Le père Marie-Vianney Juvenel, prêtre de la communauté des frères de Saint Jean et diplômé en philosophie de l’université catholique de Fribourg et de l’université d’Aix-en-Provence, vient de publier un petit ouvrage intitulé Faut-il toujours suivre sa conscience ? Un mal peut-il être un bien ?
La principale raison pour laquelle il est intéressant ou important de réfléchir sur la conscience morale, c’est pour pouvoir mieux l’exercer, en le faisant d’une façon plus lucide. Une mise au point est nécessaire parce qu’aucune époque n’a autant réfléchi sur la conscience morale que l’époque moderne et, pour autant, les repères pour orienter nos actions n’ont jamais paru aussi flous et mouvants. Si l’on accepte de mener sa vie et de décider en conscience‚ il faut aujourd’hui avoir des conceptions justes sur des questions comme : Qu’est-ce que le bien et le mal ? Pourquoi est-on moralement tenu d’agir d’une certaine manière ? D’où vient l’autorité de la conscience ?… C’est à une étude minutieuse de toutes ces notions que se livre ici le père Marie-Vianney. Il nous permet ainsi de découvrir les ressorts de l’action humaine et chrétienne éclairées.
L’auteur souligne notamment que les chrétiens ne sont pas épargnés par la crise de la conscience :
En effet, paradoxalement, un abaissement moral a sans doute été accidentellement favorisé, moyennant cette déconnexion du théologal et du moral, par la mise en avant du primat de la vie théologale et l’appel de tous les baptisés à la sainteté opportunément rappelé par le concile Vatican II ; auparavant l’accent premier, pour la vie chrétienne, étais mis sur le comportement moral et il était évident que le salut exigeait l’observation des commandements.
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Il faut noter qu’aujourd’hui, l’obscurcissement de la conscience se traduit pas la confusion entre, d’une part l’amour et le respect des personnes, le souhait de leur véritable bien, et d’autre part la reconnaissance de la légitimité morale de leurs actes ; on identifie la personne et ses actes. Un exemple caractéristique est celui de l'”homophobie” : ce terme désigne aujourd’hui, dans la confusion, à la fois une condamnation des actes mauvais, et un rejet des personnes. Ceux qui jugent moralement mauvaise l’homosexualité active, sont d’une façon absurde automatiquement accusés de haine envers les personnes qui vivent dans l’homosexualité. La lutte contre l'”homophobie” est ainsi devenue une arme pour imposer la reconnaissance morale de l’homosexualité. Derrière l’accusation de haine se cache l’interdiction de parler selon sa conscience.