Lettre d’un lecteur, assortie de remarques de bon sens :
Chers évêques, chers prêtres,
A vous qui avez toute notre reconnaissance de nous donner l’accès aux Sacrements, j’ose adresser la supplique d’un simple fidèle qui souffre comme beaucoup de ne plus pouvoir recevoir la Sainte Communion dans la bouche. En effet, avec la « crise sanitaire », beaucoup de célébrants nous imposent désormais la Communion dans la main alors que nous sommes nombreux à ne pas comprendre les fondements et la légitimité de cette obligation. Car il y a au moins deux raisons qui la contredisent : un constat purement pratique et l’analyse sanitaire de bon sens qui en découle.
Un constat très concret tout-d’abord, dont chacun pourra aisément faire l’expérience, célébrant comme communiant : autant il est rare qu’un célébrant touche les lèvres du communiant lors d’une Communion dans la bouche, autant il est très fréquent qu’il touche les mains de ceux qui communient ainsi.
Etant amené à donner la Communion car notre prêtre âgé n’y arrive plus, j’en ai fait souvent le constat et j’y vois deux explications très pratiques, corroborées par des prêtres : d’une part, lors de la Communion dans la bouche, le communiant est statique et c’est le célébrant qui fait seul le geste, le maitrisant ainsi beaucoup mieux que lors de la Communion dans la main où 2 gestes se rencontrent, générant souvent des maladresses et des contacts involontaires ; d’autre part, le geste du communiant, souvent maladroit et très divers (à 2 mains, à une seule, les doigts en pince, etc …), conduit souvent le célébrant à s’assurer que l’hostie consacrée ne risque pas de tomber, en la déposant vraiment dans la main, en contact avec celle-ci.
Il y a donc un contact beaucoup plus fréquent par les mains que par la bouche.
A ce constat s’applique des considérations sanitaires désormais admises.
D’un côté, tous les épidémiologistes s’accordent à dire que les mains sont parmi les principaux vecteurs de ce genre d’épidémie, notamment par contact avec les muqueuses du nez et des yeux : cela signifie que les mains sont très susceptibles de contaminer ou d’être contaminées par tout ce qu’elles touchent, et d’être un vecteur d’entrée du virus par contact avec le nez et les yeux (on se touche 3 000 fois le visage par jour, selon l’ARS).
A l’inverse, d’après les mêmes épidémiologistes, si la bouche de quelqu’un de contaminé peut transmettre à d’autres le virus par la salive, il apparait peu probable qu’elle soit une porte d’entrée de la maladie chez quelqu’un de sain, notamment du fait que la salive possède des propriétés antiseptiques.
Associé au constat précédent sur les modes de Communion, il en ressort la synthèse suivante, de simple bon sens :
- La Communion dans la main présente une fréquence très significative de contact célébrant/communiant suivi d’un vrai risque de contamination des mains vers les muqueuses du nez et des yeux ;
- La Communion dans la bouche limite fortement les contacts célébrant/communiant et présente un faible risque de contamination par la bouche.
Et à cette synthèse à vue humaine, ne devrait-on pas ajouter le regard de la Foi : si l’on croit vraiment à la Présence réelle, peut-on réellement craindre que la Communion au Corps du Christ puisse être vecteur de maladie et de mort ?! A Lourdes, ne propose-t-on pas aux fidèles de faire un acte de Foi en se baignant dans les piscines dont l’eau a vu passer des dizaines de malades avant vous ? Pourtant, aussi potentiellement miraculeuse que soit cette eau, sa dimension salvatrice est évidemment sans commune mesure avec le Corps de notre Sauveur.
Quoi qu’il en soit, dès lors qu’il est n’est pas démontré que la Communion dans la main soit sanitairement plus prudente, loin s’en faut, ne serait-il pas charitable et respectueux de la relation personnelle que chaque croyant entretien avec son Créateur, de laisser chacun choisir la manière dont il souhaite communier ? C’est en tout cas l’analyse qui a été retenue par plusieurs autorités de l’Eglise, par exemple la Conférence des Evêques des Etats-Unis qui maintient la Communion dans la bouche en « considérant que le risque n’est pas plus élevé que dans la main ». En France, dans un certain nombre d’églises, des aménagements ont été pris en ce sens en proposant par exemple aux fidèles de communier en dernier ou de suivre une file réservée.
Mais il existe encore tant de lieux où cette Communion dans la bouche reste interdite !
Chers évêques, chers prêtres, avec tant d’autres autour de moi, je vous adresse donc cette supplique : portez un regard bienveillant sur notre demande et rétablissez-nous la possibilité de communier dans la bouche, car cette privation nous blesse et nous parait profondément injuste !
Et vous, chers frères et sœurs dans la Foi, n’hésitez-pas à exprimer cette profonde aspiration à vos clercs, avec respect et charité, car beaucoup n’en ont pas suffisamment conscience ou ne se sont pas interrogés sur sa légitimité : « demandez et vous recevrez » ?
D’autant qu’à laisser s’installer ce type de mesures sanitaires infondées, il y a fort à craindre de les retrouver à chaque épidémie …
En union de prière pour notre Eglise de France et son clergé.
Ceux qui comprennent l’italien pourront lire avec intérêt cet entretien donné par Mgr Christophe J. Kruijen, prêtre du diocèse de Metz, donné à La Nuova Bussola ou son article (déjà diffusé) publié dans Sedes Sapientiae. Dans l’entretien, il déclare notamment :
Tout d’abord, du point de vue de la santé, les mains sont globalement plus «sales» que la bouche. En fait, l’étiquette sur le pot de gel hydroalcoolique qui se trouve devant moi commence par ces mots: «La plupart des maladies infectieuses se transmettent par les mains». Deuxièmement, le risque sanitaire «nul» n’existe pas. S’il reste une possibilité d’infection par la communion dans la bouche, cela s’applique également à la communion dans la main. Il n’y a pas de consensus scientifique sur le fait de savoir quelle est la manière la plus «sûre» d’administrer la communion. En effet, dans mon article sur la question, je cite divers médecins qui pensent que la communion dans la main est moins «sûre» que celle sur la langue. Enfin, du point de vue empirique, je connais des endroits où la Sainte Communion a continué à être donnée aux fidèles en bouche pendant plusieurs mois, sans que cela n’ait causé de problèmes particuliers d’infection. En revanche, je n’ai pas connaissance de preuves historiques d’infections suite à cette pratique.