvre au monde, plus elle est elle-même, mais dans cette ouverture vers l’universel, il nous faut refuser d’être les otages des moralismes mondains et des récupérations médiatiques qui nous enferment dans le politiquement correct et briment la liberté du dialogue. Plus largement, cette polémique questionne la manière dont on pense aujourd’hui le positionnement de l’Église par rapport à la vie politique et par rapport aux médias. Tel était le thème des universités de la Sainte Baume."