Lu dans Monde & Vie :
"Ancien ministre des Affaires sociales dans le gouvernement de Pierre Bérégovoy, René Teulade présida de 1974 à 1992 la Mutuelle Retraite de la Fonction publique (MRFP), puis en devint président d’honneur. A partir de 1992 au moins, il en profita pour s’adjuger de très confortables avantages à travers le Complément de retraite de la fonction publique (CREF), géré par la mutuelle : 45000 euros d’indemnités diverses, l’usage d’une carte bancaire de la mutuelle, une voiture et un logement de fonction. Cet appartement attenant au siège du PS, rue de Solférino, représentait à lui seul un avantage évalué à 225000 francs en 2007. Les sept autres administrateurs du fonds prirent modèle sur l’ancien ministre. Quant aux 450 000 fonctionnaires cotisant au CREF, ils virent leur complément retraite fondre comme neige au soleil. En 1999, un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) dénonça ces pratiques, auxquelles s’ajoutait, pour faire bonne mesure, une affaire d’emploi fictif. D’abord tenu secret, ce rapport finit par sortir et d’anciens adhérents de la mutuelle se portèrent partie civile. L’Etat fut condamné le premier, en 2006, 2010 et en mai 2011, pour n’avoir pas contrôlé les conditions de gestion du CREF. Il devra indemniser quelque 5000 adhérents de la MRFP, pour un montant de 56 millions d’euros au minimum, qu’il reviendra en fin de compte au contribuable de payer. Quant à René Teulade et ses comparses, condamnés pour abus de confiance, ils s’en tirent avec des peines presque symboliques : 18 mois de prison avec sursis et 5000 euros d’amende pour l’ancien ministre, qui fait appel ; de 8 à 10 mois avec sursis et 1500 euros d’amende pour les autres administrateurs. A ce niveau, la malhonnêteté est un investissement des plus rentables. Reste que Teulade n’est pas seulement ancien ministre : sénateur-maire d’Argentat, il est aussi vice-président du Conseil général de Corrèze, présidé par son ami François Hollande, dont Teulade fut le suppléant à l’Assemblée nationale en 1997-2002. Voilà une amitié bien gênante pour l’ancien Premier secrétaire du PS, avant la primaire socialiste."