Xavier Lemoine, maire (UMP-PCD) de Montfermeil (Seine-Saint-Denis), écrit dans Valeurs actuelles :
"Les parcours de ceux qui ont perpétré les assassinats du mois de janvier ont ranimé la question des quartiers sensibles et de la politique de la ville. Deux expressions prononcées par Manuel Valls méritent quelques commentaires : nous assisterions à une forme d’« apartheid » et, en réponse à ce constat, il faudrait mettre en oeuvre « une politique de peuplement ». Employer le mot “apartheid” est très grave. C’est affirmer que la France a mené une politique active de discrimination à l’encontre de populations étrangères et même françaises d’origine étrangère. C’est donc désigner un bourreau, le pays d’accueil, mais plus précisément les Français, ceux tout au moins qui sont encore attachés à une certaine idée de la France… Ayant mal agi, ils devront réparer. Mais s’il y a un bourreau, il y a des victimes, que leur qualité de victime exonère de toute responsabilité. Bien plus, une victime peut exiger réparation. Ainsi est enclenchée la mécanique de culpabilisation des Français et de victimisation des étrangers accueillis sur le territoire national et de leur descendance.
[…] Je crains qu’il ne soit trop tard et que le remède proposé ne soit pire que le mal. Les bascules démographiques et culturelles intervenant sur notre pays sont d’une telle ampleur qu’il est illusoire d’imaginer apporter un correctif à cette situation au moyen des seules attributions à venir de logements. Le maintien de flux migratoires massifs dans un contexte de chômage de masse nous prive des vertus intégratrices que pourrait avoir encore le travail. […]
Chacun a l’intuition que la solution ne passe plus par des mesures techniques, mais que l’on touche là à l’identité profonde de notre pays. Peut-être faut-il aller plus loin encore que cette première question du “Qui sommes-nous ? ” et aller jusqu’à “Que devons-nous être ? ”. Ce n’est plus tant la question de l’identité qui se pose que la question de la vocation de notre pays. Plutôt que d’assister à la compétition des identités, ferment de divisions et d’anarchie, c’est autour de cette vocation que pourront s’assembler, s’agréger, s’unir, se féconder, toutes nos identités, tous nos talents et tous nos charismes. C’est à ce niveau qu’il convient désormais de situer les enjeux et les réponses à donner. Le reste est vain."