Selon Guillaume de Thieulloy dans Les 4 Vérités :
"[…] Mais, surtout, au plan politicien, ce remaniement est un coup de maître, car il ne peut que renforcer le Front national et mettre mal à l’aise l’UMP – ce qui, dans la perspective de 2017, est évidemment une bonne chose pour le PS. La nomination de Najat Vallaud-Belkacem (idéologue de la théorie du genre possédant la nationalité marocaine) au ministère de la prétendue Éducation nationale, ainsi que la nomination du banquier d’affaires Emmanuel Macron, donneront naturellement des arguments au FN. De son côté, l’UMP hésite à se féliciter du « tournant social-libéral » que révélerait la nomination de M. Macron. François Hollande étant toujours dans la perspective d’un deuxième tour face à Marine Le Pen en 2017 ne peut donc y trouver que des avantages.
Seulement, c’est aussi un coup de poker. D’abord, parce que, si Manuel Valls gagne son pari, il y a des chances qu’il soit tenté de se présenter en 2017, ce qui ne ferait pas du tout les affaires de François Hollande. Mais, aussi et surtout, parce que, pour que le pari soit gagné, il faut que les « frondeurs » du PS obtempèrent au diktat de leurs chefs. Or, avec la popularité en berne de l’exécutif et la perspective de nouvelles bérézinas électorales, les députés socialistes seront de moins en moins enclins à soutenir Manuel Valls. Pire, si l’ultra-gauche est capable de s’unir, son candidat pourrait fort bien dépasser celui du PS en 2017. Et, là, nous quittons le jeu politicien pour toucher à l’avenir de la France. François Hollande joue un jeu dangereux, en nourrissant d’un côté la traditionnelle démagogie socialiste, et en interdisant, de l’autre côté, à ceux qui l’ont cru de parler : il ne peut que faire monter un ressentiment d’extrême gauche très fort. Au demeurant, ce ressentiment sera de moins en moins policé. Il suffit de lire ce qui se publiait sur l’internet d’extrême gauche après la nomination d’Emmanuel Macron, et de rapprocher ces critiques des émeutes de Barbès et de Sarcelles pour deviner que l’extrême gauche française revient doucement à sa doctrine d’avant l’affaire Dreyfus contre le « capitalisme apatride » et la « banque juive ». On peut se réjouir que l’équivoque de l’antifascisme, sur laquelle la gauche française a prospéré depuis les années 1930, s’achève, mais il n’est pas certain que tous les observateurs soient tout à fait prêts à ce radical changement de politique…
En attendant, il existe un risque plus immédiat. Le discours de Manuel Valls à La Rochelle l’a d’ailleurs montré clairement. Puisque le Premier ministre souhaite mener une politique dite « sociale-libérale », sa seule possibilité pour tenir sa majorité est de donner des gages à gauche sur les sujets non économiques. C’est-à-dire que les lois « sociétales » vont proliférer ; que la prétendue « Éducation nationale » sera, plus que jamais, une machine de propagande socialiste ; que les libertés, déjà fort réduites, vont encore reculer (notamment sans doute sur internet) ; que les attaques contre l’identité française vont s’accentuer… Il y a donc tout lieu de craindre que le gouvernement Valls II soit pire que les précédents."