De Jeanne Smits dans Présent :
"Le respect de la vie et le rôle de la famille dans la société sont les grands absents de la campagne présidentielle, même si l’avortement et la politique familiale, voire la natalité, sont redevenus des sujets.
Pour l’« IVG », c’est criant. Les candidats majeurs ne l’abordent que du point de vue technique et financier, avec à la clef un peu plus d’avortements, plus faciles d’accès, ou un peu moins – selon que sera élu tel ou telle – mais sans jamais toucher à l’idée qu’il s’agit d’un « droit » des femmes. Ce qui maintient le débat dans le domaine purement idéologique, au mépris de la réalité charnelle qu’il est tabou de rappeler : l’avortement tue un être humain existant et innocent, qui n’a pas demandé à vivre, et que l’on supprime comme un gêneur.
François Hollande s’est montré le plus extrémiste, et capable du plus grand pouvoir de nuisance vu que le Sénat, à gauche, n’exercerait plus sous sa présidence de contre-pouvoir. Il a souhaité lors de la Journée de la Femme, il y a huit jours, « que tous les établissements hospitaliers (publics) de notre pays puissent être dotés d’un centre IVG », parce que c’est « un acte lourd », et que « l’IVG soit remboursée à 100 % ». […] Un projet qui ne sera pas sans conséquence sur le droit à l’objection des médecins, puisque aucun service de gynécologie-obstétrique en hôpital public ne pourrait échapper au « devoir de tuer ».
Ses propos montrent une « méconnaissance du sujet », a rétorqué Nathalie Kosciusko-Morizet : aujourd’hui la moitié des avortements ne se font plus à l’hôpital, mais par voie médicamenteuse, remboursés à 70 % ; l’Etat prend en charge 80 % du coût des « IVG » chirurgicales » ; les mutuelles font le reste (sauf Fidelis-Santé, qu’on se le dise !). Les personnes disposant de la couverture maladie universelle voient leurs avortements remboursés à 100 %, ainsi que les mineures « sans consentement parental » : « Aujourd’hui, c’est cela qui compte », a-t-elle dit. Hélas… Avec Nicolas Sarkozy, rien ne changera sur ce plan, mais il n’est pas non plus prévu d’aggravation de la situation. Une promesse faite le 8 mars 2010 par Roseline Bachelot de « revaloriser », « dans les prochaines semaines », en moyenne l’acte d’avortement de 50 % pour pousser davantage de praticiens et d’établissements à le proposer, pour un coût évalué à 27 millions d’euros annuels, est restée lettre morte. Et le secrétariat d’Etat à la Santé a fait officiellement savoir la semaine dernière qu’aucune augmentation du forfait n’est prévue. […]
Marine Le Pen continue de défendre avec des explications diverses sa volonté de dérembourser l’avortement, qui ne figure pourtant plus dans son programme. Elle ne le fera, insistait-elle encore à l’occasion de la Journée de la Femme, que si les contraintes budgétaires l’exigent. […]
A l’occasion de la Journée de la Femme, il a été question de la conciliation du travail et de la vie de famille. François Hollande veut augmenter le nombre des crèches, Marine Le Pen se présente carrément comme « la présidente des crèches pour tous ». Son site met en exergue son projet de « loi SRU » obligeant un minimum légal de crèches dans toutes les communes de plus de 3 500 habitants… Et, comme Hollande, elle déplore la baisse de scolarisation des… moins de 3 ans sous l’ère Sarkozy, avec un objectif de scolarisation d’un tiers des enfants de 2 ans d’ici à 2017. Les allocations familiales revalorisées qu’elle promet, ainsi qu’un choix de revenu parental, ne compensent pas l’aberration de ce projet. Pauvres enfants !
On voit bien que Marine Le Pen cherche à coller à l’air du temps. Ce qui l’a conduite aussi à proposer de mettre trois femmes sur les billets du franc qu’elle rétablira : Jeanne d’Arc, Camille Claudel et… Olympe de Gouges, féministe et révolutionnaire. Il n’est pas sûr que l’électeur moyen comprenne assez le message pour en être séduit."