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Culture

Réinventer un roman national

Réinventer un roman national

Philippe de Villiers revient avec un nouveau roman historique. Il est interrogé dans Valeurs actuelles. Extraits :

[…] J’ai parlé patois jusqu’à l’âge de 13 ans. Ce fut ma langue maternelle. On m’a fait redoubler ma sixième parce que je n’avais pas la maîtrise de la langue de Molière. Pour moi, le patois, c’était la romance des veillées et des moissons éternelles, celles du sillon de la vie. La fin du patois fut pour moi un choc traumatique. J’ai vécu la fin d’un monde. Et si je vous en parle ainsi, trahi par l’émotion, c’est parce que j’ai l’impression aujourd’hui de vivre en plus grand ce que j’ai vécu en petit. Submergé par le sentiment qu’on s’attaque à la langue française avec l’écriture inclusive et la cancel culture , comme on s’est attaqué à ma langue maternelle. Bientôt, les gens comme moi auront tout perdu de leurs ancrages. J’imagine ce que peut penser un Corse ou un Breton. On a éradiqué, au nom d’un universalisme mortifère, ce qui faisait le sel de la vie. […]

Aujourd’hui, l’histoire est suspectée. Le passé est traqué. On fouille les poches du patrimoine. Ils ont tué tous les héros. L’ancien roman national est mort en Mai 68, atteint par un cocktail Molotov à la Sorbonne. “Cours camarade, le vieux monde est derrière toi. ” Le vieux monde, c’est l’histoire. “Cours camarade, c’est avec toi que tout recommence”, “cours camarade, tu vas tout régénérer”, “cours camarade… sous les pavés, la plage”. En réalité, au nom de la tectonique des plaques, on est entré dans un monde consumériste, hédoniste. On a oublié, ce faisant, pourquoi le roman national a été conçu et pourquoi il a duré. Il a été inventé après la guerre de 1870 par des historiens républicains qui voulaient sauver la République, autour de celui qu’on a appelé “l’instituteur national”, Ernest Lavisse, qui a constaté : « L’ancienne unité est morte, il faut en inventer une nouvelle », c’est-à-dire inventer une nouvelle mise en images allégorique qui soit un fédérateur pour célébrer et faire aimer la France. […]

Le roman national reposait sur une idée simple : si vous trouvez que la légende est plus belle que l’histoire, alors imprimez la légende. En d’autres termes, aux historiens qui viennent me dire : « Ce que vous racontez, c’est de l’histoire légendée… » Je réponds avec Cocteau : « L’histoire, c’est du faux qui s’incarne, la légende, c’est du vrai qui se déforme. » Pourquoi est-il urgent de réinventer un roman national ? Parce que la “Déséducation nationale” fait grandir des plantes d’hébétude qui promènent leurs étourdissements dans l’air du temps. Ce faisant, on accroît la tentation des jeunes Français de papier, qui pourraient être des Français de désir, de se tourner vers d’autres gloires, d’autres bravoures, d’autres modèles, d’autres vies sacrificielles. […]

[N]ous vivons aujourd’hui, simultanément, un génocide et un mémoricide. Un génocide depuis l’extérieur et un mémoricide depuis l’intérieur. Un génocide depuis l’extérieur avec un changement de population. Bientôt, il va nous arriver ce que Chateaubriand avait prédit : « Certaines peuplades de l’Orénoque n’existent plus aujourd’hui ; il n’est resté de leur dialecte qu’une douzaine de mots prononcés dans la cime des arbres par des perroquets redevenus libres. » Un changement de population qui va s’amplifier dans les années qui viennent, avec des djellabas qui vont nous dire : “C’est quoi la France ?” Puis qui vont enchaîner : “La France, c’est nous !” Et, deuxièmement, un mémoricide, avec une désaffiliation à l’intérieur. Si on ne donne plus aux petits Français l’envie d’accéder aux mousquetaires, d’admirer la colombe du baptistère ou de regarder briller le soleil d’Austerlitz qui monte derrière le tableau numérique, les Français de papier resteront étrangers dans leur nouveau pays. La porte des tendresses françaises leur sera fermée. Romain Gary en mourra de chagrin. Si on continue à “halaliser” le livre d’heures, la France obéira au Prophète. C’est l’affaire des trente prochaines années. Population nouvelle, civilisation nouvelle. Voilà les deux enjeux : l’urgence face au génocide, c’est de rétablir le rempart et, face au mémoricide, de retrouver la maison. Aujourd’hui, les Français ne savent plus d’où ils viennent. La France ne sait plus où elle habite. Quand on n’a plus le rempart et qu’on n’a plus la maison, on n’a plus que le balluchon du marchand de quenouilles qui, jeté sur les chemins du monde et du hasard, ne rencontre plus que la petite fille voilée par la Commission de Bruxelles. Et je ne parle pas du wokisme, qui va nous désigner à la vindicte. […]

Nous sommes en voie de colonisation. Nous avons, devant nous, des conquérants et des collabos. Sur notre territoire, il s’agit d’une conquête et d’une soumission qui tourne à la contrition. La conquête, c’est celle de l’immigration et de l’islam. Les choses s’accélèrent. L’esprit conquérant est de plus en plus visible. Je suis très frappé à cet égard par le contraste entre ce qui se passe en Iran et ce qui se passe dans nos écoles. Chez nous, on exhibe désormais, à travers les réseaux sociaux, l’abaya et le qamis, qui sont des marqueurs de l’islam ; l’Europe prône le voile “en signe de diversité souhaitable”. En Iran, le voile est un asservissement. En Europe, c’est un signe d’émancipation. Le prix européen de l’Enseignement innovant prend la figure d’une fillette voilée, avant même l’âge nubile.

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4 commentaires

  1. Et le pire, c’est qu’il n’y a pas de sursaut, pas de révolte. Les moutons vont à l’abattoir non seulement sans résistance mais avec leur consentement.
    Et ce pays extraordinaire qui a donné naissance à tant de grands hommes, ce pays que Joachim du Bellay appelait”France, mère des arts, des armes et des lois”, ce pays de l’honneur, de la bravoure, de la foi, de la douceur de vivre, ce pays qu’on disait la fille aînée de l’Eglise est devenu amorphe, docile, servile, inconsistant. Ses lumières se sont éteintes et son président est la risée de tous.
    Seigneur viens à notre aide, que Notre Dame du Rosaire prenne en pitié ses enfants et leur donne le courage de ne pas accepter le règne satanique de ceux qui veulent se mettre à la place de Dieu et qui ne sont que les fils du diable, qui veulent la fin des Nations, la guerre, le chaos et la fin du christianisme.

  2. Oui mais tout est tellement verrouillé par les suppôts de satan qu’il est difficile de se révolter. En fait la révolte gronde mais en petit comité arrivera-t-elle à s’émanciper et à devenir une véritable révolte? Tout est tellement canalisés par les mierdas il suffit de discuter de ce qui se passe en Ukraine pour voir que le changement sera très long

  3. priorité pour notre salut:
    vomir les poisons révolutionnaires ingurgités à Vatican II – Assise, en mai 68.
    pleins d’ idéologie nihiliste, licrasseuse.
    qui transforment en satyres LGBTQ , qui importent l ‘Islam .qui pourrissent toutes les valeurs naturelles et surnaturelles.
    revenir aux valeurs de Jeanne d’ Arc
    Dieu Premier servi
    bouter les allogènes hors de toute France
    il faudra faire sauter la dictature de la Licra.

  4. Les plus grands responsables en dehors des politiques sont la plupart de nos évêques depuis 1968 qui ont laissé se séculariser ce merveilleux outil de transmission de notre culture chrétienne : l’enseignement diocésain. Il y a eu un vrai problème de recrutement de nos évêques depuis 60 ans. Et ce qui est grave c’est que ceux qui sont en place continue à promouvoir auprès du Saint-Siège, les curés ou vicaires épiscopaux dont la principale caractéristique a été la soumission à leur évêque. Soumis à leurs évêques , ils sont présélectionnés pour être soumis au pouvoir politique. Avons-nous vu plus politiquement correct que le président actuel de la conférence des évêques de France ? Alors qu’il nous faudrait des évêques de feu, en ces temps troublés comme des saint-Irénée, des saint Ambroise, des saint Augustin, des saint Martin …. Mais nous avons des énarques de l’église , des genres de préfets qui ont peur des vagues.

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